Une coulée de lave a atteint la lisière de la ville de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), après l’éruption soudaine samedi 22 mai 2021 soir du volcan Nyiragongo surplombant la ville, provoquant la fuite en masse et dans la panique des habitants. Mais, la situation semblerait à présent en voie de stabilisation.
« Outre la coulée de lave vers le Nord-Est (Kibumba/Rwanda), une autre coulée descend aussi sur la ville », a constaté dans la nuit un responsable du parc national des Virunga, où est situé le volcan. Cette seconde coulée « a maintenant atteint l’aéroport et, en toute logique, elle va descendre vers le lac » Kivu, selon lui.
L’aéroport est situé en périphérie nord-est de la ville, qui s’étend entre la frontière rwandaise et les rives du lac. La situation restait confuse en pleine nuit et des habitants sur place affirmaient que la coulée s’est arrêtée en lisière de l’aéroport.
La précédente éruption majeure du Nyiragongo remonte au 17 janvier 2002. Elle avait causé la mort de plus de cent personnes, couvrant de lave quasiment toute la partie est de Goma, y compris la moitié de la piste de l’aéroport. La lave s’était alors lentement écoulée vers la ville, qu’elle avait coupée en deux pour se déverser dans le lac Kivu.about:blank
Dans la nuit de samedi à dimanche, d’impressionnantes images diffusées sur les réseaux sociaux, mais non vérifiées de source indépendante, montraient des habitations en feu, lentement avalées puis englouties par la lave rougeoyante en fusion, dans la périphérie nord-est de Goma, notamment dans le quartier de Buhene.
« Cette coulée passe sur le tracé de la coulée de 2002 », a également estimé devant la presse un responsable de l’Observatoire de volcanologie de Goma, Mahinda Kasereka. La poursuite de son avancée dans la ville pourrait dépendre des niveaux de lave et de pression dans le cratère du volcan.
Le Président Tshisekedi de retour d’Europe dimanche
L’éruption a débuté en début de soirée. Des lueurs rougeoyantes ont commencé à s’échapper du cratère et une odeur de soufre s’est répandue dans Goma, située sur le flanc Sud du volcan, sur les rives du lac Kivu.
Cette soudaine activité volcanique a aussitôt provoqué l’inquiétude des populations, familières des colères du volcan, même si aucune coulée de lave n’était immédiatement visible de la ville, ni tremblement de terre ressenti.
Dans un message aux populations, le gouverneur militaire de la province du Nord-Kivu, le général constant Ndima, a alors « confirmé l’éruption du volcan ». Suivi rapidement par le gouvernement qui, après une réunion de crise à Kinshasa, a ordonné « l’évacuation » de la ville.
Le président congolais Félix Tshisekedi a, par ailleurs, annoncé avoir « décidé d’interrompre son séjour en Europe pour rentrer dès ce dimanche au pays afin de superviser la coordination des secours aux populations des zones menacées » par l’éruption.
De nombreux habitants réfugiés au Rwanda
L’électricité a été coupée dans une grande partie de la ville et des milliers d’habitants ont pris la direction, à pied, à moto ou en voiture, de la frontière rwandaise toute proche. Dans la nuit, des milliers de personnes avaient trouvé refuge au Rwanda, dans la ville frontière de Rubavu (anciennement Gisenyi), a constaté un vidéaste de l’AFP côté rwandais.
Capitale régionale du Nord-Kivu, Goma compte près de 600.000 habitants, dans une province troublée où sévissent de nombreux groupes armés.
Située dans la province du Nord-Kivu, voisine de l’Ouganda, la région de Goma est une zone d’intense activité volcanique, avec six volcans, dont le Nyiragongo et le Nyamuragira qui culminent respectivement à 3.470 et 3.058 mètres.
L’éruption la plus meurtrière du Nyiragongo, en 1977, avait fait plus de 600 morts.
Une des caractéristiques de ces deux volcans sont les « éruptions douces », relativement fréquentes, des flux de lave s’écoulant par les flancs. Ce fut le cas au moment de l’éruption de janvier 2002.
Dans un rapport daté du 10 mai 2021, l’Observatoire volcanologique de Goma appelait à la « vigilance », alors que « l’activité séismo-volcanique au niveau du Nyiragongo » avait « augmenté », méritant « une attention particulière de surveillance ».
Par La Libre Afrique/AFP