Situation droits de l’homme en RDC : Sama Lukonde et Lisa Peterson ont évoqué la question.
La sous-secrétaire américaine aux droits de l’homme, Lisa Peterson, est en RDC. En matière de justice, le bilan du président Tshisekedi ne fait pas l’unanimité.
La visite, en République démocratique du Congo, de Lisa Peterson intervient dans un contexte où la situation du pays reste mitigée en matière de respect des droits humains. Pourtant, en accédant au pouvoir il y a deux ans, le président Félix Tshisekedi a promis lors de sa campagne, d’oeuvrer à un meilleur respect des droits de l’homme.
Mais alors que la sous-secrétaire américaine chargée des droits de l’homme séjourne dans le pays, la controverse persiste sur cette question.
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Yannel Umba, un jeune de Lubumbashi, se dit déçu par une « justice à deux vitesses ». Selon lui, l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS, parti de Félix Tshisekedi) peut ainsi organiser des manifestations publiques alors que les autres se voient refuser le droit de manifester.
« C’est très décevant parce que par rapport aux manifestations publiques, quand c’est le camp adverse au président de la République, là on voit la répression. Mais quand c’est le camp du président, toutes les mesures barrières (liées à la pandémie de Covid-19, ndlr) sont foulées au pied mais il n’y a aucune poursuite. En tout cas, moi aujourd’hui je ne dirais pas qu’il y a quelque chose qui ait changé parce que tant que la justice n’est pas juste c’est que l’impunité continue. L’impunité est toujours en faveur des uns ou des autres », regrette Yannel Umba.
Des Congolais optimistes
Cependant, Albert Mbaya, un autre jeune Lushois, constate qu’il y a bien des choses qui se sont améliorées. « Il y a quand même une petite évolution même si on ne peut pas parler d’une évolution à part entière. Aujourd’hui, prenons par exemple l’angle de la liberté d’expression. Vous allez vous rendre compte, même pour ce qui concerne les journalistes, qu’on peut émettre des critiques sans être trop inquiété. Il y a également plus de respect des droits de l’homme en ce qui concerne les arrestations arbitraires. Il y a également des agences nationales de sécurité aujourd’hui qui savent mieux se comporter par rapport à avant », justifie-t-il.
La RDC peut mieux faire
Des avancées oui, mais il y a aussi beaucoup à améliorer pense Grégoire Mulamba, membre du Centre des droits de l’homme et des droits humanitaires.
« Il y a des aspects où nous constatons qu’il y a quand même des avancées. Par exemple, à l’époque, il y avait des cachots privés, des arrestations arbitraires… C’est-à-dire à un certain moment l’ANR (Agence nationale des renseignements) jouait le rôle d’un tribunal. A l’époque nous avions dénoncé les milices privées des partis politiques mais c’est hélas ce que nous revivons aujourd’hui avec nos amis de l’UDPS (parti au pouvoir). Leurs milices arrêtent aussi des gens. Des avancées sur le plan judiciaire, je peux dire oui… mais il y a des domaines où il faut quand même fournir des efforts pour parler d’avancement. Oui, l’impunité continue puisque quand on arrête un militant de l’UDPS, il est relâché le soir même. C’est comme s’il y avait une vengeance maintenant : hier ils nous ont maltraités, aujourd’hui nous avons le pouvoir, nous pouvons aussi les maltraiter », s’insurge ce Congolais.
La sous-secrétaire américaine Lisa Peterson est arrivée en RDC lundi 14 juin 2021 (14.06.2021) pour le premier dialogue bilatéral sur les droits de l’homme entre les États-Unis et la RDC.
Par Patrick Kasonde (dw.com)