Le président Félix-Antoine Tshisekedi a été honoré, dimanche 18 juillet 2021, par son homologue bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló du titre honorifique, « Amilcar Cabral », grande figure de la lutte contre le colonialisme dans l’espace lusophone en particulier et de l’Afrique en général.
Le Chef de l’Etat congolais séjourne à Bissau, capitale de la Guinée-Bissau, depuis samedi.
Qui fut Amilcar Lopes de Costa Cabral?
Né en 1924 à Bafatá, en Guinée portugaise, actuelle Guinée-Bissau, de père capverdien et de mère guinéenne. Les famines successives qui ont provoqué 50.000 morts entre 1941 et 1948 au Cap-Vert, l’ont encouragé de s’orienter vers les études agronomiques à Lisbonne où il demeure jusqu’en 1952.
Delà, il y côtoie des militants de la libération des colonies africaines de l’empire colonial portugais. Certains de ces militants deviendront des meneurs de la lutte indépendantiste en Afrique lusophone, occidentale et australe, tels Mário Pinto de Andrade, Agostinho Neto, Viriato da Cruz, qui deviendra le Premier secrétaire du Mouvement populaire de libération de l’Angola (MPLA) et Eduardo Mondlane (fondateur du Front de libération du Mozambique (Frelimo), etc.
Ils créent ensemble clandestinement le Centro de Estudos Africanos pour promouvoir la culture des peuples noirs colonisés et obtiennent par l’intermédiaire du Parti communiste portugais (également clandestin) des ouvrages jugés «subversifs», anticolonialistes ou révolutionnaires, censurés par le régime de Salazar.
De retour en Guinée-Bissau comme agronome, Amilcar Lopes est chargé du recensement agricole et parcourt, pour ce faire, la Guinée pendant deux ans. En 1954, il tente d’organiser sous couvert d’activités culturelles et sportives une organisation politique nationaliste à Bissau.
Découverte par les autorités coloniales, l’association est interdite et Cabral expulsé de Guinée. Pendant les quatre années qui suivent, de 1954 à 1958, il travaille pour plusieurs compagnies agricoles, ce qui lui permet d’effectuer de longues missions en Angola.
En 1956, la Fondation du PAIGC et lutte pour l’indépendance l’a contraint à revenir en Guinée une fois par an et fonde avec Luís Cabral, Aristides Pereira, Abílio Duarte et Elisée Turpin l’organisation alors clandestine dont il est désigné secrétaire général.
En 1961, il est présent au Caire pour la troisième Conférence des peuples africains où il insiste, reprenant la formule de Lénine, sur la nécessité de « l’analyse concrète de chaque situation concrète » pour repousser le colonialisme, soit s’adapter aux réalités de chaque pays plutôt que de chercher de reproduire à l’identique une lutte anticoloniale menée dans un autre pays.
Après avoir cherché sans succès une issue pacifique au statut colonial de la Guinée et des îles du Cap-Vert, le PAIGC s’oriente en 1963 vers la lutte armée et se bat contre l’armée portugaise. Il parvient peu à peu à gagner du terrain, contrôlant 50 % du territoire en 1966 et 70 % à partir de 1968 et met en place de nouvelles structures politico-administratives dans ces régions. Pour Cabral, ces régions doivent être des lieux de transformation sociale sans attendre l’indépendance.
Amílcar Cabral est assassiné le 20 janvier 1973 à Conakry par des membres de la branche militaire du parti, en relation avec des agents des autorités portugaises, six mois seulement avant l’indépendance de la Guinée-Bissau.
Il ne verra donc jamais la reconnaissance de l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert par le Portugal, le 10 septembre 1974, cause pour laquelle il a combattu pendant plus de vingt ans.
En signe de reconnaissance, plusieurs édifices en Afrique portent son nom, à savoir: le lycée technique Amílcar-Cabral à Ouagadougou, le lycée agricole Amílcar-Cabral (LAAC) à Brazzaville, le collège CEMT Amilcar Cabral de Ziguinchor au Sénégal, le lycée Amílcar-Cabral (LACM) à Mamou en Guinée, l’aéroport à Sal au Cap-Vert. Ainsi plusieurs voies, notamment : un boulevard à Fort-de-France en Martinique, une rue à Kaolack au Sénégal, un boulevard à Alger en Algérie, une avenue à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) en France et une place Amilcar-Cabral à Fameck, une ville de Moselle (Lorraine),etc.
Avec ACP