Ce jour-là, le 14 juin 1989, le Zaïre pleure Ia disparition de Joseph-Albert Malula qui décède à l’âge de 72 ans à Louvain, en Belgique. Il fut archevêque de Kinshasa de 1964 à 1989 et créé Cardinal en 1969. Joseph-Albert Malula a toujours été considéré comme l’un des cardinaux les plus importants de l’histoire moderne de l’Église catholique en Afrique noire.
Né à Léopoldville (Kinshasa) en décembre 1917, Joseph-Albert Malula est cinquième d’une famille de huit enfants. De 1924 à 1929, il fréquente l’école primaire SainteAnne, dirigée à l’époque par le père Raphaël de la Kéthulle qui exercera une influence décisive sur son avenir.
Repéré par lui comme un élève doué, Joseph est envoyé, en 1930, au petit séminaire Mbata Kiela (dans le Kongo Central), l’une des prestigieuses écoles de l’époque fondée et tenue par les Scheutistes. Là, il commence la sixième latine ainsi que son premier apprentissage à la vie spirituelle et affirme son goût pour les études, la lecture et la musique. En 1944, Joseph Malula achéve ses études de théologie. Après une année de stage au petit séminaire de Bikoro, il est ordonné prêtre le 9 juin 1946.
Nommé vicaire apostolique auxiliaire en 1959 (tout juste avant l’érection de Léopoldville en diocèse et quelques mois avant l’indépendance du Congo), Joseph Malula devient archevêque de Kinshasa en 1964. Troisième évêque autochtone congolais, il est considéré comme “l’un des fondateurs des Églises d’Afrique, l’un des pères et une figure de Ia patristique africaine”.
La mère de Joseph Makila est originaire du nord du Congo (Équateur) et son père, du centre du Congo (Kasaï). Joseph Albert Malula laisse le souvenir d’un personnage épris de passion pour la profondeur subversive de la Parole de Jésus. C’était un homme de foi solide et un humaniste doté d’une grande culture littéraire. Contribuer à la restauration du dialogue entre la dimension universelle et locale de l’Église catholique, tel fut l’un des projets mobilisateurs de son ministère. Il est considéré aujourd’hui comme «l’un des fondateurs des Églises d’Afrique […] et une de ces figures de la ‘patristique’ africaine », l’« émule des saints Athanase, des Cyprien et des Augustin », «le père du rite zaïrois ou le pionnier par excellence de l’africanisation de l’Église sur le continent noir ». Cette considération dont fait l’objet Mgr Malula est partagée par exemple par Mgr Zoa du Cameroun qui le qualifie comme « l’un des plus grands de ceux que ce siècle aura produit sur notre continent africain », ou par Mgr Laurent Monsengwo du Congo qui estime qu’il est « un géant de l’histoire du Zaïre et de l’Afrique » .
Trame biographique
La première période de sa vie, de sa naissance jusqu’aux bouleversements de la Seconde Guerre mondiale correspond aussi à sa formation. La deuxième période, de 1946 à 1959, correspond au début de son ministère comme prêtre jusqu’à son ordination épiscopale, à la veille de l’indépendance du Congo et à l’annonce du concile Vatican II. Durant cette période, le Congo et, de manière générale, l’Afrique sont secoués par des mouvements anticolonialistes qui modifient l’attitude de l’Église. La troisième période, de 1960 à 1972, est celle de l’indépendance du Congo et du conflit entre l’Église au Congo et le pouvoir dictatorial de Mobutu. La dernière période se poursuit avec des bouleversements sociétaux et s’achève avec sa mort en 1989.
Années de formation : milieu familial, études primaires et secondaires et préparation au ministère
Les premières années de ministère : de 1946 à 1959
Malula évêque : de l’indépendance du Congo au grand conflit Église-État (1960 à 1972)
De 1973 à 1989 : de l’après crise à sa mort
En définitive
Attentif à ce qui se vit de la foi en Afrique, intéressé aux nombreuses questions brûlantes qui préoccupaient ce continent de son vivant, Malula a apporté des propositions très concrètes qui indiquent comment dans ce contexte particulier, les communautés chrétiennes sont appelées à écrire leur histoire selon l’Esprit. En relisant son œuvre, on découvre qu’il n’était pas un répétiteur des slogans venant d’ailleurs; mais un acteur qui s’interroge sur le présent et l’avenir des communautés chrétiennes en Afrique à partir des enjeux en présence. La pertinence de sa pensée théologique et de ses prises de parole invite encore aujourd’hui l’Église à tout revoir en profondeur en examinant sa manière d’être, de penser et d’agir. À cet effet, sa réflexion représente un apport et une contribution immense à la vie des Églises d’Afrique et à la théologie chrétienne dans son ensemble. La vie et l’œuvre de Malula se profilent constamment sur deux fronts : interne, en révisant sans concession l’événement fondateur que représente Jésus – sa vie, son ministère, son enseignement ainsi que l’héritage de la tradition chrétienne – ; externe, en lui confrontant de façon critique les défis et enjeux de l’Église dans le monde de ce temps; ce qui donne un rayonnement historique d’envergure à son travail théologique, à son action ecclésiale et à son humanité.
La pensée et l’œuvre du cardinal Malula demeurent malheureusement encore peu ou mal connues hors des frontières de l’Afrique. Toutefois, après les précieux travaux de Léon de Saint-Moulin et l’apport inestimable de François Luyeye, les années 2005 et 2007 consacrent le retour de la pensée de Malula au premier plan de la vie théologique africaine et achèvent son entrée dans la scène mondiale grâce à deux contributions de grande envergure : le pavé de Jean Mpisi, Le cardinal Malula et Jean-Paul II. Dialogue difficile entre l’Église africain et le Saint-Siège (2005), et la thèse doctorale de Rodhain Kasuba, L’Église et sa mission dans l’œuvre du cardinal J. A. Malula(2007). Longtemps après deux doctorats honorifiques qui lui furent décernés par les universités de Boston et de Louvain-La-Neuve, le cardinal Malula et sa pensée commencent à bénéficier d’une reconnaissance mondiale. Justice est ainsi rendue à un personnage historique dont la pensée aura eu une insidence sociale, politique et ecclésiale considérable sur le cours des événements dans la vie de l’Église aussi bien en Afrique qu’ailleurs, et dont l’agir aura imprimé une marque sur le temps, laissant une trace et contribuant à l’émergence de nouvelles configurations ecclésiales.
Hommages
- L’église catholique congolaise décréta une « année du Cardinal Malula » du 20 septembre 2009 au 20 septembre 2010[13].
- Le gouvernement congolais, cette même année, l’a fait « héros national »[13].
- Le stade Cardinal-Malula, a été nommé d’après lui (plus ancien stade de Kinshasa, inauguré en 1937, sous le nom de stade Reine-Astrid, il sera renommé stade du 24-Novembre, date du coup d’État de Mobutu Sese Seko, puis renommé après la fuite du dictateur).
Avec Legrandcongo.com/Wikipédia