Les présidents Yoweri Museveni (Ouganda) Joao Lourenco (Angola), Paul Kagame (Rwanda) et Antoine Felix Tshisekedi (RDC), après leur sommet vendredi 21 février 2020 à Gatuna (Rwanda).
Annoncé en pompes par la Présidence congolaise, ses organes de presse et de communication, ainsi que les médias congolais, le mini-sommet des chefs d’Etat de la région des Grands-Lacs qui devait réunir ce week-end (11-12 septembre 2020) à l’Hôtel Serena de Goma, les présidents Yoweri Museveni de l’Ouganda, Paul Kagame du Rwanda, Evariste Ndayishimiye du Burundi, João Lourenço de l’Angola et Felix Antoine Tshisekedi de la RDC, n’a pas eu lieu.
Les présidents burundais et ougandais ont posé un lapin à leur homologue congolais. Le président angolais ne s’est pas non plus annoncé à Goma.
Voici les éléments de notre analyse des raisons de ce fiasco annoncé :
1/ Le Burundi et l’Ouganda estiment que la ville de Goma est sous contrôle militaire direct de Kagame et indirect des milices à sa solde. Rappelons-nous les propos de James Kabarebe qui déclarait en toute décontraction que le Rwanda maitrise chaque centimètre carré de l’Est de la RDC, tout en précisant qu’il « connaît très bien la situation du Kivu et tout le monde là bas… ».
2/ Le Burundi est en guerre larvée avec le Rwanda et l’Ouganda est en grave crise diplomatique et sécuritaire avec le Rwanda.
3/ Dans la note verbale du Ministre Burundais des Affaires étrangères adressée à son homologue Congolais, on lit que le Burundi souhaiterait d’abord traiter les questions sécuritaires aux frontières communes avec la RDC avant d’impliquer les autres Etats voisins.
4/ Selon nos sources, l’Ouganda aurait évoqué le même souhait en plus des problèmes de sécurisation de sa délégation, en plus d’estimer que c’est le Rwanda qui constitue le problème de la sous-région.
5/ Vraisemblablement, des rencontres préparatoires bilatérales approfondies initiées par la diplomatie congolaise n’ont pas été bien réalisées en amont pour rencontrer les desiratas des différentes parties prenantes à ce mini sommet. De même, les émissaires congolais n’ont pas obtenu des confirmations formelles des hautes autorités ougandaises et burundaises relatives à leur présence à Goma qui exigeaient également d’autres réglages minutieux et drastiques d’ordre sécuritaire. Cela ne semble pas avoir été accompli, selon nos sources sécuritaires congolaises locales.
6/ Choisir un cadre de rencontre sécuritairement favorable au Rwanda est une erreur d’appréciation stratégique et un indice apparent d’incompétence et d’inconsistance des conseillers/collaborateurs du Président Tshisekedi. Ces derniers n’ont pas compris que le choix d’un cadre de négociations reste très déterminant en diplomatie pour la réussite d’un sommet.
7/ La présidence congolaise et sa pléthore de services de communication et de presse aurait dû adopter un profil bas (stratégique) plutôt que de se lancer aveuglément dans l’effet d’annonce en pompes d’un sommet où tout se jouait sur le fil du rasoir vu les méfiances réciproques des différentes parties prenantes à ce mini-sommets
La diplomatie est aussi un art qui consiste à anticiper et à prévenir les ruptures stratégiques, notamment par une fine analyse rigoureuse des enjeux géopolitiques de chaque protagoniste à un conflit où l’improvisation n’a pas sa place.
Par Jean-Jacques Wondo.