De passage à Kisangani, capitale de la province de la Tshopo (nord-est de RD Congo), le président Joseph Kabila a exprimé une grande déception une « situation (qui) ne fait que se dégrader », accusant la Majorité présidentielle (MP) d’avoir « failli à sa mission ».
Le chef de l’Etat a fait un état des lieux sans complaisance :
« Deux ans après mon élection au sommet de l’État, je vous ai présenté les défis à relever et depuis tout ce temps la situation ne fait que se dégrader. Pourtant je suis très passionné de développement. La Tshopo, le Haut-Katanga, le Haut Lomami etc. ne devraient nullement pas se trouver dans les situations telles que l’on assiste ce jour. Je suis sorti au volant de ma jeep jusqu’à Wanierukula le constat est plus qu’amer: le pont Maiko cassé. Vers Walikale il ya des Maï-Maï qui insécurisent, nous devons y déployer nos forces ou passeront-elles ? ».
« Il ya 11 ans j’ai créé la MP avec une vision claire. Pas celle de faire d’elle un conglomérat des détourneurs de l’argent de la population en se partageant entre eux au détriment du développement. Les huttes que j’ai vues sur la route de l’aéroport continuent à exister jusqu’à ce jour ? La ville de KISANGANI disparaitra un jour si l’on ne prend pas garde. Ce qui justifie une humiliation que je n’ai jamais connue à KISANGANI comme cette fois-ci et c’est inacceptable! ».
« Non, la situation doit changer. La MP a failli à sa mission. Tout doit changer si ça ne dépendait que de moi, elle devait changer depuis hier, par le fait même que je suis derrière la population. Si tout le monde est envoûté, moi aussi dois-je l’être ? Nous devons revenir des nouvelles bases dans la mesure où le bilan est négatif. Bref, je dois continuer ma vision et quiconque osera par mégarde me mettre les bâtons dans les roues je l’écraserai. Connaissez-vous ma vision ? J’ai besoin de quelqu’un capable de matérialiser cette vision à la Tshopo et non quelqu’un qui va commencer à se distribuer avec ses pairs l’argent de la province au détriment de la population ».
« Les députés provinciaux doivent être des agents de développement capables de booster l’emploi, la sécurité alimentaire, bref de développer la province de la Tshopo en tant qu’émanation du souverain primaire. Bref, prendre des solutions salutaires pour le développement de la province par la mission qui est la leur, celle de représenter, légiférer et contrôler ».
Contrairement aux us et coutumes, c’est le bureau da la mairie de la ville qui a servi aux échanges avec les forces vives pour tenter de sauver cette ville jadis totalement acquise à Joseph Kabila et qui commencer à basculer vers l’opposition à la suite de la mauvaise gestion du pion de la majorité à la tête de cette province.
Après les interventions successivement du président de l’Assemblée provinciale, de son vice-président, du rapporteur adjoint et du questeur suivie d’un décryptage sévère de l’auteur de la motion qui s’est interrogé sur la conséquence juridique du manque de budget pour un gouvernement provincial, la réplique de Kabila a été chirurgicale.
Recours en contestation des candidatures à la Tshopo : la MP à contre-courant
Quand son Autorité morale veut qu’un digne fils puisse matérialiser sa vision, la machine MP brille par des bribes et tâtonnements qui sous-entendent une idée attaquée par son Autorité morale.
Du ticket Simene-Botwetwe, puis celui Wale-Lufungula à Libendele – comme la volonté de Kabila était de voir quelqu’un d’Isangi- comment est-on arrivé à Simene-Tabu?
L’ombre du Tout Puissant Tokole plane sur ce revirement à 180°, simplement parce qu’il a imposé son cousin Tabu afin d’éjecter son titulaire et laisser l’intérim à son cousin. Pour cela il fallait une candidature unique de la MP afin de frustrer non seulement les électeurs – pour s’occuper vite d’éjecter le nouveau gouverneur – mais aussi le souverain primaire qui a jubilé contre la MP après la lecture des arrêts de la cour d’appel de Kisangani vers 18h.
Encore Kabila est intervenu pour sauver le MP sur une énième bourde en demandant de laisser tout le monde à la compétition et aux électeurs de prendre une décision responsable pour leur province. Encore une preuve irréfutable que la MP n’est pas en odeur de sainteté avec son Autorité morale.
La tâche qui attend le nouveau gouverneur pour cette province n’est pas moindre. Si Jean Bamanisa a réussi à faire quelque chose dans cette province et conquérir les cœurs des Boyomaises et des Boyomais c’est simplement parce qu’il était intransigeant et ne répondait pas au dicta de Kinshasa pour le partage d’argent.
« D’où, le prochain gouverneur doit s’inspirer de Jean Bamanisa », nous ont confié deux députés provinciaux de la MP/Tshopo.
Lamaka, Envoyé spécial