Nevers Sekwila Mumba, ancien vice-président zambien (2002-2004) et opposant a été relâché et renvoyé dans son pays lundi 14 décembre 2020 dans la soirée. Il a été interpellé, quelques heures auparavant, à Lubumbashi, chef-lieu du Haut-Katanga (sud-est de RD Congo) par des agents de sécurité de l’ANR (Agence nationale de renseignements). Membre de l’opposition, l’intéressé assure que sa visite avait pour but de prospecter des « possibilités d’affaires ». Certaines sources assurent que Mumba, qui est également évangéliste, devait rencontrer « Joseph Kabila » qui séjourne dans l’ex-Katanga.
Selon la presse zambienne dont« Lusakatimes.com », les autorités congolaises ont levé la mesure d’assignation à résidence qui frappait le Zambien Nevers Mumba. Et ce suite à une démarche diplomatique du gouvernement de la Zambie. L’ex-vice-président et opposant au régime d’Edgar Lungu aurait franchi la frontière lundi aux environs de 21h30.
Sieur Mumba a été arrêté à Lubumbashi à une date non précisée et interdit de quitter la province. Que lui reproche-t-on? L’intéressé soutient la main sur le cœur qu’il effectuait une « visite d’affaires » au chef-lieu du Haut-Katanga lors ce que des agents de l’ANR l’ont appréhendé. Selon des sources proches du dossier, ce politicien zambien était venu « rencontrer secrètement » l’ex-président « Joseph Kabila » qui séjourne à Kolwezi. Le sujet zambien a été « assigné à résidence » en attendant que les « services » terminent l’enquête ouverte au sujet de ce voyage.
Le ministre Zambien des Affaires étrangères, Joseph Malanji, a déploré, depuis Lusaka, que l’ancien vice-président de son pays ait pu voyager à l’étranger sans informer au préalable les autorités nationales. Pasteur de son état, Nevers Mumba jure ses grands dieux qu’il n’a absolument mené aucune activité contraire aux lois des deux pays voisins. « Je n’ai entrepris aucune activité politique », a-t-il martelé dans une vidéo. Selon la presse zambien, l’opposant Mumba aurait omis de signaler sur cette vidéo que son séjour lushois avait pour but de solliciter un « financement » auprès de certains « hommes d’affaires » en prévision de l’élection présidentielle de 2021. Quid de la contrepartie?
Ce n’est pas la première fois que Nevers Mumba ait des ennuis « à cause » du Congo-Kinshasa. Vice-président zambien sous le président Levy Mwanawasa, Mumba fut limogé, en 2004, pour avoir prétendu – sans apporter la moindre preuve – que des individus hostiles à l’Etat zambien préparaient des « activités subversives » à partir du territoire congolais. Des informations qui se révéleront fausses. Il aurait été induit en erreur par un certain Xavier Chungu, ex-chef barbouze zambien qui avait trouvé refuse à Lubumbashi.
L’interpellation de l’ex-vice-président zambien au moment où « Kabila » séjourne dans la province de Lualaba confirme que les « services » congolais sont en « alerte maximale ». Lors du meeting tenu par l’ex-raïs après son arrivée à Kolwezi, les observateurs ont été surpris de voir quelques individus déployer le drapeau du Katanga sécessionniste de Moïse Tshombe Kapenda. Etrangement, « Kabila » à qui la loi portant statut des anciens Présidents de la République impose une « obligation de réserve » ne s’est nullement offusqué. Qui ne dit mot consent?
Pour la petite histoire, « Joseph Kabila » avait fait organiser, en septembre 2011, l’évasion de Kyungu Mutanga, alias « Gédéon », l’ex-chef milicien des Bakata Katanga. En octobre 2016, la reddition de « Gédéon » fut organisée sous la supervision de Jean-Claude Kazembe, alors gouverneur, et de Kalev Mutond, patron de l’ANR de l’époque. Aux dernières nouvelles, « Gédéon » et ses ex-miliciens seraient sous la protection du général John Numbi Banza.
L’opinion congolaise a souvenance du surprenant intérêt que « Kabila » avait commencé à manifester à l’égard de la province de Tanganyika dès janvier 2016. Cette Région est située juste de l’autre côté du lac du même nom qui sépare le Congo-Kinshasa et la Tanzanie, le pays natal de « Joseph Kabila » et sa fratrie.
Depuis juin 2016, l’étonnant successeur de Mzee a fait acheminer une soixantaine de chars de combat dans cette province dirigée, depuis juillet 2019, par Zoé… « Kabila ». A coup de plusieurs dizaines de millions de dollars, de grands travaux d’infrastructure ont été financés par l’ancien Président avant la passation de pouvoir du 24 janvier 2019. Nul ne sait d’où provenait les fonds. Blanchiment? On peut citer notamment l’élargissement de la piste d’atterrissage de l’aéroport de Kalemie. Celle-ci est passée de 1.750 à 2.500 mètres. Une firme française a achevé récemment le balisage de cette installation en prévision des vols nocturnes. Suivez mon regard…
En avril dernier, le gouverneur « Zoé » a reçu à Kalemie près d’un bataillon des ex-combattants du M23. Ceux-ci étaient en « recyclage » à la Base militaire de Kamina. Un repas gargantuesque fut servi à cette occasion. Cet événement s’est passé au moment où des militaires zambiens avaient occupé les localités congolaises de Kibanga, Kalubamba, Lilongwe et Moliro.
D’après des observateurs, le séjour « katangais » de l’ex-président « Kabila » serait suivi de « très près » par les services de sécurité tant civils que militaires. On le sait, l’ex-raïs et sa fratrie ont toujours considéré le Congo-Kinshasa comme une « prise de guerre ». Les jours ou semaines à venir ne manqueront pas de clarifier le sens exact de cette « aventure ambiguë » de l’ancien vice-président zambien Nevers Sekwila Mumba. Affaire à suivre.
Par Baudouin Amba Wetshi (Congo Indépendant)