Ville de Beni | |
Route principale de Beni | |
Administration | |
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Pays | République démocratique du Congo |
Communes | Beu, Bungulu, Mulekera, Ruwenzori |
Province | Nord-Kivu |
Députés de la ville | Arsène Mwaka Bwenge et Grégoire Kiro Tsongo |
Maire | Masumbuko Bwanakawa Nyonyi |
Démographie | |
Population | 99 501 hab. (2012) |
Géographie | |
Coordonnées | 0° 29′ 18″ nord, 29° 27′ 32″ est |
Divers | |
Langue nationale | Kiswahili |
Langue officielle | français |
Localisation | |
Pas facile de vivre en ville à Beni
Ces habitants qui quittent la campagne pour s’installer en ville ! Des expériences parfois douloureuses et pas faciles. Parfois synonyme carrément de pauvreté et de souffrance.
Assis dans la cour de sa parcelle, Ézéchiel Kisongora se lamente de la vie misérable qu’il mène avec sa famille en ville, après avoir quitté son champ à Mayangose.
C’était en 2019. Il parle de ses hectares de champs de cacao qui pourrissent aujourd’hui pendant que lui, sa femme, et ses 10 enfants, passent des jours sans manger.
« À Mayangose je vivais dans la tranquillité parce que j’y avais bien préparé mon avenir en cultivant le cacao, manioc ainsi que les légumineuses que j’ai dû abandonner »
Un abandon forcé. Ses champs et ceux de ses voisins se sont retrouvés occupés par les rebelles Ougandais de l’ADF auteurs de plusieurs massacres dans les villages abandonnés.
La ville n’est pas la campagne
Aujourd’hui Ézéchiel, sa famille ainsi que ses voisins qui avaient fui Mayangose mènent une vie misérable à Beni.
Pour avoir quelque-chose à se mettre sous la dent, Ézéchiel Kisongora est obligé de faire des petits travaux rémunérateurs. Il regrette ses sacs de cacao qu’il récoltait chaque mois
« Chaque mois je récoltais deux sacs et demi de cacao, ce qui me permettait de payer les frais scolaires de mes enfants. Mais aujourd’hui je suis locataire et si je ne travaille que pour les autres, mes enfants n’auront rien à mettre sous la dent et c’est pas aussi facile de trouver des petits travaux rémunérateurs. »
Et pourtant Ézéchiel Kisongora vit mieux que certains anciens habitants de Beni.
Certaines filles qui avaient dû quitter les villages, elles aussi pour la ville, se livrent désormais à la prostitution. On les aperçoit souvent dans les grandes artères de Beni, où les balcons des magasins qui leurs servent d’hôtels. Certaines sont même mineures, exposées aux maladies et aux violences sexuelles en tous genre.
Une situation qui révolte ici. Alors pour tenter d’éviter cette vie misérable aux victimes de l’exode rural, le porte-parole de l’association africaine de défense des droits de l’homme, Asadho dans le Nord-Kivu Kizito, Bin Hangi, demande au gouvernement de la RDC de restaurer la paix dans les zones affectées
« L’état congolais doit imposer une paix durable pour que dans la campagne la situation s’améliore, parce que c’est dans les villages qu’on trouve la nourriture, pour subvenir aux besoins des habitants qui sont dans la ville. »
En attendant une solution durable, le calvaire des victimes de l’exode rural continue et l’espoir de retourner dans leurs villages s’éloigne à causes des groupes armés dans leurs villages respectifs.John Kanyunyu.
LA VILLE DE BENI ACCUEILLE UN IMPORTANT MARCHÉ LOCAL
Beni est une ville du nord-est de la République démocratique du Congo, située à proximité du Parc national des Virunga, sur le plateau du mont Ruwenzori (5 119 m d’altitude), en bordure de la forêt de l’Ituri. Elle se trouve à 70 km de Kasindi, une cité qui fait frontière avec l’Ouganda. Elle est parmi les 9 villes socio-économiques de la République démocratique du Congo. Ces 9 villes sont : Baraka, Bandundu, Beni, Boma, Butembo, Likasi, Mwene-Ditu, Uvira et Zongo.
La ville accueille un important marché local, et possède un aéroport (code AITA : BNC). Elle fut le théâtre de violents affrontements en 2001 au cours de la Deuxième guerre du Congo. Cette ville a permis au gouvernement central de Kinshasa de reprendre le contrôle militaire et administratif de l’est du pays pendant la guerre d’agression menée par les pays voisins qui souhaitaient la balkanisation de la République démocratique du Congo afin de contrôler les republiquettes qui devaient en résulter, surtout dans sa partie orientale très convoitée pour ses minerais et son sol productif. Cette réunification du pays était l’œuvre d’Antipas Mbusa Nyamwisi, président du RDC/K-ML.
