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RDC : la coalition au pouvoir se lézarde tandis que Kamerhe est très malade

Avec des amis tels que ceux là, on n’a plus besoin d’ennemis…

Plus que jamais, entre le Front commun pour le Congo, c’est-à-dire la plate forme qui soutient l’ex-président Kabila et CaCh (Cap pour le changement) qui a porté au pouvoir Felix Tshisekedi, les coups fourrés se multiplient.

L’ambiance entre alliés de circonstance est telle qu’elle relègue même au rôle de spectateur les autres formations se réclamant de l’opposition, comme Lamuka désormais porté par Martin Fayulu, candidat malchanceux lors des élections présidentielles de décembre 2018.
Qu’on en juge.

Le premier point de litige, plus sentimental que politique, concerne Vital Kamerhe dont l’histoire personnelle se confond avec celle des deux dernières décennies. Rappelons, -pèle mèle- que ce natif de Walungu (localité du Sud Kivu voisine de Bukavu) négocia au nom de Laurent Désiré Kabila les accords de paix qui en 2002 mirent fin à la guerre et qu’il fut président de l’Assemblée nationale, candidat à l’élection présidentielle à la tête de son parti UNC (Union pour la nation congolaise). Passé à l’opposition, il fut aussi l’artisan de la sortie de crise de 2019.

Entre le dauphin malchanceux de Kabila, Emmanuel Shadary et le vainqueur supposé du scrutin (d’après l’Eglise catholique) Martin Fayulu, c’est Kamerhe qui négocia la victoire de Félix Tshisekedi et son accès à la présidence, acceptant de devenir son plénipotentiaire directeur de cabinet.

Puissant, arrogant,
gourmand aussi, l’œil fixé sur les prochaines élections de 2023 auxquelles il comptait bien concourir, Kamerhe, dont le parti UNC (Union pour la nation congolaise) est très implanté à l’Est du Congo, est « tombé » cette année à l’issue d’un procès qui fera date.

Accusé de détournements de fonds colossaux (plus de 50 millions de dollars !) le directeur de cabinet du président a été lourdement condamné et envoyé à la prison de Makala, le centre pénitentiaire de Kinshasa.

Sa santé s’y est gravement dégradée, à tel point qu’ayant contracté la COVID-19, il a souffert de troubles respiratoires jusqu’à aboutir, plus mort que vif, dans un centre hospitalier de la capitale où sa vie ne tient plus qu’à un fil.

À noter qu’un traitement aussi impitoyable a été réservé à un autre ex allié de la famille Tshisekedi, le Docteur Ilunga, médecin personnel de feu Etienne Tshisekedi et ancien ministre de la Santé, lui aussi enfermé à Makala après avoir été accusé de détournement de fonds.

Sur le plan politique, le sort réservé à Vital Kamerhe, même s’il découle d’une décision judiciaire, choque l’Est du pays et on n’ose penser aux réactions qu’entraînerait une issue fatale.

Rappelons que les Kivutiens sont déjà hostiles au fait accompli que représente la création d’une commune autonome à Minembwe, où vivent les Tutsis Banyamulenge et qu’ils réclament que les crimes commis au cours des vingt dernières années ne demeurent pas impunis.

A cela s’ajoute le sommet manqué de Goma où les chefs d’État de la région ont remplacé le rendez vous avec Tshisekedi par une visioconférence tandis qu’à Goma les notes d’hôtel des délégations venues de Kinshasa n’auraient pas été payées…

A cette rupture mortelle avec celui qui l’a porté au pouvoir en ayant le tort de le rappeler trop souvent le président Tshisekedi a ajouté un conflit ouvert avec ses alliés, la coalition FCC, pro-Kabila, qui, majoritaire en sièges, contrôle le Sénat et l’Assemblée.

Thambwe Mwamba et Jeanine Mabunda, présidents des deux institutions et proches de Joseph Kabila refusent en effet d’entériner les deux nouveaux juges à la Cour constitutionnelle et, refusant d’organiser la prise de serment il sont brillé par leur absence.

Même si l’ex-président Kabila demeure aussi discret que d’ordinaire, ses partisans multiplient les reproches à l’égard de leur allié de circonstance : selon eux, le contrat initial ne serait pas respecté par Tshisekedi et son parti l’UDPS, le chef de l’État outrepasserait des pouvoirs qui, dans un régime parlementaire devraient se limiter à un simple arbitrage, le Premier Ministre Ilunga Ilunkamba serait réduit à n’être qu’un simple figurant, le ministre de la Justice Tunda ya Kasende, n’a toujours pas été remplacé…

En outre, le cabinet présidentiel, pléthorique, se serait transformé en gouvernement parallèle tandis que, plus grave encore, la majorité parlementaire dont se prévalent les partisans de Kabila serait ignorée.

A cela s’ajoutent les reproches de « tribalisation » d’un pouvoir qui, comme autrefois le président Mobutu, aurait tendance à chercher à l’extérieur du pays (en Belgique et surtout aux États-Unis) sa légitimation…

N’en jetons plus : la « transition apaisée » dont il était question voici deux ans n’est plus qu’une illusion. Sa seule chance réside dans le fait que tant Kabila, dont les bastions militaires se lézardent, et Tshisekedi, dont la popularité s’effrite au même rythme que la croissance économique, sont aujourd’hui comme hier, condamnés à s‘entendre à leur niveau, faute de réelle légitimation populaire.

Par Colette Braeckman

Oscar BISIMWA

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