
En République démocratique du Congo, près de 500 enseignants de quatre provinces de l’Est décident de ne pas reprendre le chemin de l’école le 4 octobre 2021, date prévue pour l’ouverture de la nouvelle année scolaire. Ces enseignants posent comme préalable l’amélioration de leur condition salariale.
Venus du Nord-Kivu, du Sud-Kivu, du Maniema, et du Tanganyika, ces enseignants dénoncent la clochardisation dont ils se disent victimes. Nzigire est enseignante à l’école primaire 2 Ntwali, une école catholique de Bukavu. Elle est en colère : « Chez moi c’est une vie misérable, c’est une vie indésirable vraiment ! Il m’arrive de manquer de quoi donner aux enfants ; pas de nourriture, pas de savon, … donc rien, rien ne va ! Les besoins élémentaires ne sont même pas couverts. L’État me paye 280 000 francs, soit 140$, or je loge dans une maison à 50$, mes deux premières filles font déjà l’université, j’ai trois fils à l’école secondaire; c’est déjà difficile de couvrir ces frais. Vraiment nous vivotons. Je vais rester à la maison jusqu’à ce que l’État puisse respecter ses accords avec les enseignants. »
« Le gouvernement sera tenu responsable de toutes les perturbations »
Pour les professeurs, le régime a tout intérêt à respecter ses promesses liées à la gratuité de l’enseignement. Bahala Shamavu Innocent est le président de la Force Syndicale Nationale, FOSSYNAT/Nord-Kivu, c’est lui qui lit la déclaration finale : « Pour une rentrée scolaire 2021-2022 apaisée et effective, les enseignants exigent du gouvernement de payer le 2e et le 3e palier en attendant le barème salarial prévu dans le budget 2022 qui fixe le salaire de l’enseignant le moins payé à 400$ le mois, supprimer les zones salariales sur toute l’étendue de la République, payer tous les enseignants, nouvelles unités et non payés. Faute de la prise en compte des préalables çi-haut, le gouvernement congolais sera tenu responsable de toutes les perturbations qui en découleraient ».
Les enseignants mettent en garde quiconque tenterait d’obliger certains d’entre eux à reprendre les cours avant que leurs problèmes ne trouvent une solution.
Avec le correspondant de RFI à Bukavu, William Basimike