Histoire
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Fin du xixe siècle
C’est en 1894 que les Belges installent un poste d’État dans ce qui est le territoire administratif actuel de Beni[1]. Avant cette date, les archives sur Beni sont toutes constituées de la mine d’informations recueillies auprès des missionnaires catholiques de la Société des missionnaires d’Afrique (ou Pères blancs) qui s’étaient lancés à la conquête spirituelle de cette contrée où ils craignaient d’être devancés par des anglicans anglophones venant de l’Ouganda ainsi que par d’autres missions protestantes.
La correspondance datant de 1889 à 1897 et échangée entre le Père Auguste Achte depuis l’Ouganda où il servait en tant que missionnaire et son Supérieur général, Mgr Léon Livinhac, est très instructive à maints égards. On y apprend, par exemple, que les explorateurs Stanley et Emin Pacha (1889/1890) étaient de passage « dans cette contrée » de Beni. Ce fut d’ailleurs au cours de ce passage en 1889 que Stanley découvrit le mont Rwenzori dont le sommet était à l’époque couvert de neige sur 7 km2. Depuis, la fonte de ce glacier africain unique s’est accentuée par le fait du changement climatique au point qu’il ne reste plus qu’un petit km² des glaciers[2].
La correspondance des missionnaires susmentionnés renseigne également que le Père Auguste Achte se mit à l’apprentissage du swahili auprès du Père Guillermain, en prévision de son affectation « au-delà de la Semliki », expression qui désignait Beni et ses environs. On en déduit que la population de Beni parlait déjà swahili au xixe siècle[3]. En effet, l’islam imposé par les Arabes et des esclavagistes arabisés se développe dans la région de Beni à partir de 1870, ce qui pourrait expliquer en partie l’usage du swahili en tant que langue véhiculaire de l’époque, sachant que le swahili tire de la langue arabe une bonne partie de son vocabulaire.
Jusqu’aux années 1900, Beni et Irumu faisaient partie de la zone administrative du Haut-Ituri. Vers 1902, Beni fut rattaché à Rutshuru dans le Kivu, marquant ainsi sa séparation définitive d’avec Irumu.
Toponymie
La ville de Beni doit son nom à Mbene, un chef coutumier très influent qui administra cette agglomération avant l’« arrivée des Blancs ». Par la tradition orale, il nous est parvenu l’anecdote suivante : un colon belge s’enquit du nom du village auprès des autochtones. « Chez Mbene », lui répondirent-ils. Mais dans ses notes, le Belge retiendra « Beni » et ce fut dès lors le nom donné à ce village. La sacralisation de toute parole sortant de la bouche d’un Blanc à l’époque coloniale pourrait se vérifier dans plusieurs domaines.
Citons, par exemple, les noms donnés à plusieurs sites, quartiers et rivières autour de la ville de Beni. Ils témoigneraient d’une forte influence des colons belges au Congo-Léopoldville en général et dans l’est du pays en particulier. « Boïkene », c’est le nom d’un des quartiers huppés de Beni. Ce quartier doit ce nom à un Belge qui aurait souhaité un « bon week-end », en fin de semaine, à l’équipe de cantonniers qu’il dirigeait. Nos cantonniers analphabètes ont cru entendre le Blanc leur dire que ce lieu s’appellerait « Bo-ï-Kene » et se mirent à propager la nouvelle autour d’eux. De Cité Belge (vers Mabolio), un autre Blanc se serait intéressé à la montagne qui surplombe ce village et aurait demandé aux badauds : « Qu’y a-t-il là-haut? » Depuis, ladite montagne s’appelle « La-o ». Et un autre colon belge, alors qu’il se trouvait sur la route de Mangina, donna ordre à ses accompagnateurs : « Passez ici et suivez le chemin de la brousse ! ». Ces pauvres gens se dirent entre eux, très enthousiasmés : « Le Blanc dit que ce village s’appelle ‘Pa-sse-si’ et que de l’autre côté où son doigt était pointé c’est ‘Bou-rou-sse’ ». Ainsi seraient nés les noms de Pasisi et de Burutsu. Enfin, pour ce qui est de l’origine du nom porté par la rivière Semliki, on raconte qu’un explorateur aurait demandé à un pêcheur qu’il trouva en train de pêcher de lui communiquer le nom de cette rivière. Pensant que ce Blanc s’intéressait à ses modestes prises de la journée, il lui glissa laconiquement en kinande : « Si-mu-li-ki » ce qui, traduit, veut dire : « Il n’y a rien dedans ». Mais dans son carnet de voyages, l’explorateur indiqua qu’un indigène lui a révélé le vrai nom de cette majestueuse rivière.
