Le gouvernement a évalué à environ 16 milliards de francs congolais, soit 8 millions USD, un premier besoin humanitaire pour couvrir les besoins en alimentation urgents et en médicaments, a indiqué le Premier ministre Jean-Michel Sama Lukonde, au cours d’une interview qu’il a accordée lundi 7 juin 2021 à RFI, à l’issue d’une visite de trois jours à Goma, touchée le 22 mai juin 2021 par une éruption du volcan Nyiragongo.
«Plus ou moins 8 millions de dollars. Et cela, c’est pour couvrir les besoins en alimentation urgents, c’est pour couvrir les besoins en médicaments et c’est sans compter l’appui des humanitaires qui vient, notamment avec le PAM et l’Unicef, et aussi le CICR», a-t-il dit, ajoutant que d’autres évaluations doivent maintenant se faire pour la reconstruction de plus ou moins 3.000 familles qui ont perdu leurs abris.
«Et là-dessus, nous travaillons avec le génie civil pour avoir des dernières évaluations. Et nous allons continuer ce travail jusqu’à ce que cette crise, qui a commencé, trouve sa fin», a-t-il insisté.
Selon le Premier ministre, cette évaluation a été faite en coordination avec les humanitaires, notamment le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha), l’agence des services humanitaires des Nations unies, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), le Programme alimentaire mondial (PAM), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (Unicef) et tant d’autres…
Pour le Premier ministre, à peu près la moitié de ce montant a déjà été décaissé du côté du gouvernement. Mais le plus grand besoin, a-t-il ajouté, est du côté de l’aménagement du territoire.
«Je crois que le plus grand besoin, ce n’est pas ce que nous faisons maintenant de manière urgente, mais le plus grand besoin va se faire dans la redéfinition de l’aménagement du territoire de la ville de Goma. Et c’est là que nous devrons le plus nous concentrer, parce qu’il faut prévenir l’avenir, il faut préserver des vies », a-t-il souligné.
Il n’y avait pas des signes précurseurs pour lancer une alerte générale
Répondant à une question, le Premier ministre a affirmé qu’il n’y a pas eu des signes précurseurs pour inciter l’Observatoire volcanologique de Goma (OVG) à lancer une alerte générale.
«Généralement, on a des échauffements. On a des tremblements de terre qui préviennent. Mais cette fois-ci, on ne les a pas eus de manière spontanée. C’est vrai aussi que l’OVG, une fois que nous sommes arrivés ici à Goma, a quand même fait des rapports qu’ils voyaient des signes, mais aucun signe qui pouvait permettre de lancer une alerte générale», a-t-il dit, ajoutant que cela a été confirmé aussi par les autres observatoires au niveau international.
Pour le Premier ministre, les actions qu’ils ont menées, étaient pour parer au plus pressé. Il fallait prioriser les actions afin de gagner du temps et sauver les vies humaines. «Nous avons choisi de faire une opération simultanée, c’est-à-dire demander à la population d’évacuer, et conjointement, le gouvernement avec les humanitaires se sont retrouvés sur les lieux indiqués pour pouvoir palier au plus pressant. C’était une question d’urgence, une question de responsabilité, une question de vies humaines», a-t-il affirmé.
Lancement bientôt des travaux de dégazage du lac Kivu
Le Premier ministre a, à cette occasion, annoncé le lancement dans environ deux semaines, les travaux de dégazage du lac Kivu dans des points précis, notamment à Kabuno où les gaz ne sont pas à une très grande profondeur de la surface.
«Nous avons des points précis, notamment à Kabuno (golfe situé au nord-ouest du lac) où nous devons agir de manière assez pressante, parce que les gaz ne sont pas à une très grande profondeur de la surface. Ce sont des travaux qui devraient être lancés dans les deux semaines qui suivent cette interview. Et nous espérons que, pour la suite, nous pouvons établir un planning qui puisse permettre aussi l’exploitation des gaz un peu plus en profondeur», a-t-il dit.
Pour l’intensification des opérations militaires en Ituri et au Nord-Kivu
A propos de la sécurisation de l’Est de la RDC, le Premier ministre Jean-Michel Lukonde a salué la décision de l’instauration de l’état de siège dans le Nord-Kivu et en Ituri, prise par le Président de la République Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, tout en reconnaissant qu’ils doivent travailler davantage pour traquer ces hors-la-loi,retranchés dans certains coins pour diminuer le nombre de meurtres.
Il a, à cet effet, déploré l’attaque perpétrée à Boga, la nuit du 30 au 31 mai 2021, qui a fait 58 morts. «C’était l’une des plus grandes pertes que nous ayons eue en une journée. Nous avons transmis des messages de compassion et de condoléances à toutes ces familles. Et nous allons accentuer notre action de ce côté-là de manière à ce que nous puissions diminuer le nombre de meurtres. Et à côté de cela, nous devons beaucoup travailler du point de vue de nos services de nos renseignements pour chaque fois s’assurer que l’on puisse prévenir ce type d’action négative», a-t- indiqué.
Avec ACP