Les Congolais se sont souvenus, mardi 24 novembre 2020, de la date de prise de pouvoir politique par le haut commandement de l’Armée nationale dirigé par le lieutenant général Joseph-Désiré Mobutu à Kinshasa, capitale de la RDC.
Tout commence à 5 heures du matin du 24 novembre 1965. Le capitaine Michel Lonoh, l’un des officiers de l’armée nationale qui seront connus sous le vocable de « compagnons de la révolution » lit une déclaration de prise de pouvoir sur la Radio-Léopoldville : « Le lieutenant-général Joseph-Désiré Mobutu assumera les prérogatives constitutionnelles de Chef de l’Etat. L’armée met fin à la course au pouvoir des politiciens ».
Peu avant, il avait démis le Président Joseph Kasa-Vubu du pouvoir et déchargé Evariste Kimba de ses fonctions de formateur du gouvernement.
Cinq heures après, le Président Mobutu entouré des membres du Haut commandement de l’armée notamment le général Bobozo, les colonels Masiala, Mulamba, Nzoïgba, Tshiatshi, Monyango, Singa, Basuku, Malila, Tukuzu ainsi que le major Wabali et le lieutenant Ilosono, anime une conférence de presse. Dans l’après-midi, il convoque les sénateurs et les députés en Congrès national au Palais de la nation qui approuvent le coup d’Etat par acclamation.
Dans la soirée, il s’adresse aux soldats. « Je compte sur vous. Je suis Président de la République pour cinq ans. Je resterai militaire comme vous. Je porterai mon uniforme et recevrai mon traitement du quartier général » leur dit-il.
30.000 personnes au stade Roi Baudouin
Quelques jours après sa prise du pouvoir, le Président Mobutu prononce un discours devant 30.000 personnes au stade Roi Baudouin, l’actuel stade Tata Raphaël qui sera suivi de plusieurs événements notamment le concert de la Garde républicaine, le carrousel des motocyclistes de l’escorte présidentielle et la démonstration de close-combat exécutée par des parachutistes.
Le Président Mobutu était habillé en chemise de parachutiste, col ouvert avec à ses cotés les ministres debout pour suivre le discours du nouveau Chef de l’Etat.
Dans son discours, il pointera du doigt le ras le bol des Congolais suite aux incessants conflits entre hommes politiques, l’inertie administrative, la corruption et la « politicaillerie ».
«Le Congo d’aujourd’hui caractérisé par la misère, la faim et les malheurs sera transformé en pays riche et prospère» dira Joseph-Désiré Mobutu qui appellera alors les Congolais à « retrousser les manches ».
Le tout nouveau Président de la République intimera l’ordre à tous les officiers supérieurs et généraux, le même 24 novembre 1965, de rester dans sa résidence du camp Tshatshi. Avant minuit du même jour, tous les militaires qui assuraient la garde chez Joseph Kasa-Vubu seront retirés discrètement, et remplacés par des « militaires sûrs ».
Vers minuit, le major Wabali coupera la ligne téléphonique de la résidence de Président déchu, l’isolant ainsi du monde. Au même moment, deux Belges entreront en scène : le journaliste Pierre Davister de l’hebdomadaire « Spécial », et le conseiller militaire de Mobutu, le colonel Marliere pour rédiger la proclamation de la prise de pouvoir par le Haut commandement de l’Armée nationale et la lettre de destitution de Joseph Kasa-Vubu.
«Il manquait de discipline chez nos hommes politiques. Pendant cinq ans, nous allons l’instaurer dans tous les domaines à savoir, politique, économique et financier », soutiendra le Président Joseph-Désiré Mobutu devant la presse belge pour justifier sa prise du pouvoir du 24 novembre 1965.
Par ACP Chronique de Régis N’Kabu)