En RD Congo, le député Toussaint Alinga propose d’initier une pétition contre le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku. Il l’accuse de se comporter comme secrétaire général de la Majorité présidentielle (MP) à la tête de la chambre basse et se dit insatisfait de la manière dont il mène les débats dans l’hémicycle.
«Le président Minaku est en train de vider la démocratie parlementaire de sa toute substance. Il est en même temps, secrétaire général de la MP et président de l’Assemblée nationale. Il participe aux stratagèmes de la majorité contre l’opposition, et au même moment il vient appliquer ces stratagèmes au sein de l’institution. Aujourd’hui, il viole intentionnellement le règlement intérieur », précise-t-il. Selon lui, il est temps «que les députés prennent leurs responsabilités en mains.»
«Nous devons initier une pétition contre son comportement. Nous demandons à nos collègues députés de se saisir de cette situation pour voter et sanctionner le comportement de notre président», a plaidé le député Alonga, vendredi 6 octobre 2017.
Modérer selon les principes
Pour sa part, Aubin Minaku estime que l’Assemblée nationale demeure « un temple de la démocratie ». Mais, son rôle n’est pas du tout facile.
Aubin Minaku, a ajouté que face à une divergence de points de vue entre opposition et majorité au sein de l’hémicycle, son rôle est de modérer dans le respect des principes.
«La démocratie dans une institution délibérante, c’est notamment le respect des procédures. Le problème ici est qu’il y a une pratique dans cette assemblée consistant à faire intervenir des motions incidentielles à l’occasion du traitement des motions de défiance», a expliqué le président de l’Assemblée nationale, se référant à la motion incidentielle du député Zacharie Bababaswe, qui s’opposait aux deux motions de défiance contre les ministres Emmanuel Ramazani [Intérieur] et Alexis Thambwe Mwamba [Justice].
Face à cette situation, la plénière a été totalement divisée et le bureau a décidé de saisir la Cour constitutionnelle, a-t-il expliqué.
Aubin Minaku dit cependant avoir noté une controverse sur l’interprétation de l’arrêt de la Cour :
«La Cour a rendu son arrêt. Je me rends compte qu’il y a controverse de l’interprétation de l’arrêt. Il y a eu une motion incidentielle et la plénière souveraine devrait avoir un point de vue sur l’arrêt. Voilà pourquoi j’ai autorisé qu’il y ait quatre intervenants afin que nous évoquions la question de l’arrêt. C’est tout à fait logique et conforme aux réalités d’un temple de la démocratie.».
Les motions de défiance contre Emmanuel Ramazani et Alexis Thambwe rejetées
Les motions de défiance contre le vice-premier ministre et ministre de l’Intérieur, Emmanuel Ramazani Shadari, et celle initiée contre le ministre d’Etat, ministre de la Justice, Alexis Thambwe Mwamba ont été rejetées, vendredi 6 octobre 2017, lors de la plénière de l’examen de ces deux motions.
Elles ont été mises en échec par une motion incidentielle du député Zacharie Bababaswe. Ce dernier a dénoncé des fraudes en signature et en date dans les deux motions de défiance.
Les députés signatures de ces deux motions reporchaient à Emmanuel Shadari et Alexis Thambwe Mwamba la répression des manifestations et les évasions dans les prisons.
Ces deux motions ont été mises en échec. Ainsi, les ministres de l’Intérieur et de la Justice ont été épargnés d’être déchus, s’en félicite le député Oswald Mukingi de la MP.
«Avec les efforts que le gouvernement est en train de fournir et la paix qui revient dans le Kasaï, on ne pouvait que rejeter cette motion», a-t-il expliqué.
La motion incidentielle du député Zacharie Bababaswe a suscité des protestations de la part des députés de l’opposition.
Le débat à l’Assemblée nationale s’est déroulé dans une forte pression et les élus nationaux de l’opposition ont boycotté la plénière.Ce qui fait dire à Fabrice Puela que c’est une honte pour l’Assemblée nationale.
«La question principale est une motion de défiance. On ne peut pas lui opposer une motion incidentielle. C’est grave, c’est violer et la constitution et le règlement intérieur», a déploré Fabrice Puela.
De son côté, le député Henri Thomas Lokondo de la MP regrette qu’on ait étouffé le débat de deux motions de défiance.
«Nous sommes une institution qui doit éclairer davantage l’opinion avec les questions orales avec débats. Il ne faut pas faire des choses comme ça», a renchérit l’élu de Mbandaka.
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