Le projet de loi des Finances pour l’exercice 2018 du gouvernement de la RDC, défendu par le Premier ministre Bruno Tshibala vendredi 24 novembre 2017 devant l’Assemblée nationale à Kinshasa, est évalué en recettes et en dépenses à dix mille trois cent treize, trois milliards des francs congolais (environ 5 milliards USD), en tenant compte du taux de change de la fin de l’année, estimée à 1.934 Francs Congolais, le dollar américain.
Parmi les priorités retenues dans cette loi des finances 2018, il est notamment signalé l’organisation des élections, l’arrêt de la dégradation de la situation économique du pays, l’amélioration des conditions de vie de la population ainsi que la restauration de la sécurité des personnes et des biens sur l’ensemble du territoire national.
Ce projet de budget accorde un important volet aux dépenses exceptionnelles pour les opérations électorales en vue de parachever en 2018 les trois scrutins retenus dans le nouveau calendrier électoral de la CENI. Ainsi, 912,5 milliards des francs congolais de ce budget seront alloués à la commission électorale comme ressources en vue d’accélérer les opérations électorales.
Lokondo initie une motion de défiance contre Tshibala
Le député national Henri-Thomas, auteur de la question d’interpellation du premier ministre, Bruno Tshibala, a indiqué qu’il l’a transformé en une motion de défiance. Dans une interview accordée, samedi 25 novembre 2017 à Radio Okapi, il annonce déjà la récolte de 125 signatures de ses collègues de l’Assemblée nationale.
«Je vais continuer. Je vais récolter 125 signatures. Ça peut ou ne pas atteindre ce nombre arrêté au moins j’aurai fait mon travail et le reste ne me concerne pas», a affirmé Henri Thomas Lokondo.
Revenant sur l’incident intervenu vendredi dernier entre lui et le président de la chambre basse, Aubin Minaku, il dit regretter la violation du règlement intérieur de l’Assemblée nationale par le président, qu’il accuse de lui avoir privé le droit de réponses pendant le débat en plénière.
«Le rapport reconnait que chaque député a le droit de faire usage des moyens d’informations et de contrôle qui lui ai reconnu par l’article 138 de la constitution. Maintenant, Tshibala et les communicateurs de la MP sont en train de me vilipender et de m’insulter. Compte tenu de tout ça, j’ai demandé le droit de réponse, il [Aubin Minaku] a refusé parce que c’est lui qui a organisé tout ça», a déploré l’élu de Mbandaka.
Vendredi 24 novembre dernier, le premier ministre Bruno Tshibala avait présenté à l’Assemblée nationale l’économie du projet de loi des finances 2018, en dépit de l’ultimatum de 72 heures que lui avait accordé deux jours plus tôt, le député Henri-Thomas Lokondo pour démission.
Avant l’examen du budget, la plénière a adopté sous une forte tension le rapport sur les conclusions de l’interpellation de Bruno Tshibala. Son auteur, Henri-Thomas Lokondo et le président de l’Assemblée nationale se sont échangés les paroles peu courtoises en présence de toutes les caméras.
Les recettes publiques sont insuffisantes pour promouvoir le développement
Les recettes publiques domestiques sont insuffisantes pour promouvoir la croissance et le développement de la RDC. C’est ce que révèle la Banque mondiale dans ses deux rapports publiés mardi 21 novembre 2017 à Kinshasa.
Le premier rapport porte sur la gestion des dépenses publiques, comment accroitre l’efficacité et l’efficience du secteur public pour promouvoir la croissance et le développement. Le deuxième a trait à l’utilisation de la rente des industries extractives.Selon le premier rapport, le financement du secteur public dépend en grande partie de l’extérieur, notamment l’eau et de l’électricité.
«Dans un pays qui dispose d’autant de ressources énergétiques et hydrauliques, la situation sous optimale de l’eau et de l’électricité résulte d’une large mesure de l’insuffisance d’allocations en ressources financières et de la déficience des entreprises publiques chargées de ces secteurs. Environ 84% du financement est extérieur. 14% de l’autofinancement par la REGIDESO et l’Etat lui n’a contribué qu’à hauteur de 2%», indique le représentant résident a.i de la Banque mondiale en RDC, Laurent Debroux.
Ce rapport révèle que la RDC demeure l’un des pays où le taux d’accès à l’électricité est le plus faible du monde.
Selon les chiffres de 2014, 50 % de la population du pays avait accès à l’eau potable et seulement 14% à l’électricité.
Dans le deuxième rapport, il est beaucoup plus question des industries extractives dont la rente devrait contribuer au bien-être de la population congolaise, précise Laurent Debroux.
Le document propose des scenarios des recettes et des dépenses dans un modèle d’équilibre calculable financé par l’augmentation majeure des recettes, y compris par l’accroissement des rentes minières capturées par l’Etat.
La RDC devrait s’inspirer de l’exemple de la Corée du Sud, a suggéré Chadi Bou Habib, économiste en chef pour la RDC à la Banque mondiale.
«Le président coréen a dit : je regarde, 52% de mon budget est financé par les Etats-Unis. Comment je peux penser à des politiques de financement à long terme si en tant que pays nous n’avons pas les moyens de nos politiques ? Une partie axée sur la réforme fiscale, une autre sur la réforme administrative, une troisième partie sur la transformation structurelle de l’économie (…)», renchérit Chadi Bou Habib.
Les deux rapports ont été remis au vice-ministre des Finances, en présence des ministres du Plan et des Mines.
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