
À ce jour, seuls quelques travaux d’infrastructures ont été exécutés dans certaines villes de RDC comme Kinshasa et Lubumbashi. L’ONG Afrewatch, qui vient de publier un rapport sur le méga-contrat chinois, estime que les réalisations ne sont pas encore à la hauteur des promesses.
Assis sur une banquette, non loin du marché de la Kenya à Lubumbashi, Georges Nkulu, transporteur routier, supervise le chargement de son camion de vingt tonnes. Il doit acheminer du sucre, du sel, du ciment, du savon, des boissons sucrées dans les localités du centre de la région du Katanga.
La route Luambo – Mitwaba – Manono, longue de près de 600 km qu’il emprunte est en pleine réhabilitation. Commencés il y a 6 ans, les travaux n’ont permis de rénover que 171 km en terre. C’est pourtant l’un des projets financés par le programme sino-congolais. « Les Chinois réhabilitent la route, mais les travaux pourraient encore durer quatre ans. Actuellement, nous roulons sans trop de peine jusqu’à la localité de Kyolo. Mais de là jusqu’à Manono, il y a 100 kilomètres de route impraticables. Nous déchargeons la marchandise à Kyolo. Certains commerçants prennent la voie fluviale jusqu’à Manono, d’autres continuent la route à moto », explique le routier.
Des résultats loin des objectifs visés
À côté de lui, Lwembo Wa Nsenga un autre transporteur renchérit. « De Lubumbashi à Kyolo, c’est 566 kilomètres. Nous mettons deux jours de route. Mais dépasser Kyolo, la route est en mauvais état. Si vous vous y engagez avec votre camion, tous les amortisseurs se cassent. »
La construction et la réhabilitation des infrastructures amorcées en RDC en 2014 grâce au programme sino-congolais ont suscité beaucoup d’espoir sur le développement du pays.
Mais 11 ans après, Éric Lubangu, assistant à l’université de Lubumbashi, estime qu’on est loin de l’objectif visé. « Ici à Lubumbashi, il y a l’avenue Kasa Vubu qui avait été réhabilitée, mais elle vient encore d’être retouchée, ce qui montre qu’elle n’avait pas été bien construite. Les travaux sur la route Mokambo n’ont pas été achevés tel que promis. Ce qui nous fait dire que les routes n’ont pas bénéficié des financements attendus. »
La crainte d’un surendettement
Pourtant, le volet infrastructures du programme sino-congolais a déjà valu à la RDC un prêt de plus de 2,8 milliards de dollars, selon le rapport de l’ONG Afrewatch, publié récemment.
Me Emmanuel Umpula craint un surendettement de la RDC, car le pays n’a pu rembourser qu’environ un quart du prêt. « Jusqu’à fin 2017, le Congo n’a remboursé à travers l’entreprise minière Sicomines qu’un peu plus de 83,7 millions de dollars. La cause est que la Sicomines n’a pas généré assez de revenus pour permettre à la RDC de rembourser sa dette. En trois ans, elle n’a produit que 95 000 tonnes de cuivre alors que les prévisions étaient de 800 000 tonnes », dit-il.
Pour sa part, le directeur adjoint du programme sino-congolais a une vision plus optimiste du contrat. Selon lui, jusqu’à l’an dernier, 982 millions des dollars ont été affectés aux infrastructures réparties dans 43 contrats conclus sur toute l’étendue de la RDC.
De la correspondante de RFI à Lubumbashi, Denise Maheho