Le rôle joué par Joseph Kasa-Vubu, le tout premier Président de la RD Congo, dans le processus de l’indépendance de ce pays, a été au centre de la conférence animée, samedi 12 décembre 2020 dans salle Saint Alphonse à Mbanza-Ngungu, par le député national Simon Floribert Mbatshi Batshia, dans le cadre d’une matinée politique organisée sous le thème « l’apport politique des Bakongo dans le processus de l’indépendance de la RDC ».
Élu de la circonscription de Lukula, Simon Floribert Mbatshi a commencé son exposé par l’historique de Joseph Kasa-Vubu et plusieurs autres leaders qui ont lutté pour l’indépendance de ce pays, partant de la création du parti Alliance des Bakongo (ABAKO) jusqu’à la mort politique de Joseph Kasa-Vubu en 1965 et physique en 1969.
L’élu du peuple a évoqué plusieurs agressions morales et physiques dont ont été victimes les leaders Kongo dans leur combat de libération, soulignant que le premier Président de la RDC s’était démarqué en sachant réconcilier le temporel et le spirituel car, a-t-il noté, pour ce héros national, l’être humain prévalait plus que le pouvoir et les biens matériels qu’il considérait comme passagers.
Le premier Président de la RDC a été longtemps oublié par la mauvaise foi de certaines autorités du pays pendant qu’il mérite logiquement le titre de père de l’indépendance, a déploré Simon Floribert Mbatshi qui a toutefois retenu qu’il a été reconnu et honoré sous le règne de l’ancien Président Joseph Kabila Kabange et du Président actuel Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Il s’est dit satisfait de l’attention portée à ses conférences partout où il les a tenues, notamment à Kasangulu et à Kisantu.
Cette conférence a connu la présence de quelques personnalités politico-administratives et du secteur judiciaire, des députés et sénateurs, des membres de comité local de sécurité, des notables, des corps académiques, des associations et Ongs de Mbanza-Ngungu.
La matinée politique relative à cette conférence a été organisée par l’Asbl la Synergie des jeunes vigilants pour la démocratie et la bonne gouvernance de la Province du Kongo Central.
EN LIBRAIRIE : KASA-VUBU, PREMIER PRÉSIDENT DU CONGO INDÉPENDANT
À l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance du Congo, Justine Kasa-Vubu, 69 ans, a publié son troisième ouvrage consacré à son père, le premier Président du Congo indépendant.
Né en 1917, Joseph Kasa-Vubu étudie au petit puis au grand séminaires. Marié en 1942, il devient fonctionnaire, avant d’accéder, en 1954, à la tête de l’Abako, association culturelle de l’ethnie kongo. Elu en 1957 bourgmestre de Dendale – une des communes de Kinshasa, rebaptisée Kasa-Vubu – il exige, l’année suivante, “l’indépendance immédiate” de la colonie belge, ce qui lui vaudra dix jours de suspension de salaire et la reconnaissance, par son ethnie, d’un statut de “roi” des Kongos.
En 1959, écrit sa fille, c’est lui qui demandera une Table ronde avec les autorités belges pour discuter de l’indépendance, afin d’engager “la totalité du peuple belge”. Le 24 juin 1960, il est élu Président par le parlement congolais, face à Jean Bolikango. En désaccord avec Patrice Lumumba, son Premier ministre qui a gagné les législatives, Kasa-Vubu est mis de côté par Mobutu en septembre 1960, tandis que Lumumba est placé sous surveillance; il sera assassiné en janvier 1961. Kasa-Vubu sera renversé par le colonel Mobutu en novembre 1965, à cinq mois des élections. Après quatre ans d’avanies infligées par le dictateur, il meurt d’un mal non précisé, en 1969, faute d’accès à un hôpital universitaire.
L’ouvrage de Justine Kasa-Vubu ravira les fans de son père, probablement moins les autres lecteurs en raison de son caractère hagiographique.
L’auteur publie une abondante moisson de lettres écrites ou reçues par Joseph Kasa-Vubu écolier ou jeune homme, sans discriminer entre celles qui ont un intérêt et les autres; malheureusement, il y en a nettement moins touchant aux affaires politiques.
De même, rien n’est jamais de la faute des Kasa-Vubu. Quand le père du futur Président est soumis à une ordalie sur accusation d’adultère, c’est en réalité par “jalousie”. Quand Joseph Kasa-Vubu est renvoyé du grand séminaire parce qu’il n’a pas la vocation, selon les abbés, c’est en réalité, affirme l’auteur, parce qu’ils ne peuvent répondre à ses questionnements. Quand, en 1958, le militant indépendantiste n’obtient pas le droit de voyager à Accra pour voir Nkwame Nkrumah parce qu’il n’a pas de certificat de vaccination, c’est en réalité, écrit sa fille, parce que le colonisateur juge Kasa-Vubu moins “malléable” que Patrice Lumumba qui, lui, ira à Accra. Selon l’auteur, en octobre 1965 Kasa-Vubu rencontrera enfin le père de l’indépendance ghanéenne, qui désavouera à cette occasion l’attitude de Lumumba pour encenser celle du premier Président congolais.
A côté des lettres de Joseph Kasa-Vubu figurent des textes parfois imprimés dans le même caractère italique que ses courriers, qui prétendent indiquer ce que pense le héros du livre mais sans indiquer de source; on peut supposer qu’il s’agit de récits familiaux mais la crédibilité de l’ouvrage gagnerait à ne pas mêler documents et reconstitutions.
“Kasa-Vubu, biographie d’une indépendance”, par Justine M’Poyo Kasa-Vubu.
Par ACP/Marie-France Cros