Les arrêts de la Cour constitutionnelle invalidant 23 députés de la plate-forme de l’opposition Lamuka sont manifestement commandés pour museler l’opposition politique, ont affirmé les députés Lamuka à l’issue de leur assemblée générale extraordinaire tenue mardi 11 juin 2019 à Kinshasa. Ces parlementaires estiment que « la Haute Cour n’a fait qu’obéir à un ordre politique pour fragiliser davantage l’opposition et ce, en dépit du meilleur résultat qu’ont obtenu ces élus invalidés ».
JACQUES DJOLI : « CES ARRETS SONT RENDUS EN VIOLATION FLAGRANTE DES PROCEDURES EN MATIERE DE CONTENTIEUX ELECTORAL »
D’après l’opposition Lamuka, la Cour a rendu ses arrêts au-delà du délai de 60 jours fixé par l’article 74 de la loi électorale. « Ces arrêts sont rendus en violation flagrante des procédures en matière de contentieux électoral. Il se dégage donc clairement que les invalidations n’ont visé principalement que les députés de l’opposition », a affirmé Jacques Djoli, député MLC.
La Cour constitutionnelle a à cet effet remplacé les députés proclamés élus par des candidats non élus, ajoute l’opposition. A titre illustratif, l’élu de Kalemie, Kabongo, s’est vu invalidé avec plus de 18 000 voix au profit de celui qui a obtenu moins de 5 000 voix. Augustin Mayenga du MS dit avoir subi le même sort :
« J’ai été élu massivement à Kongolo. Je ne peux pas céder à une intimidation quelconque ! et ces arrêts de la Cour constitutionnelle, parce qu’elle viole la constitution. Je n’étais même pas notifié, même pas interpelé. Même mon parti n’était pas notifié ».
Ces invalidations s’inscrivent donc dans un schéma visant le musèlement de l’opposition et la confiscation de la souveraineté du peuple, estime Christelle Vuanga. « Moi-même particulièrement, je recevais des messages (SMS). On me disait que si je continuais de parler, on allait m’invalider. Quand la sommité de la justice est ainsi inféodée, et à la solde d’un individu, qu’en est-il de la république ? », interroge-t-elle.
L’opposition politique invite la Cour constitutionnelle à corriger ces arrêts, à cesser son insoumission à la constitution, fondement de son existence, à exercer sa mission constitutionnelle en toute indépendance et impartialité.
PRES DE 20 DEPUTES INVALIDES PAR LA COUR CONSTITUTIONNELLE
Près de 20 députés nationaux ont été invalidés au terme des arrêts rendus, très tard dans la nuit de lundi, par les chambres II et IV de la Cour constitutionnelle.
À Mont-Amba, Daniel Safu est remplacé par Doudou Otete, Néron Mbungu par Louis d’or Balekelayi et Raphaël Kibuka par Madame Ingele.
A Kanyama, Ilunga Leu remplace Kazadi Kabongo
A Kindu (Manuela), M. Kachelewa remplace M. Bukanga
A Beni-Territoire (Nord Kivu), Shadrack Bahitsura remplace Kasereka Vayikera.
A Basankusu, M. Abasaku remplace Ngobe Yoto
A Bumba, Omer Egbake remplace M. Bedi
A Lisala, Maluku Lombo est validé en défaveur de M. Basalakani
A Businga, Magbau Ruffin remplace Lili Masikini
A Tshopo, Constant Lomata remplace Bilili Lola
A Kungu, M. Ndengo remplace M. Akim
Au total, 17 députés nationaux ont été invalidés dans la nuit du lundi 10 juin 2019.
LAMUKA PERD 33 DEPUTES NATIONAUX
Deuxième ‘2ème) meilleur élu de la circonscription électorale de Mont-Amba, 4eme dans la ville de Kinshasa et meilleur élu du MLC, membre de la Coalition Lamuka, Raphaël Kibuka a aussi été invalidé « en faveur d’une dame qui n’a obtenu que 469 voix. J’ai obtenu 26200 voix », s’étonne l’infortuné.
Raphaël Kibuka reste convaincu que « le scénario que nous vivons s’apparente à un règlement de comptes pour sanctionner une catégorie de députés faisant partie d’une famille bien connue, l’Opposition ».
Cet ancien candidat gouverneur de la ville de Kinshasa relève que « sur les 113 députés qu’avait Lamuka, 33 ont déjà ont été été invalidés. C’est une décision qui ne fait que réduire le nombre des opposants à l’Assemblée nationale pour que le débat soit orienté dans un seul sens ».
EN ATTENDANT LES PROCLAMATIONS DEFINITIVES…
« L’étude des recours aux résultats publiés par la CENI continuent jusqu’à ce soir », assure Maitre Willy Wenga, avocat au barreau de Kinshasa/Gombe.
« La Cour n’a pas terminé tous les contentieux. Ce n’est qu’à l’issue de tous ces arrêts qu’interviendra l’arrêt définitif proclamant les 500 élus députés nationaux ».
Maitre Willy Wenga espère que ces arrêts, qui ne sont susceptibles d’aucun recours, soient rendus le plus tôt possible « parce qu’on est déjà au-delà du temps prévu ».
Par RO/Top Congo