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RDC : Félix Tshisekedi élève Joseph Kasa Vubu au “rang largement mérité de Héros National”

Par Angelo Mobateli

Oublié depuis son décès le 24 mars 1969, Joseph Kasa Vubu, premier président du Congo-Léopoldville indépendant le 30 juin 1960, est honoré par le président Félix Tshisekedi qui l’a élevé au “rang largement mérité de Héros National”, dans son discours à la nation, lundi 29 juin 2020, la veille du 60ème anniversaire de l’accession de la RDC à la souveraineté nationale et internationale.

“Nous gardons tous en mémoire la belle histoire du 30 juin; celle de nos deux héros, aux tempéraments différents, mais tout aussi déterminés pour la cause de l’indépendance. À cet égard, il me paraît juste, 60 ans plus tard, de réconcilier ces deux approches et d’élever Joseph Kasavubu, longtemps oublié, au rang largement mérité de Héros National », a annoncé Félix Tshisekedi, dans son discours à la nation.

Joseph Kasa Vubu : biographie

Né en 1917[1] à Dizi près de Tshela centre dans le Mayombe (Bas-Congo), district du Bas-fleuve au Congo belge et décédé le 24 mars 1969 à Boma (Bas-Congo).

Élève brillant et discipliné au petit-séminaire de Mbata-Kiela, il a poursuivi ses études supérieures au grand-séminaire de Kabwe au Kasaï pour devenir prêtre catholique. Cependant, au cours de la dernière année de sa formation, il a été jugé trop indépendant et trop critique pour devenir prêtre. Exclu du grand-séminaire sans motif valable à ses yeux et fort de sa formation en philosophie, il s’engage alors dans l’enseignement colonial. S’estimant insuffisamment payé pour son niveau d’instruction, il abandonne la carrière d’enseignant, et devient employé dans la société Agrifor à Tshela pour ensuite devenir en 1942, comptable au service des finances du gouvernement colonial à Léopoldville.

C’est là qu’il subit les influences parfois divergentes de divers groupes d’« évolués » congolais et du mouvement de la décolonisation africaine. Il a été le premier Congolais à réclamer auprès du colonisateur les droits des premiers occupants en 1947. Il s’est surtout révélé au grand public national et international en tant que dirigeant et président de l’Association de Bakongo, ABAKO en sigles, peuple qui constituait plus de 60 % de la population qui habitait la ville de Léopoldville dans les années 1950.

Association culturelle au départ, l’ABAKO s’est peu à peu transformée en parti politique vers 1955. Joseph Kasa-Vubu a, au nom de l’ABAKO, réagi au plan Van Bilsen qui demandait que l’élite congolaise soit préparée avant d’accéder à l’indépendance. Ce plan proposait 30 ans pour cette préparation.

En effet, le groupe congolais de la conscience africaine (Malula, Iléo, etc) répondit au plan Bilsen par un manifeste pour l’approuver tout en demandant l’intégration progressive du peuple congolais dans la gestion de la chose publique avant l’échéance de 30 ans. Par contre, l’ABAKO, à travers son contre-manifeste, voulait l’annulation du plan Bilsen et avait demandé l’indépendance immédiate et sans condition du Congo conduisant à la première crise politique belgo-congolaise. Par cet acte, l’ABAKO était le premier parti-politique à demander l’indépendance du Congo.

En 1958, après une élection largement remportée par l’ABAKO à Léopoldville, il devient le premier bourgmestre noir de la commune de Dendale (aujourd’hui commune de Kasa-Vubu)[2] situé au centre de la ville de Léopoldville (actuellement Kinshasa).

Le 4 janvier 1959, à la suite de l’interdiction par le pouvoir colonial du rassemblement politique de l’ABAKO devant être donné par Joseph Kasa-Vubu et les autres dirigeants de l’ABAKO, de graves émeutes éclatent à Léolpoldville. Les partisans de l’ABAKO revenant du lieu de l’évènement annulé, pour manifester leur colère, s’attaquent aux édifices coloniaux, commerces et magasins appartenant à des Blancs. Il s’est ensuivi un affrontement sanglant avec les forces de l’ordre lourdement armées. Ces émeutes font plusieurs morts et blessés, particulièrement du côté des manifestants.

À la suite de ces graves émeutes, Joseph Kasa-Vubu et les autres dirigeant de l’ABAKO (Daniel Kanza, Gaston Diomi Ndongala, Pindi, etc.) sont recherchés et certains d’entre eux arrêtés, mais à la suite de la pression populaire et politique de plus en plus montante, ils ont été vite libérés. La Belgique a alors ouvert des négociations avec les forces politiques locales, négociations dites de la « table ronde de Bruxelles », pour une indépendance immédiate.

Lors de la table ronde de Bruxelles, Joseph Kasa-Vubu s’est particulièrement illustré en demandant la libération immédiate de Patrice Lumumba et sa participation à la table ronde, menaçant de quitter lui-même la table ronde. Lumumba était incarcéré à la prison de Stanleyville pour un prétendu détournement des fonds de la société qui l’employait au profit de son parti politique. Grâce à son intervention, Lumumba a été libéré et a rejoint la table ronde.

Kasa-Vubu et le gouverneur général du Congo belge Cornelis.
À l’indépendance du pays (30 juin 1960), Joseph Kasa-Vubu est largement élu premier président de la jeune République du Congo par le premier Parlement congolais face à Bolikango. Il dirige le pays du 30 juin 1960 au 24 novembre 1965, dans un contexte de crises politiques, rébellions et tentatives de sécession. Il garde aujourd’hui en République démocratique du Congo une image généralement positive, et reste dans les mémoires comme un homme politique soucieux d’honnêteté et de transparence[3].

Quelques mois après l’indépendance, un conflit ouvert éclata entre Joseph Kasa-Vubu et le Premier ministre Patrice Lumumba. Ce dernier était accusé de mauvaise gouvernance, mais aussi de vouloir conduire le pays vers le communisme et aussi d’entretenir l’anarchie dans le pays notamment en poussant les militaires à se révolter contre les partenaires et techniciens étrangers encore présents au pays – d’où la décision de Joseph Kasa-Vubu de révoquer Lumumba et de demander au Parlement de pouvoir choisir un autre Premier ministre. Ce dernier, à son tour, par un message diffusé à la Radio nationale tenta de révoquer Kasa-Vubu avant d’être mis en résidence surveillée, puis assassiné.

Après avoir été évincé par le coup d’État militaire de Joseph Mobutu en novembre 1965, Joseph Kasa-Vubu fut astreint à résidence par ce dernier et meurt de maladie et du manque de soins en 1969 dans sa résidence surveillée de Kisundi, situé à Boma, dans l’actuelle province du Bas-Congo, à l’extrême ouest de la République démocratique du Congo.

Oscar BISIMWA

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