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RDC : le président Tshisekedi termine son tour de piste poliique

Ce devrait être la fin. Le rideau aurait dû se baisser définitivement sur les consultations nationales lancées le 2 novembre 2020 par le président Félix Tshisekedi.

Le président congolais, s’éloignant de plus en plus de son allié initial Joseph Kabila avait annoncé le 23 octobre 2020 son intention de mettre fin à une coalition qui, selon lui, bloquait le fonctionnement du pays.

Depuis lors, évitant d’aller au clash frontal, il a gagné du temps, recevant durant près d’un mois les principaux acteurs politiques et sociaux du pays, dont des généraux à la retraite et d’éminents acteurs de la société civile comme le Docteur Mukwege qui, lui, aborda des questions concrètes et désintéressées comme la nécessité de mettre fin à l’impunité et d’améliorer les conditions sociales des Congolais.

Très vite, il est apparu que le chef de l’État cherchait à mettre sur pied une « Union sacrée » afin de contourner la majorité représentée par la plate forme FCC (Front commun pour le Congo) qui compte 300 députés à l’Assemblée.

Cependant, cette plateforme s’est révélée plus solide que prévu et les débauchages plus difficiles.

Cette semaine encore, la présidente de l’Assemblée, Jeanine Mabunda, deuxième personnage de l’État est sortie victorieuse d’une tentative de déboulonnage, le député Puela ayant été mis en échec par le Conseil d’Etat. Ce qui démontre, au minimum, que les institutions congolaises sont plus solides qu’il n’y paraît…

A quelques heures de la fin de l’exercice de consultation le président devait recevoir ses anciens alliés, une délégation de la plate forme « kabiliste » Front Commun pour le Congo, ce dernier soulignant cependant qu’il ne s’agissait pas d’une « consultation politique » mais d’un « dialogue », ce qui laisse entendre que le partenariat initial n’est pas brisé.

Il est probable que la diplomatie a joué son rôle : si l‘ambassadeur des États-Unis ne cesse d’exiger que l’ex-président Kabila soit totalement mis sur la touche, les Européens, ayant financé les observateurs électoraux et sachant mieux que personne dans quelles circonstances Tshisekedi est arrivé au pouvoir, auront vraisemblablement plaidé pour la modération et le réalisme.

A ce stade en effet, la dissolution de l’Assemblée nationale se révèle impossible, de même que la convocation d’élections législatives, d’autant plus que la Commission électorale n’a pas de nouveau président, que son bureau est démissionnaire et que les fonds (500 millions de dollars…) sont loin d’être réunis.

Quant à la création d’une nouvelle majorité, qui serait obtenue par le débauchage d’un certain nombre de députés jusqu’ici fidèles à Kabila, elle se heurte à des obstacles majeurs, comme le fait que les transfuges éventuels devraient obligatoirement renoncer à leur mandat !

Faut-il dire que la manœuvre consistant à renier la parole donnée et à faire basculer le pays dans une crise inutile affaiblirait la stature morale du chef de l’État mais aussi sa crédibilité internationale alors qu’en janvier prochain, il doit accéder à la présidence de l’Union africaine.

Et cela alors que son allié et ancien directeur de cabinet Vital Kamerhe, condamné à vingt ans de prison pour détournement de fonds, a quitté le centre pénitentiaire de Makala pour le centre Nganda et se trouve dans un état grave, toutes ses demandes de transfert sanitaire à l’étranger ayant été repoussées.

Avec ses anciens alliés, M. Tshisekedi espère sans doute élargir son champ de manœuvre.

Mais deux ans après son accession au pouvoir, le Congo se révèle à nouveau instable : les tueries reprennent dans l’Ituri, l’aviation angolaise démontre sa force en survolant Kinshasa, les dépassements budgétaires sont sept fois supérieurs aux montants prévus.

Et au Congo, nul n’a oublié que les changements de pouvoir aux États-Unis coïncident souvent avec des bouleversements politiques en Afrique centrale.

Par Colette Braeckman

Oscar BISIMWA

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