Cinq réfugiés congolais ont été tués et une vingtaine de blessés par la police lors de la dispersion d’une manifestation dans un camp situé au Rwanda, a annoncé vendredi 23 février 2018 la police à Kigali.
La répression de cette manifestation dans le camp de réfugiés de Kiziba, dans l’ouest du Rwanda, est intervenue après plusieurs jours de protestation contre la réduction des rations alimentaires.
« Des manifestants violents armés de pierres, de bâtons et de projectiles en fer ont agressé et blessé sept policiers », a affirmé le porte-parole de la police rwandaise, Theos Badege. Les policiers ont donc été « contraints d’utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser » ces manifestants.
« Malheureusement, 20 émeutiers ont été blessés, dont cinq ont succombé à leurs blessures », a ajouté le porte-parole, sans préciser la nature des blessures subies. Le gouvernement avait dans un premier temps affirmé qu’il n’y avait pas eu de morts.
Environ 2.000 réfugiés ont commencé à protester mardi contre la réduction des rations alimentaires dans ce camp où vivent quelque 17.000 personnes venues de l’est de la République démocratique du Congo (RDC), certaines il y a plus de vingt ans.
La décision de réduire d’un quart les rations alimentaires a été prise par le Programme alimentaire mondial (PAM), en raison « d’un manque de fonds », selon Jean-Claude Rwahama, responsable rwandais de la politique des réfugiés. Outre des Congolais, le Rwanda accueille aussi des réfugiés d’un autre pays voisin, le Burundi: au total, 173.000 personnes réparties dans six camps.
Le Haut commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), a affirmé n’avoir reçu que 2% des 80 millions d’euros qui lui avaient été promis par la communauté internationale pour venir en aide à ces réfugiés au Rwanda en 2017.
Parc des Virunga : appel au retrait des armées congolaise et rwandaise
Un collectif d’organisations congolaises de protection de l’environnement a appelé au retrait des armées congolaise et rwandaise du parc des Virunga, après des affrontements les ayant opposé la semaine dernière et qui mettent en péril l’existence des gorilles de montagnes.
Dans une lettre adressée au secrétariat de la Conférence internationale sur la région des grands lacs (CIRGL), 11 ONG congolaises invitent l’organisation à demander à la RDC et au Rwanda « de retirer leurs armées » de cette zone du massif des Virunga situé entre les volcans Sabinyo et le mont Mikeno à la frontière entre les deux pays.
La présence permanente de ces deux armées de part et d’autre de la frontière met « en péril tous les efforts consentis depuis des années pour la protection de cette espèce », ajoute cette lettre consultée vendredi par l’AFP.
« Si rien n’est fait, pour protéger ce sanctuaire des gorilles, nous assisterons à l’extinction de cette espèce rare », a déclaré à l’AFP Bantu Lukambo, un des signataires de la lettre.
Menacés de disparition, les derniers gorilles des montagnes vivent aux confins de la République démocratique du Congo (RDC), du Rwanda et de l’Ouganda dans le massif des Virunga. Leur nombre a progressivement augmenté ces dernières années grâce aux efforts de conservation et atteint désormais près de 900 individus.
Les 11 ONG basées à Goma, capitale du Nord-Kivu, appellent également la CIRGL à « assainir cette zone des engins non explosés », une région considérée comme un repaire des groupes armés.
La semaine dernière, les Forces armées de RDC avaient fait état de violents combats au pied du mont Mikeno près de la frontière avec le Rwanda.
L’armée congolaise a accusé des troupes régulières rwandaises d’avoir occupé des positions « à l’intérieur des frontières congolaises », une version rejetée par Kigali.
L’est de la RDC est déchiré par des conflits armés depuis plus de vingt ans. Des dizaines de groupes armés soutenus parfois par des pays voisins se battent pour le contrôle des zones riches en ressources naturelles.
Par AFP/CR