L’épiscopat catholique congolais met le curseur sur le processus électoral. A travers « Agenda 2023 », la feuille de route que le Secrétaire général de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), l’abbé Donatien Nshole, a officiellement lancée jeudi 18 mars 2021 au centre interdiocésain de Kinshasa, le clergé catholique tâche de maintenir la pression sur la classe politique, soupçonnée de vouloir jouer aux prolongations. Loin de se tourner le pouce, les évêques donnent le ton et balisent déjà la voie pour la tenue du scrutin de 2023.
Se voulant pragmatique, la CENCO a peaufiné un programme pratique pour préparer l’opinion aux échéances électorales, bravant ainsi la fronde de leurs pourfendeurs qui n’ont pas tardé à déclencher une campagne de dénigrement contre les autorités ecclésiales.
C’est dans cette perspective que l’abbé Donatien Nshole a remis hier la feuille de route de l’épiscopat congolais à l’équipe technique de la CENCO pour sa matérialisation. L' »Agenda 2023″ a été ainsi confié à la Commission épiscopale justice et paix (CEJP), représentée par le Père Clément Makiobo.
Au parfum de l’avalanche déclenchée par la récente déclaration du Comité permanent de la CENCO, l’abbé Nshole a jugé opportun d’apaiser l’ire des partisans du pouvoir qui se sont répandus en invectives contre les princes de l’Eglise.
Aux cadres et militants des partis et regroupements politiques, le porte-parole de l’épiscopat congolais a fait remarquer que « l’Agenda pour les élections de 2023 n’est pas une feuille de route pour combattre les acteurs politiques ».
UN PROGRAMME PLANIFIE
C’est plutôt un programme planifié pour mobiliser la population autour de la question électorale, afin que son vote arrive au pouvoir des personnes et programmes qui répondent à leurs aspirations », a précisé l’abbé Nshole, relayé par un communiqué de presse de la CENCO.
Il rappelle, à cet effet, qu’il y a quelques semaines, les évêques membres du Comité permanent de la CENCO ont été pris à parti après le message qu’ils ont adressé aux fidèles catholiques ainsi qu’aux hommes de bonne volonté au terme de leurs travaux tenus du 22 au 25 février 2021 à Kinshasa.
Dans cette déclaration, les pères évêques ont examiné la situation sociopolitique, sécuritaire et humanitaire de la RDC, a poursuivi l’abbé Nshole.
« S’agissant de la situation sociopolitique, les Evêques membres du Comité permanent ont recommandé au Gouvernement de tout mettre en œuvre pour gagner le pari de l’organisation des élections crédibles, transparentes et apaisées en 2023 et pas plus tard », a évoqué le Secrétaire général de la CENCO.
« Cette déclaration a suscité des réactions diverses, allant jusqu’aux insultes, à la médisance et aux menaces proférées contre certaines personnalités de l’Eglise », fait-il remarquer.
.LE ROLE PROPHETIQUE D' »EVEILLEUR »
« Pourtant, conformément à son rôle prophétique d’+Eveilleur+, la CENCO n’a fait qu’un simple rappel de quelques dispositions des articles 70, 103, 105, 197 et 198 de la Constitution de la RDC qui déterminent la durée et le nombre de mandats du Président de la république, des députés nationaux, des sénateurs, des députés provinciaux ainsi que des gouverneurs et vice-gouverneurs », signale le communiqué de presse de la commission épiscopale.
Secrétaire de la CEJP, le père Clément Makiobo a profité de l’occasion pour souligner le fait que « préparer les élections demande du temps et des moyens ». Il revient donc aux différents acteurs du processus électoral, partis politiques en tête, de s’impliquer réellement dans les différentes phases de ce processus, a-t-il mentionné.
.HALTE AU RETARD DANS LES PREPARATIFS
« Dans tout Etat de droit, l’autorité des pouvoirs publics ne peut être fondée que sur la volonté du peuple, exprimée à la faveur des élections sincères, libres et régulières, c’est-à-dire périodiquement au suffrage universel », a commenté le Père Clément Makiobo.
Pour le secrétaire de la CEJP, le peuple attend concrètement du Parlement de répondre à la question du cadre légal des élections, c’est-à-dire de voter des réformes électorales prioritaires, tout en évitant que ces réformes n’entraînent un retard dans l’organisation des élections.
« En accumulant le retard dans la préparation des élections, on hypothèque leur tenue à la date prévue… Il est (donc) bon de comprendre que les questions politiques sont flexibles et les solutions peuvent rapidement être trouvées, alors que les questions techniques sont rigides », a martelé le Père Clément Makiobo, paraphrasant Corneille Nangaa, le président sortant de la Centrale électorale.
UNE CONTRIBUTION POSITIVE
Le Père Clément Makiobo formule, dès lors, le vœu de voir cette feuille de route « apporter réellement une contribution positive à la consolidation de la démocratie congolaise ».
De même, la paix et la cohésion nationale. « Que cette feuille électorale, dit-il, soit accueillie comme un instrument de travail et d’échange dans un esprit de tolérance et de respect mutuel, permettant ainsi l’émergence d’une authentique culture démocratique chez les citoyens ».
A la lumière de l' »Agenda 2023″, le chargé de programme Education civique et électorale de la CENCO, M. Cyrille Ebotoko, a dévoilé les trois volets de ce document phare, à savoir: Plaidoyer et médiation, Observation électorale et Education civique.
Par Yves KALIKAT (FDA)