Un homme lit les inscriptions sur la banderole du débat public sur le droit à la liberté de manifestation pacifique en RDC, le 23/10/2018 à Kinshasa.
Dans son rapport publié mardi 16 juin 2020, intitulé ‘’République démocratique du Congo. Sans suite ! Pas de justice pour les victimes de la répression brutale de 2015-2018’’ Amnesty International affirme que « le président de la RDC Félix Tshisekedi a renié les promesses faites lors de son investiture de renforcer l’État de droit, de lutter contre l’impunité et de garantir la justice, laissant dans le désespoir des centaines de familles dont des membres ont été tués lors de la crise préélectorale qu’a connue le pays ».
L’ONG de défense de droits de l’homme rappelle que neuf mois après avoir accédé au pouvoir, le Président Tshisekedi avait déclaré qu’il ne voulait pas « fouiner dans le passé ». Cependant déplore l’ONG, depuis lors, il n’a rien fait pour que des enquêtes soient menées sur la mort d’au moins 320 personnes tuées lors des manifestations survenues entre 2015 et 2018. D’où cet appel :
« Le président Félix Tshisekedi et son gouvernement doivent reconnaître la douleur qu’endurent les victimes et leurs familles et s’engager publiquement à poursuivre efficacement et dans les plus brefs délais les responsables présumés de ces actes », a déclaré Deprose Muchena, directeur du bureau régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe d’Amnesty International.
Dans ce rapport, Amnesty International fait état de 115 entretiens qu’elle a réalisés auprès de rescapés et de membres des familles des victimes sur leur quête de justice. Beaucoup d’entre eux, affirme l’ONG, ont exprimé leurs frustrations face à l’inertie des autorités à mener des enquêtes et à poursuivre les auteurs présumés.
« Plusieurs familles ont déclaré que l’absence d’enquête face aux plaintes qui avaient été déposées les a découragées de demander justice. D’autres ont indiqué qu’elles avaient peur de saisir la justice par crainte de représailles. Certaines d’entre elles considèrent la justice comme un luxe réservé aux riches », ajoute Amnesty International.
Pour l’organisation, le président Félix Tshisekedi doit reconnaître les souffrances des victimes et rompre avec l’impunité qui prévalait dans le passé afin de garantir que justice soit rendue.
« Les demandes de justice par les victimes et leurs familles pour les violations des droits humains ne peuvent pas être considérées comme des tracas qu’on peut éluder. Le président Félix Tshisekedi doit reconnaître leur souffrance et rompre avec l’impunité qui prévalait dans le passé afin de garantir que justice soit rendue », conclut Deprose Muchena.
Par CR/RO