Ce jour-là, soit 8 ans après son accession au pouvoir, le Président Mobutu prononce devant le Conseil exécutif national le discours qui donnera le point de départ à la politique de “Zaïrianisation”.
Il s’agissait, en fait, d’une politique de nationalisation des entreprises et plantations jusque-là tenues par des personnes de nationalité étrangère.
Dans son discours devant le Conseil exécutif national, Mobutu dénonce les rapports inégalitaires entre le Zaïre et la Belgique, et préconise désormais la Zaïrianisation qui était un ensemble de mesures arrêtées par l’Etat Zaïrois par lesquelles, l’Etat, en vertu de sa souveraineté, devait retirer des mains des étrangers, des biens, activités économiques et unités de production au Zaïre dont ceux-ci étaient propriétaires et qui devaient être cédés aux seuls Zaïrois, personnes physiques ou morales.
Il s’agissait tout simplement d’une spoliation des biens aux dépens de leurs légitimes propriétaires. Les secteurs concernés étaient des plus divers : construction, pétrole, mines, plantations, élevage… Ces actifs furent d’abord repris par l’État ou par des organismes étatiques pour être ensuite attribués à des personnes privées zaïroises (des proches de Mobutu, les membres de sa famille ou fidèles soutiens politiques).
L’ignorance et l’incurie des nouveaux propriétaires entraînèrent la faillite rapide de la plupart de ces affaires. Ce fut tellement rapide que quelques mois à peine après le début de l’expérience, le Président Mobutu dut faire marche arrière et l’État reprit tout à son compte. Mais cette mesure ne résolut rien. Il est vrai que l’économie était alors entrée en récession. Bientôt, la déconfiture des entreprises nationalisées fut telle qu’il fallut continuer la marche arrière.
Dans un discours prononcé le 25 novembre 1975, le Président Mobutu annonça son intention de restituer aux anciens propriétaires 40% des entreprises zaïrianisées. Cette annonce ne suscita que peu d’enthousiasme chez les anciens propriétaires.
Le 17 septembre 1976, le Comité de stabilisation porta de 40% à 60% le niveau de restitution. Et dans les mois qui suivirent, d’autres mesures d’assouplissement firent que dans certains cas, les propriétaires récupérèrent l’intégralité de leurs avoirs. Restait à savoir dans quel état ! Après trois ans de mauvaise administration, usines et plantations se trouvaient souvent dans un état désastreux.
En outre, la mesure avait fortement refroidi les investisseurs. Cette action a toujours été considérée comme le début de la chute aux enfers de l’industrie et l’économie zaïroises (congolaises).
En 2010, soit 37 ans après, le gouvernement congolais avait pris la décision d’indemniser les victimes de cette politique pour, selon le porte-parole du gouvernement congolais (Lambert Mende), “corriger les erreurs du passé au nom de la continuité de l’Etat”.
Pour réparer les préjudices causés, le coût global avait été évalué à 800 millions de dollars. Mais dans un premier temps, un acompte de 5 millions de dollars avait été prévu d’être accordé. Le dossier est resté sans suite depuis lors.
Par Benjamin Babunga