
Amputée de trois athlètes qui ont préféré de ne pas rentrer en RDC, la délégation des lutteurs ayant participé au championnat mondial de luttes junior en Russie est rentrée à Kinshasa le dimanche 29 août 2021, pourchassée par la clameur de scandale sexuel venue d’Ufa, ville russe où elle a établi ses pénates dans un hôtel.
Des fuyards qui ont câblé vers Kinshasa, on en apprend un peu plus sur ce qui s’est passé au sein de la délégation congolaise. Les milieux sportifs congolais, particulièrement ceux de sports de combat, attendaient des plus amples explications non seulement sur l’élimination précoce des quatre Léopards/luttes (les garçons Norva Kalala Bukasa et Josley Tutu Dibo, les dames Kerene Ndaya Mobunga et Djenny Luwambo Kiangebeni) mais aussi sur l’évasion des trois athlètes (les trois premiers cités ci-dessus) ainsi que sur le scandale sexuel qui s’est ébruité jusqu’à faire des gorges très chaudes chez les membres du comité directeur de la FECOLUTTA.
La plupart de ces derniers, au lieu d’éventrer le boa, préfèrent attendre la réunion de la restitution programmée curieusement deux semaines après le retour de six – Eric Kinzambi, chef de la délégation et président intérimaire de la fédération ayant succédé à feue Fatuma Mangaza, le secrétaire général adjoint, deux coachs et un lutteur – des neuf membres de la délégation, c’est-à-dire ce lundi 13 septembre 2021.
Que s’est-il donc passé à Ufa pour que les trois lutteurs se fassent la belle ? D’abord, un avis de recherche émis par le ministère de l’Intérieur de la Russie en République de Bashkortostan nous apprend que les agents d’enquête criminelle « recherchent trois citoyens disparus de la République du Congo ». Ils étaient logés sur « Zurupy street, maison n°98, appartement 9815 ». Avec, en illustration, les photos passeport des deux lutteurs et de la lutteuse. Le tout répercuté également sur les réseaux sociaux.
Ensuite, les véritables motifs de cet « exil » ont été donnés par les incriminés eux-mêmes dans leurs messages envoyés par téléphone à leurs proches.
Ces «évadés » affirment qu’ils ont reçu force menaces et pressions si jamais à leur retour à Kinshasa ils divulguaient les scandales et harcèlements sexuels qui s’étaient déroulés dans les chambres d’hôtel d’Ufa où ils étaient logés.
«Makambo ya zamba etikalaka kaka na zamba» (lisez : on ne dévoile pas au village le secret des événements qui se sont déroulés dans la forêt), a rapporté l’un des lutteurs en répercutant la menace de l’auteur qui aurait laissé entendre que tout athlète contrevenant ne sera plus sélectionné en équipe nationale et on lui fera voir de toutes les couleurs au retour au pays.
De Russie, chaque athlète – Norva Kalala Bukasa, Josley Tutu Dibo, Kerene Ndaya Mobunga et Djenny Luwambo Kiangebeni – a envoyé des messages audios à Kinshasa, confirmant les rentrées nocturnes tardives au retour des beuveries, suivies des harcèlements sexuels et des menaces. Et qu’il y avait eu harcèlement d’une lutteuse tard dans la nuit à la veille de son combat ! Celle-ci l’a avoué dans son audio envoyé à Kinshasa depuis la Russie.
En outre, s’il n’y a pas eu des frais de mission officiels pour le voyage de Russie, comme le leur aurait affirmé le chef de la délégation, qui donc a financé le déplacement et le séjour de cette délégation, mettant ainsi les athlètes à la merci de celui qui détenait le cordon de la bourse !
La réunion du comité directeur de la FECOLUTTA de lundi 13 septembre 2021 devrait aborder ces sujets sans parti pris, d’abord pour sauver l’honneur de la lutte et des athlètes en prêchant par l’exemple ; à savoir montrer à la face du monde sportif dont la Fédération internationale, le ministère des Sports, le Comité olympique et les fédérations sœurs qu’elle sait repousser toute tentative de monnayage de ses décisions, sanctionner sévèrement les coupables d’actes délictueux, protéger la gent féminine sportive, encourager les bonnes actions et initiatives.
Si cette réunion est reportée indéfiniment et les sujets abordés avec légèreté, alors ce comité sera complice de la descente aux enfers de cette noble discipline en RDC.
Il reste à savoir si, au cours de cette réunion, les membres appelleront un chat un chat.Cette affaire ne renvoie pas auprès de l’opinion nationale et internationale une bonne image de marque du dirigeant de la Fédération congolaise de luttes et associées. Il importe de laver ces laver ces linges sales, même au prix de l’exclusion temporaire des brebis galeuses en attendant la tenue de l’Assemblée générale.
Même feu Christophe Olela qui avait réussi à donner à celle-ci ses lettres de noblesse devrait s’indigner dans son caveau. Il faut décourager ceux qui banalisent l’immoralité et la criminalité.
Par A.S.