Les détenus de la prison centrale de Kananga manquent de nourriture, a alerté mercredi 9 septembre 2020 l’Association congolaise des droits de l’homme (ACDHO). Selon elle, cette situation date plus d’un mois.
Le coordonnateur de l’ACDHO, Arthur Padinganyi, trouve inadmissible que les personnes déjà privées de liberté soient exposées de cette façon, parce qu’elles n’ont rien à manger pendant plusieurs jours.
Contacté par Radio Okapi, le chef de division provinciale de la justice, Raymond Samasaka, indique que le problème est général dans toutes les prisons du pays, où depuis plusieurs mois, le gouvernement n’a pas envoyé de subsides pour la nourriture des détenus.
Toutefois, indique-t-il, des plaidoyers se poursuivent pour que la situation soit décantée.
KWANGO: 2 DETENUS MEURENT DE FAIM À LA PRISON DE KENGE
Deux détenus sont morts de faim dans la nuit de lundi à mardi 18 août 2020 à la prison centrale de Kenge, chef-lieu de la province du Kwango.
Selon le Directeur de la prison de Kenge, Noé Tshala, les deux détenus morts ont passé de nombreux jours sans rien manger, car il n’y a pas de nourriture dans cette maison carcérale.
Depuis le début de l’année en cours, poursuit-il, ce centre de rééducation n’a bénéficié d’aucun subside du gouvernement central, les prisonniers ne vivent que de la générosité de bons samaritains.
Il ajoute qu’en plus de ces deux décés, il y a encore des détenus qui sont malades et manquent des soins médicaux appropriés. Noé Tshala demande donc au gouvernement central de prendre ses responsabilités en mains.
Pour sa part, le coordonateur de la société civile du Kwango, Lucien Lufutu déplore cette situation.
Selon lui, ce n’est pas normale que les congolais puissent mourir de la sorte dans leur propre pays sans qu’on ne puisse leur garantir le minimum de droits, notamment le droit à la santé, le droit à la vie. Il en appelle donc à plus de responsabilité de la part des autorités compétentes.
La prison centrale de Kenge compte à ce jour près de 115 détenus dont sept femmes et deux mineurs, mais, a la capacité d’accueil d’au moins 35 détenus, a rappelé le Directeur de cette maison carcérale.
KONGO CENTRAL : 4 DÉTENUS MEURENT PAR MANQUE DE NOURRITURE ET DE SOINS DE SANTÉ À TSHELA
Quatre détenus de la prison de Tshela dans la province du Kongo-Central sont morts en moins d’une semaine au mois de mai 2020. Néhémie Nkusu, président de l’ONG la Fraternité des prisons de Tshela qui livre cette information, affirme que ces décès sont dus aux mauvaises conditions carcérales et au manque de nourriture.
La prison centrale de Tshela très délabrée, héberge actuellement 93 prisonniers, alors que sa capacité d’accueil est de 40 détenus, indique l’ONG la Fraternité des prisons de Tshela.
D’après cette organisation, les conditions de détention sont très mauvaises. Les prisonniers mal nourris n’ont droit qu’à un repas constitué du riz et des haricots. Parfois, ils passent une journée entière sans manger, ajoute la même source.
La prison n’a plus d’installations sanitaires et les prisonniers urinent et défèquent en plein air dans l’enclos de la prison.
La nuit, ces détenus qui n’ont ni matelas ni draps, et dorment à même le sol. C’est pourquoi plusieurs d’entre eux sont frappés par la pneumonie, précise la Fraternité des prisons de Tshela. Elle souligne en outre que faute d’infirmerie, plus de 10 détenus sont morts depuis janvier 2020.
Depuis longtemps, ces pensionnaires vivent de la collecte des fonds des églises locales parce que l’enveloppe de 9 millions de francs congolais allouée trimestriellement par le gouvernement central à cette prison est insuffisante. Mais la fermeture des églises a changé la donne.
Pour protéger les détenus face au danger de Coronavirus, à part le seau pour le lavage des mains placé à l’entrée de la prison, il n’y a pas des thermomètres pour la prise de température.
Les pensionnaires jamais sensibilisés sur les gestes barrières continuent de dormir dans la promiscuité, regrette la Fraternité des prisons de Tshela.
La prison de Tshela n’a pas reçu de subventions des autorités gouvernementales depuis cinq mois
Le directeur de cette prison, Joseph Enyola Eyenga, affirme que les conditions de détention dans cette maison carcérale sont actuellement très mauvaises.
D’après lui, le bâtiment de la prison contruit en 1930 n’a jamais été réhabilité, et ni fait l’objet d’une visite des autorités provinciales ou centrales.
Il souligne que, depuis le mois de janvier 2020, l’enveloppe de 9 millions de francs congolais allouée trimestriellement à ce centre pénitentiaire par le gouvernement central ne leur ait pas parvenue.
Pour les nourrir ou les inhumer lorsqu’ils décèdent, Joseph Eniola Eyenga affirme être obligé de s’endetter.
Même les membres des familles de ces pensionnaires, ne rendent pas visite à leurs proches détenus. Seuls les fidèles des églises locales font preuve de charité envers ces prisonniers.
À en croire ce directeur, cette maison carcérale ressemble à un mouroir au regard de l’état de santé de détenus qui s’y trouvent.
Par CR/RO