Le 13 août 2004, des hommes armés investissaient le camp de réfugiés de Gatumba, à l’ouest du Burundi, près de la frontière congolaise. Une attaque attribuée au mouvement de la rébellion hutu des Forces nationales de libération du Burundi. Elle avait fait 150 morts parmi les réfugiés banyamulenge, des Tutsis congolais originaires de la province du Sud-Kivu en RDC, qui avaient fui la guerre civile.
Képi sur la tête, masque sur le visage, Emile Mutware regarde dans son téléphone les images des événements du 13 août 2004 à Gatumba. « Je ressens la douleur. C’est vraiment triste quand on voit les images, quand on voit nos frères massacrés, quand on se rappelle de nos collègues avec qui nous avons joué ensemble au football, qui ne sont plus là aujourd’hui, et que dix-sept ans après, rien n’a été fait par la justice ni par les autorités compétentes pour rendre justice aux victimes. J’ai perdu mes amis, mes collègues d’auditoire, mon oncle maternel… »
Dix-sept ans après ce massacre, c’est toujours un sentiment d’injustice qui domine. Pour le président de la mutualité « Shikama » des Banyamulenge, Jean-Scohier Muhamiriza, si des violences se poursuivent aujourd’hui dans l’est de la RDC, c’est parce qu’il y en a eu tant d’autres qui n’ont jamais été jugées. Il espère que l’État de droit prôné par le président Félix Tshisekedi pourra s’investir dans le dossier Gatumba resté sans suite.
« On a tenté par tous les moyens de porter l’affaire devant les institutions internationales, rappelleJean-Scohier Muhamiriza. Elles nous diront que ce n’est pas l’affaire des individus, c’est l’affaire des gouvernements. Donc c’est au gouvernement congolais de prendre l’affaire en mains et de traquer les génocidaires et de les traduire en justice. Au moment où je vous parle, il y a une guerre terrible dans les hauts plateaux, dirigée par certains officiers de l’armée congolaise. Que ces officiers soient arrêtés et traduits en justice. Nous sommes catégoriques sur ce plan-là. »
La 17e commémoration du massacre de Gatumba était aussi l’occasion pour les participants réunis à Bukavu ce vendredi 13 août 2021 de condamner la recrudescence de l’insécurité dans la partie sud de la province du Sud-Kivu.
Avec l’envoyé spécial de RFI à Bukavu, William Basimiké