La Monusco a annoncé mercredi 26 juillet 2017 la reddition de Ntabo Ntaberi alias Sheka, commandant d’un des groupes armés qui pullulent dans l’est de la RD Congo. Ce chef de guerre est sous le coup d’un mandat d’arrêt pour « crime contre l’humanité » et de sanctions du Conseil de sécurité depuis 2011.
Ntabo Ntaberi alias Sheka s’est rendu ce mercredi 26 juillet au matin à la Monusco. « Cela s’est passé à Mutongo, au nord de Walikale », confirme à Jeune Afrique une source au sein de la mission onusienne. À l’en croire, ce n’est pas une surprise. « Depuis quelques temps, ce chef milicien avait indiqué son intention de se rendre. Des discussions étaient donc en cours sur les modalités de sa reddition », affirme cette source.
Chef de la rébellion Nduma Defense of Congo (NDC), Sheka est visé par un mandat d’arrêt en RD Congo pour « crime contre l’humanité », « viols » et « pillages » par le gouvernement congolais. Il figure également sur la liste des personnalités congolaises soumises à des sanctions par le Conseil de sécurité des Nations unies. En vertu d’un accord entre la Monusco et les autorités de la RD Congo, Ntabo Ntaberi « sera remis aux autorités congolaises, à la condition qu’il soit traité dans le respect des droits humains », a précisé Fabienne Pompey, porte-parole de la Monusco.
L’étau s’est-il resserré contre l’homme qui, au départ, disait combattre contre le pillage des ressources naturelles à Walikale, sa région ? Pour le député Juvenal Munubo, « il faut s’interroger sur les motivations qui ont incité ce chef rebelle à se rendre ». Cet élu de Walikale, dans l’instable Nord-Kivu, pose la question : « Cette reddition est-elle motivée par des promesses des postes dans l’armée congolaise, ou Sheka s’est-il senti affaibli ? ».
Cela fait en effet déjà près de trois ans que « Guidon », l’adjoint de Sheka au sein de NDC, a fondé une dissidence au sein du mouvement, le «Nduma defense of Congo – rénové». L’influence du chef rebelle s’était alors réduite et son adjoint était parti avec bon nombres de ses hommes.
Constituée en 2009, la Nduma Defense of Congo que dirigeait Ntabo Ntaberi se voulait au départ la protectrice de la communauté nyanga, dans le territoire de Walikale. Alors basé dans le groupement de Ihana, il combattait les troupes des rebelles hutu rwandais du FDLR et avait même été affublé du surnom de « Sauveur du Walikale ».
Mais une source au sein des autorités du territoire, qui a préféré garder l’anonymat, souligne que « le regard de la population a changé sur lui » à partir de 2010, lorsque Sheka a été cité comme l’un des auteurs des viols des femmes à Luvungi, dans le territoire de Walikale.
JA/CR