« La crise du Covid-19 ne doit pas nous faire oublier les atrocités qui se poursuivent dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC) dans l’indifférence », a prévenu mardi 19 mai 2020 le gynécologue Denis Mukwege prix Nobel de la Paix 2018. « Les massacres sur les populations civiles » se poursuivent en Ituri et au Nord-Kivu, accuse le médecin congolais dans un communiqué.
Plus de 400 civils ont été massacrés par le groupe armé d’origine ougandaise ADF depuis novembre dans le Nord-Kivu où de nouvelles violences sont rapportées au quotidien depuis plusieurs jours.
Au moins cinq personnes ont encore été tuées mardi lors d’une incursion d’assaillants à Mayi Moya à 40 km au nord de Beni, ont indiqué l’administrateur du territoire et la société civile à un correspondant de l’AFP.
Au total « quinze civils ont été massacrés en moins de 48h par les ADF », selon le décompte mardi de l’ONG locale de défense des droits de l’homme Cepadho.
Près de 300 civils ont été massacrés depuis le début de l’année en Ituri, dont une vingtaine dans la nuit de samedi à dimanche. Des violences attribuées à un groupe ethnico-mystique, la Codeco (Coopérative pour le développement du Congo).
« Au Sud-Kivu, les armées rwandaises et burundaises se battent par groupes armés interposés dans les hauts-plateaux de Minembwe, détruisant tout sur leur passage », poursuit le docteur Mukwege.
« Et dans le Tanganyika, les Zambiens qui, jusque-là, avaient entretenu de bonnes relations de voisinage avec la RDCongo, à l’instar de nos voisins de l’Est, ont récemment envahi notre territoire avec des conséquences incalculables pour notre population », ajoute-t-il.
« Les forces armées de la RDC sont en alerte » à la frontière avec la Zambie où « l’armée zambienne poursuit l’occupation de deux localités » en territoire congolais, avait indiqué vendredi dernier le ministre de la Défense, Aimé Ngoy Mukena, selon le compte-rendu du Conseil des ministres.
« Face au Covid-19, le gouvernement a montré qu’il peut faire preuve de volonté politique », reprend le docteur Mukwege, lui-même chargé des équipes de prise en charge dans sa province du Sud-Kivu.
« Il y a urgence pour nos autorités à démontrer également une réelle volonté politique pour mettre fin à l’insécurité à l’est de la RDC », enjoint-il.
Il plaide à nouveau pour « l’établissement d’un tribunal international pénal pour la RDC » et une « réforme profonde des secteurs de la sécurité et de la justice », des solutions contre l’impunité contenues selon lui dans un rapport onusien datant d’il y a dix ans.
Des dizaines de groupes armés sont actifs dans l’est de la RDC, petites milices locales et grosses structures très armées et très meurtrières (Codeco en Ituri, ADF et FDLR au Nord-Kivu).
Onze groupes armés actifs dans le territoire de Lubero (Nord-Kivu) ont déclaré lundi dans un communiqué « l’arrêt immédiat des hostilités dans toutes les zones sous notre contrôle ».
Par La Libre Afrique/AFP