Carrefour commercial et usines à café
L’agglomération de Beni revêtait une importance capitale, eu égard à sa position stratégique. Les Belges firent de ce lieu un chef-lieu administratif et un carrefour commercial tourné vers l’Ouganda et le Kenya par le poste frontalier de Kasindi. Une communauté grecque rompue dans le commerce s’y implanta en y érigeant des maisons originales encore visibles de nos jours où le devant abritait l’échoppe tandis que l’arrière maison servait de résidence. Les missionnaires catholiques s’établirent sur les hauteurs de Beni-Païda où ils construisirent une église, des couvents et l’une des premières écoles de la région sous l’impulsion d’Henri Pierard, un missionnaire belge.
Dans le milieu des années 1970 jusqu’à la fin des années 1980, Beni connut son âge d’or grâce à l’implantation dans cette agglomération de nombreuses usines à café et de grandes sociétés d’exportations parmi lesquelles on peut citer UPAK. Beni est, en effet, la seule région au monde produisant à la fois l’arabica et le robusta. L’or vert ainsi que la papaïne se vendaient bien à l’export à telle enseigne que la cité attira l’attention de plusieurs banques nationales qui y ouvrirent des agences ou succursales. Ce fut le cas de la Banque Commerciale Zaïroise (BCZ) suivie plus tard de la Banque de Kinshasa (BK), de la Banque du Peuple (BDP) et de l’Union Zaïroise de Banques (UZB).
La chute des cours de café dans les années 1990 et le pillage des biens de 1991 et 1993 sous le régime du dictateur Mobutu mirent à mal les opérateurs économiques. Pourtant, le marché du café était régulé et sa vente réglementée par un système assez complexe des timbres OIC sous l’égide de l’Office Zaïrois du Café (Ozacaf). Les autorités instaurèrent un autre principe, celui de la rétention de café afin de créer de la rareté sur le marché mondial. Mais sans succès. Beaucoup de sociétés firent alors faillite, les plantations de caféiers furent laissées à l’abandon. Les usines de café qui ne fonctionnaient qu’avec de groupes électrogènes devinrent inexploitables à cause de la flambée des prix de carburant importé du Kenya, la région n’étant pas électrifiée. Les paysans revinrent à la production du café pilonné de piètre qualité car décortiqué de manière artisanale et sans être calibré ce qui, sur le marché mondial, contribua à dégrader l’image du café produit au Zaïre. Les routes de desserte agricole se dégradèrent inexorablement et l’évacuation des produits agricoles vers Beni devint un véritable cauchemar pour les entreprises. Le tronçon routier d’une importance vitale reliant Beni à Kisangani devint impraticable, celui de Beni-Kasindi très dangereux car non entretenu et occupé par endroits par des coupeurs de route, des rebelles « Mumbiri » ou « Ngilima » venant de Lume, le pied du mont Ruwenzori. La crise qui s’ensuivit fut douloureuse et plongea Beni dans une situation économique désastreuse.
Contribuant encore à dégrader la situation, la trachéomycose fit son apparition dans la région et affecta surtout le café robusta. Cette maladie, surnommée « le sida du café », agit sur la dégénérescence du système vasculaire du caféier. La rumeur se répandit que la consommation de café victime de trachéomycose pourrait être nuisible à la santé, voire cancérigène, ce qui dégrada la confiance des rares acheteurs potentiels et contribua à la dépréciation du prix du café produit au Kivu. Les palmeraies supplantèrent les caféiers, mais l’huile de palme est une production moins rentable que ne l’était le café vert. Le développement de la culture de cet oléagineux a permis de rendre la région de Beni autosuffisante et de la voir ainsi se passer de Kisangani et d’Isiro jusqu’alors grandes pourvoyeuses de cette huile, mais contrairement au café vert, l’huile de palme n’est pas exportée. Quelques années plus tard, les agriculteurs de Beni trouvèrent une alternative en se reconvertissant dans la culture du cacao.
