Le Président de la République et président en exercice de l’Union africaine, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo séjourne depuis samedi 8 mai 2021 à Khartoum, au Soudan, pour une mission d’État.
Selon des sources diplomatiques, le Soudan est la première étape de sa mission qui l’amènera en Egypte et en Ethiopie, trois pays en conflit depuis dix ans autour de la construction du Grand barrage de la renaissance éthiopienne sur le fleuve Nil, afin d’enclencher «une nouvelle dynamique » pour parvenir à une solution «gagnant-gagnant» et, par-delà, satisfaisante pour toutes les parties concernées.
Il sied de rappeler que la Conférence ministérielle de Kinshasa sur «La poursuite des négociations tripartites entre l’Egypte, l’Ethiopie et le Soudan sur le Grand barrage éthiopien de la Renaissance», tenue du 4 au 6 avril 2021, a marqué un pas vers une entente mutuelle entre les pays riverains du Nil, pour avoir réussi à réunir les trois pays en conflit.
Cette réunion a permis au Chef de l’Etat ainsi qu’aux participants à déblayer le terrain, à mieux cerner et comprendre les préoccupations et appréhensions des uns et des autres afin d’envisager dans les prochains rounds de surmonter ces obstacles.
En effet, en marge de cette conférence, le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi, en sa qualité de président en exercice de l’Union africaine et initiateur de cette rencontre, a pu échanger tour à tour avec, notamment les délégués de la République Arabe d’Egypte, de la République Fédérale Démocratique d’Ethiopie et de la République du Soudan, et recueillir la position de chacun sur ce dossier et mieux appréhender la quintessence du problème.
Il a discuté précisément avec notamment le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Choukry, le vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères d’Éthiopie, Demeke Mekonnen, la ministre soudanaise des Affaires étrangères, Mariam Al-Sadiq Al-Mahdi et le ministre soudanais de l’Irrigation et des Ressources en eau, Yasir Abbas.
Le Président Félix Tshisekedi en a aussi discuté avec le Nigérian Bankole Adeoye, commissaire Affaires politiques, paix et sécurité de l’Union africaine qui a représenté le président de la Commission de l’Union africaine, M. Moussa Faki Mahamat.
Il ressort de ces contacts ainsi que d’autres qu’il a eus avec les dirigeants et les délégations de ces trois pays à Kinshasa, que tous souhaitent parvenir rapidement à un accord consensuel sur ce dossier et manifestent la volonté de chercher ensemble des solutions africaines aux problèmes africains.
À l’arrêt depuis plusieurs mois, les négociations entre les trois pays concernant la réalisation de ce barrage, ont connu une avancée significative, avec l’implication directe de l’Union africaine et précisément du Président Félix Tshisekedi, président en exercice de l’UA dont le pays fait également partie des onze pays du Bassin du Nil et qui, depuis la région des Grands-lacs, fournit aussi une bonne partie des eaux du Nil.
Le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi, rappelle-t-on, s’est montré très actif sur la question depuis qu’il était vice-président de l’Union africaine. Il en a discuté à plusieurs reprises avec les dirigeants égyptiens et éthiopiens.
Pour l’Ethiopie, pays longtemps touché par la famine, ce projet est synonyme d’un essor économique. À la fin de sa construction, le barrage, de plus de 170 mètres de hauteur, possédera un réservoir ayant une capacité de 75 milliards de mètres cubes d’eau, faisant de lui le plus grand barrage d’Afrique.
Pour elle, ce barrage sur le Nil est essentiel pour son développement économique, alors que l’Egypte, dont l’irrigation et l’eau potable dépendent à 90% du Nil, le considère comme une menace vitale.
Le Soudan et l’Égypte, situés en aval du Nil, considèrent le barrage comme une menace « existentielle ».
Attendu pour fin 2022, le futur plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique, construit sur le Nil bleu, disposera d’une capacité de production de 6.000 mégawatts, pour un investissement estimé à près de 5 milliards de dollars.
Le barrage est construit dans le nord-ouest de l’Éthiopie, près de la frontière avec le Soudan, sur le Nil bleu, un bras du fleuve qui fait la jonction avec le Nil blanc, plus au nord à Karthoum avant de poursuivre son cours vers l’Égypte.
Par ACP