Le président Félix Tshisekedi a dénoncé samedi des pratiques mafieuses et de « magouille » au sein des forces armées et des institutions de la RDC lors d’une visite dans le Nord-Est du pays en proie aux violences.
« Il y a beaucoup de magouilles qui minent nos forces de sécurité. Il y a la mafia, cette loi de l’omerta, cette loi du silence, c’est à ça qu’il faut s’attaquer », a déclaré le président Tshisekedi à Bunia, capitale de l’Ituri, lors d’un échange avec les représentants de la population de la province.
« Il s’est développé la mafia dans l’armée, dans nos institutions, on l’a vu récemment au Sénat (…) Il faut détricoter cela, patiemment », a insisté le chef de l’État, en visite depuis une semaine dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri.
À la frontière de l’Ouganda, les deux provinces ont été placées en état de siège depuis le 6 mai par Félix Tshisekedi qui y a aussi remplacé les autorités civiles par des officiers de l’armée et de la police.À LIRE RDC : prolongé par Tshisekedi, l’état de siège peut-il ramener la sécurité dans l’Est ?
« L’état de siège c’est pour votre intérêt »
En évoquant le Sénat, il faisait notamment allusion aux sénateurs ayant refusé de statuer sur l’immunité parlementaire de leur collègue, l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo (2012-2016), mis en cause dans une affaire de détournements de fonds publics.
« JE NE SERAI PAS FIER DE MON MANDAT SI JE NE RÈGLE PAS DÉFINITIVEMENT LE PROBLÈME D’INSÉCURITÉ »
Lors de cet échange, les participants ont demandé au chef de l’État de doter l’armée de moyens conséquents pour accomplir sa mission dans la traque des groupes armés. « L’état de siège c’est pour votre intérêt (…) je l’espère d’ailleurs le plus court possible, soyez indulgents, soyez patients », leur a-t-il dit. « Je ne serai pas fier de mon mandat, si je ne règle pas définitivement le problème d’insécurité » dans l’Est du pays, a conclu Félix Tshisekedi.À LIRE RDC : Félix Tshisekedi déjà en campagne pour la présidentielle de 2023
Quelque 120 groupes armés de taille diverse ont été répertoriés dans l’Est de la RDC, d’après le Baromètre sécuritaire du Kivu (KST). Depuis fin 2017, la province de l’Ituri a replongé dans les violences qui ont fait plusieurs centaines de morts. Ces violences sont majoritairement imputées aux miliciens de la Coopérative pour le développement du Congo (Codeco) qui prétendent défendre la communauté Lendu, face aux autres communautés (Hema, Alur).
Par Jeune Afrique avec AFP