Des membres des diasporas congolaise, rwandaise et burundaise ont présenté jeudi 24 septembre 2020 après-midi, au parlement bruxellois, un rapport renfermant leurs revendications par rapport au travail de la commission spéciale de la Chambre qui se penche sur le passé colonial de la Belgique.
« Nous ne vous laisserons pas faire sans nous », ont déclaré les afrodescendants aux parlementaires à travers les parties lues du rapport en élaboration.
Ils demandent entre autres à créer des musées et monuments décoloniaux ainsi qu’un centre de recherche sur la rencontre des peuples d’ailleurs avec ceux d’Afrique, de renforcer l’arsenal juridique contre les actes racistes, d’instaurer des quotas pour accroître la présence des personnes noires aux postes à responsabilité ou encore de financer un fonds pour la santé mentale des afrodescendants afin que les maux liés au racisme soient pris en charge collectivement.
En ouverture de cette rencontre, initiée par la députée bruxelloise Hilde Sabbe (one.brussels), le secrétaire d’État bruxellois chargé du Patrimoine et de l’Urbanisme, Pascal Smet (one.brussels également) a rappelé la constitution dans les prochaines semaines d’un groupe de travail sur la décolonisation de l’espace public.
Le médiateur a en réaction formulé l’espoir de voir Bruxelles et ses rues devenir un « laboratoire » pour l’ensemble de la Belgique. Un représentant de l’ASBL Change, Dido Lakama, a ajouté souhaiter que la Belgique soit plus largement exemplaire dans son travail sur la mémoire coloniale afin d’entraîner les autres états européens dans son sillage.
« On ne peut pas sous-estimé l’importance de cette commission spéciale », a déclaré le président de la commission spéciale de la Chambre, Wouter de Vriendt (Groen), venu écouter les recommandations et appréhensions des diasporas.
« Pour la première fois dans l’histoire belge, on est prêt à véritablement enfin assumer notre passé colonial. (…) Vous avez longtemps attendu une telle initiative. On y est maintenant et au parlement, au sein des groupes politiques, il y a une volonté d’avancer et de faire des pas considérables. (…) Ce qu’on assumera est une vérité douloureuse, une confrontation inconfortable avec le passé de notre pays. On s’attend donc à une certaine nervosité et par conséquent la commission aura aussi besoin d’un soutien public », a-t-il ajouté.
La commission abordera les questions du discours officiel sur la colonisation, de l’espace public, de la restitution dans l’enseignement et des liens avec le racisme qui perdurent actuellement. Le rapport du groupe d’experts, qui inclut des afrodescendants, est attendu au 1er décembre. S’en suivront des auditions et autres travaux.
La co-fondatrice de l’association Bakushinta, Georgine Dibua Athapol, a par ailleurs assuré que la décolonisation de l’espace public participera à « décoloniser les esprits ». « Décoloniser c’est casser les mythes, fondre le socle d’imaginaire immiscé dans tous les pans de la société, fondre la matière s’il le faut afin de repartir sur une histoire renouvelée, une histoire que tout citoyen belge vit avec apaisement ».
La cinéaste Monique Mbeka Phoba a conclu en revenant sur les difficultés rencontrées par le passé dans les groupes de travail sur des questions coloniales.
Par Belga