Guerres du Congo 1995-1998
Les deux dernières guerres du Congo (1996, 1998) eurent pour conséquence l’exode rural des populations. Ainsi Beni, à l’instar de Butembo et des autres villes de l’est du pays, voit la cité se développer très rapidement, les nouveaux venus étant essentiellement des déplacés de guerre fuyant leurs villages à la suite des exactions commises par des éléments incontrôlés de l’armée régulière ou par des rebelles. Paradoxalement, lorsque le mouvement rebelle RCD-KML dirigé par Mbusa Nyamwisi, natif de la région, s’empara de cette partie du territoire congolais, il s’observa un nouveau dynamisme entrepreneurial auprès de jeunes commerçants. En fait, ce mouvement rebelle favorisa les importations des biens et des produits manufacturés en instaurant, aux frontières qu’il contrôlait, des tarifs forfaitaires très compétitifs. Ces mesures douanières incitatives firent oublier que la région était trop dangereuse pour y investir. Les commerçants saisirent cette opportunité et dégagèrent en retour des marges importantes au point que la prospérité de leurs affaires intrigua les autorités de Kinshasa lorsque le territoire national fut réunifié. En effet, ces autorités se rendirent compte des progrès économiques enregistrés et de la montée en puissance d’une classe moyenne à l’est du pays, territoire qui échappait jusqu’alors à leur pouvoir.
xxie siècle
Ayant encore en mémoire le traumatisme causé par le pillage de leurs biens sous Mobutu (1991, 1993), les habitants de Beni et de ses environs s’investirent dans l’immobilier en construisant des maisons, des villas et des immeubles « que personne ne pourra leur dérober la nuit ». Cette prise de conscience se révéla payante et, du jour au lendemain, ce que fut une cité sans âme devint une ville urbanisée, propre et grouillante d’activités. La cité de Beni fut officiellement élevée au rang de « ville » en 1998 par le Président de la République Laurent-Désiré Kabila. La majorité de sa population est composée de personnes issus de l’ethnie Nandé. Beni se veut une ville hospitalière et ouverte au monde extérieur. Le projet en cours relatif à la réhabilitation de l’aérodrome de Beni Mavivi, à côté de Mavivi, va dans le sens de l’ouverture à l’international de cette région enclavée. En effet, la quasi-totalité de missions d’affaires vers ou au départ de Beni-Lubero passent jusqu’à présent par l’aéroport d’Entebbe, en Ouganda.
Une loi votée en 2014 par le Parlement porte sur la création en RDC des Zones économiques spéciales (ZES). Ce sont des espaces industriels spécifiques bénéficiant d’exonérations fiscales pour les entreprises qui s’y implantent, un modèle qui a déjà fait ses preuves dans le monde à l’instar de Shenzhen, Dubaï, Hong Kong, etc. La zone qui abritera la ZES de Beni-Butembo n’est pas encore délimitée. Toutefois, cette zone se situera entre les deux villes précitées. La question de l’électricité se posera alors avec acuité car jusqu’en 2014, la ville de Beni n’était toujours pas électrifiée, freinant les opérateurs économiques dans l’industrialisation de la région[4].
En ville et dans le Beni (territoire), les accrochages ont été nombreux et meurtriers en 2014 et 2015 (12 mai 2015, particulièrement)[5]. Après un premier semestre 2016 chargé (une centaine de personnes)[6], un nouveau massacre, de 42 personnes, s’y est déroulé le samedi 13 août 2016[7],[8].
Depuis l’élection de Julien Kahongya au poste de Gouverneur du Nord-Kivu[9] en 2007, Beni était dirigée par Jules Mungwana Kasereka, jusqu’à sa suspension le lundi 14 avril 2008 par l’arrêté N° 052 du 12 avril 2008[10]. L’intérim a été assuré par le chef de bureau de la mairie jusqu’à l’élection de Masumbuko Nyonyi Bwanakawa, un ancien joueur du Football Club Beni-Sport, qui a commencé sa carrière politique au côté de Antipas Mbusa Nyamwisi au sein du RCD/K-ML, avant de se tourner vers le MLC de Jean-Pierre Bemba et, finalement, de revenir au PPRD, le parti qui se réclame de Joseph Kabila.
En octobre 2020, le maire par intérim est Modeste Bakwanamaha[11].
Administrations
La cité de Beni était dirigée successivement par plusieurs autorités depuis l’accession du pays à l’indépendance. Parmi celles qui se sont distinguées par leur bravoure en période difficile[réf. nécessaire], figurent :
- Kilembo Manda
- Sikul’yvasaka Makala
- Masumbuko Nyonyi BwanakawaI, un ancien du MLC de Bemba ; aujourd’hui allié du PPRD, parti au pouvoir.
Période | Identité | Étiquette | Qualité | |
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septembre 2008 | – | Mafunza Bayengo | RDC-KML | maire[12] |
Toutes les données ne sont pas encore connues. | ||||
septembre 2008 | – | Masumbuko Nyonyi BwanakawaI | PPRD | maire |