Le Président Félix Tshisekedi a invité tous les journalistes exerçant en RD Congo à observer l’éthique et la déontologie « pour exercer ce noble métier », lors de la célébration la Journée internationale de la presse, vendredi 3 mai 2019 à Kinshasa. Il a fait remarquer la menace des réseaux sociaux à laquelle les professionnels des médias devront faire face.
« (…) J’entends par 4e pouvoir que vous avez des droits : le droit d’être protégés, de parler librement ou d’investiguer. Mais, vous avez aussi des devoirs : observer l’éthique et la déontologie pour exercer ce noble métier, où il y a la menace des réseaux sociaux qui créent une catégorie d’hommes. Qui jettent parfois un discrédit à ce noble média qui est le vôtre », a interpellé le président Tshisekedi.
Il a appelé les journalistes à se distinguer des médias sociaux, et être mis en valeur. « Il faut dire les choses avec force, et conviction, mais surtout avec objectivité : colonne vertébrale du métier de journaliste », a insisté le président Tshisekedi.
A son avis, la presse est un « instrument essentiel de l’avenir d’un Etat, qui ne doit pas rester sans encadrement. »
« Nous allons voir ensemble comment bâtir cette démocratie que nous espérons. Ma présence parmi vous signifie l’encouragement, dans vos efforts, et le respect de l’engagement pris d’être à vos côtés. Nous allons discuter ensemble pour voir comment améliorer les conditions de travail de journaliste », a promis le Chef de l’Etat. Il a promis de faire véritablement de la presse un 4e pouvoir.
Félix Tshisekedi reste convaincu que l’alternance avec la passation pacifique le 24 janvier 2019, est une « première pierre de l’édifice de l’Etat de droit, que tout le monde doit bâtir ».
La Journée internatiola de la liberté de la presse, célébrée chaque année par les nations du monde le 3 mai, est l’occasion d’évaluer les réalisations du secteur des médias, ainsi que le statut de la liberté de la presse et la protection de son indépendance au niveau mondial.
L’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a choisi pour la Journée mondiale de la liberté de la presse 2019 le thème « Médias pour la démocratie: journalisme et élections dans une époque de désinformation », afin d’identifier les défis actuels auxquels les médias sont confrontés en période électorale et de mettre en évidence le rôle des médias Promouvoir le processus démocratique des États.
JED demande la réouverture des procès des 14 journalistes assassinés sous Joseph Kabila
Journaliste en danger (JED) demande au président Felix Tshisekedi de rouvrir les procès des journalistes assassinés sous le régime de Joseph Kabila, afin que les principaux suspects répondent de leurs actes. Dans un communiqué publié jeudi 2 mai 2019, en prélude la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse, cette ONG estime qu’aucun journaliste ne devrait plus aller en prison pour ce qu’il a écrit ou dit.
« Cette alternance politique, qui est en cours aujourd’hui dans notre pays, aura le goût d’inachevé si les journalistes et les médias continuent à être malmenés, à être traqués par des gens qui sont censés les protéger. 80% des cas d’attaques ou des violences que subissent les médias sont le fait des personnes qui sont détentrices d’une certaine parcelle de pouvoir », a indiqué Tshivis Tshivuadi, secrétaire général de JED.
14 journalistes tués dans des conditions non encore élucidées
Après 18 ans de pouvoir, l’ex-président Joseph Kabila a laissé derrière lui une presse moribonde, des médias sinistrés et des journalistes livrés à la violence d’Etat.
L’ONG rappelle que 14 journalistes ont été tués dans des conditions non encore élucidées. JED cite les cas de l’activiste Pascal Kabungulu tué en 2005 et de deux journalistes de Radio Okapi, Serge Maheshe en 2007 et Didace Namujimbo en 2008, de Patient Chebeya à Beni en 2010.
La liste s’allonge, notamment, avec le meurtre de Franck Ngyke, du journal La Référence Plus, et fr son épouse Hélène Mpaka en 2005.
Tshivis Tshivuadi fait constater qu’en RDC, la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse coïncide avec l’installation de nouvelles institutions issues des élections du 30 décembre 2018.
« Nous ne voulons plus de cas de coupure d’internet que nous avons connue dans ce pays », a-t-il affirmé.
Les journalistes appellent à la révision de la loi sur la liberté de la presse
Les professionnels des médias recommandent la révision de la loi sur la liberté de la presse de 1986 et l’amélioration des conditions d’exercice de leur profession. Ils ont fait cette recommandation à l’issue d’un forum d’échanges organisé jeudi 2 mai 2019 à Kinshasa dans le cadre de la célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse.
La séance a été marquée par un certain nombre d’exposés autour du thème « Mediaş, 4e pouvoir en RDC, quel type de journalisme », en présence de la ministre des Droits humains, Marie Ange Mushobekwa.
Un des intervenants, le professeur Jean Lucien Kithima de l’IFASIC, s’est penché sur le 4e pouvoir qu’est la presse, sur ses implications et contraintes. Pour lui, le journalisme d’investigation est bien indiqué pour rendre compte avec exactitude des non-dits et des scandales en vue de bien informer l’opinion. Il reconnait cependant que cela a un prix.
« Le journalisme d’investigation nécessite la curiosité, la compétence dans le domaine enquêté, le sens rigoureux d’éthique et de déontologie professionnelle, la discrétion, le courage, la patience et la ténacité et le travail méthodique. »
Pour sa part, le professeur Kodjo Ndukuma a axé son intervention sur la situation socio-économique du journaliste, marquée par la précarité et le non-respect des règles déontologiques.
Il a insisté sur le fait que tout doit passer par l’amélioration des conditions de vie du journaliste, grâce aux conventions de travail dans des entreprises de presse et une bonne règlementation.
« La presse dans la précarité, elle a sa vulnérabilité. Elle peut disparaitre. La presse compose ou plutôt revoit un certain nombre de ses valeurs », a-t-il affirmé.
A son tour, Godefroid Kabongo de l’ONG JED a mis un accent sur les droits du journaliste. Tandis que le Représentant de BCNUDH a abordé le rôle de la presse dans la protection et la promotion des droits de l’homme.
Après échanges, les journalistes ont reconnu la nécessité de réviser la loi de la presse de 1986. Ils ont souhaité notamment la suppression du ministère de Communication et la régularisation des réseaux sociaux.
Par RO/CR