À mi-mandat, le président Félix Tshisekedi a déjà clairement la prochaine élection présidentielle en ligne de mire.
Arrivé au pouvoir en 2019 avec l’étiquette « pieds et poings liés », le président Félix Tshisekedi partait avec un handicap évident. Il ne détenait pas le contrôle de l’appareil sécuritaire et ne disposait de la majorité ni au sein du Parlement ni au sein du gouvernement. Il n’avait pas non plus la main sur les assemblées provinciales… Autrement dit, à Kinshasa et dans les chancelleries, on ne donnait pas cher de son avenir politique.
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Deux ans après son investiture, il est parvenu à retourner la situation de manière spectaculaire en écartant Joseph Kabila, son prédécesseur et encombrant allié, et en prenant le contrôle de l’essentiel des institutions via sa nouvelle coalition, l’Union sacrée. Mais cette victoire, arrachée au terme d’une véritable guerre des tranchées, ne lui garantit pas un second mandat.
Pour être réélu en 2023, le président va en effet devoir faire des avancées sur le front social et sur le front sécuritaire, en particulier dans l’Est.
Renforts
Aidé de son nouveau gouvernement, dirigé par Sama Lukonde Kyenge, et du désormais célèbre inspecteur général des finances, Jules Alingete, Félix Tshisekedi s’est engagé dans la lutte contre la fraude et la corruption. Si l’on en juge par les chiffres qu’ont avancés les régies financières, cette stratégie est pour l’instant sur la bonne voie. Le gouvernement tente aussi, depuis plusieurs mois, de faire baisser les prix des produits de première nécessité et celui des billets d’avion – avec un succès jusque-là mitigé.
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Sur le plan sécuritaire, le chef de l’État a, depuis le mois de mai, décrété l’état de siège dans deux des provinces le plus touchées par les violences armées : le Nord-Kivu et l’Ituri. Trois mois plus tard, difficile de dire si la mesure produit réellement des résultats. Les avis sur la question sont partagés. Malgré la récente purge d’officiers jugés corrompus (une grande première) et les succès que l’armée revendique sur le terrain, la société civile demande plus, surtout aux regard des nombreux massacres qui continuent d’être recensés.
Les forces armées pourront en revanche compter sur des renforts. Des troupes kényanes ont récemment posé le pied dans l’Est, tandis que des marines américains ont effectué un premier repérage. Des soldats népalais et sud-africains sont annoncés pour bientôt. Tout cela permettra-t-il à Félix Tshisekedi de marquer des points, sur le terrain et dans l’opinion, d’ici aux scrutins de 2023 ? Le temps nous le dira.
Par Kash (Jeune Afrique)
Caricaturiste, bédéiste installé à Kinshasa.