Le président Félix Tshisekedi poursuit sa visite dans l’est de la RD Congo. Après Goma, il est arrivé à Beni ce mardi. Il vient évaluer les mesures liées à l’état de siège décrété depuis le 6 mai 2021 dans deux provinces de l’est du pays, l’Ituri et le Nord-Kivu, dont Beni est le chef-lieu, en proie aux violences des groupes armés. Malgré l’instauration de l’état de siège, la situation sur place n’évolue pas. Mais le déplacement du chef de l’État suscite beaucoup d’espoir ddan la population locale.
Un dispositif sécuritaire impressionnant a été déployé à l’aéroport de Beni à l’occasion de l’arrivée de Félix Tshisekedi. Des unités au sol appuyées notamment par des hélicoptères ont assuré la sécurité du président de la République dans cette zone marquée depuis longtemps par l’activisme des combattants ADF. Son long cortège a été salué pendant tout le parcours par les habitants de la ville qui espèrent que la présence du chef de l’État apportera des réponses concrètes aux récentes violences à Beni.
« Les assassinats ciblés, des arrestations arbitraires, les cambriolages, les vols à mains armées, la ville est secouée par cette insécurité caractérisée par cette criminalité accrue », explique Kizito Bin Hangue, président de la société civile de la ville.
« Nous avons toujours demandé que le chef de l’État puisse nous rencontrer, nous voir […] Nous pensons qu’avec lui, nous allons évaluer toutes les opérations qu’il a menées, qu’il a lancées pour définir notre stratégie qui pourrait permettre que l’armée soit à la hauteur de sa mission […] Nous voulons que le chef de l’État puisse palper du doigt toutes ces difficultés de la population […] Au niveau de Beni, depuis que l’état de siège est décrété, on n’a pas encore vu, on n’a pas encore senti l’impact, les résultats de cet état de siège »,
a expliqué Kizito Bin Hangue.
Les membres de la communauté musulmane de Beni sont parmi ceux qui attendent le plus de cette visite. La communauté a perdu deux de ses dirigeants et prédicateurs au mois de mai, tous deux tués par balles en pleine ville.
« Ce que les ADF font ici n’est pas l’islam. Nous demandons au chef de l’État de poursuivre sa mission de mettre fin à l’insécurité qui sévit dans la région », plaide Abdoulaziz Basayi, secrétaire de la Communauté islamique du Congo, à Beni.
Dans la région, cette visite du chef de l’État est perçue comme une occasion de donner un nouvel élan à la lutte contre les diverses formes violences qui sévissent depuis plusieurs années.
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En dépit de l’état de siège, de nouvelles violences ont été enregistrées ces dernières semaines, particulièrement dans le territoire de Rwenzori. L’une des attaques contre les civils dans cette région remonte à il y a trois semaines. Au moins quatre personnes ont été tuées dans la localité de Kylia. La situation est aussi imprévisible sur la route Beni-Kasindi. Le tronçon compris entre le pont Semluki et la localité de Bulongo reste dangereuse.
L’armée focalise ses efforts à ce niveau. Selon certains officiers des FARDC, l’intention des combattants de l’ADF serait de couper la ville de Beni de tout approvisionnement en vivres et en carburant à partir de l’Ouganda via Kasindi. Cela dans le but de soulever la population contre les nouvelles autorités. L’armée s’est davantage déployée dans la zone où des embuscades sont parfois tendues contre les véhicules transportant des marchandises. Des patrouilles de liaison et de combat y sont organisées.
L’autre point chaud dans la région reste l’ouest de la cité de Oïcha. L’armée accusent des miliciens Maï-Maï d’apporter un soutien aux combattants de l’ADF.
Avec Patient Ligodi (Envoyé spécial de RFI à Beni)