Par Angelo Mobateli
Le président Félix Tshisekedi, après son investiture le 24 janvier 2019, avait lancé son programme d’urgence de 100 jours. Exécutable endéans 3 mois et 10 jours, il devait être achevé au plus tard le 30 juin de la même année.
Le 20 mai 2019, il avait nommé le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Celui-ci, à cause d’interminables négociations politiques liées à la répartition des postes ministériels entre les parties à la coalition FCC (Front commun pour le Congo) et le CACH (Camp pour le changement), n’avait pris ses fonctions que le 9 septembre 2019, après après avoir fait la remise et la reprise avec son prédécesseur Bruno Tshibala, concomutament avec les autres membres de son gouvernement.
Ainsi, l’ancien Premier ministre Bruno Tshibala, dont le gouvernement était toujours démissionnaire, avait continué à assurer la gestion des affaires courantes pendant que les discussions sur la formation du gouvernement se poursuivent.
Plusieurs observateurs estimaient que pour permettre au pays de fonctionner d’une manière normale, il serait mieux que les deux Premiers ministres procèdent à la remise et reprise afin que le nouveau Premier ministre commence à travailler en attendant la formation du gouvernement. En vain.
TSHISEKEDI SE DONNE 100 JOURS POUR CONVAINCRE
« Le nouveau président congolais a dévoilé, samedi 2 mars à Kinshasa, son programme d’urgence pour les 100 premiers jours de son mandat. D’un coût estimé à quelques 300 millions de dollars, il comporte plusieurs volets, notamment la réhabilitation d’infrastructures socio économiques, la sécurité et aussi des mesures de décrispation. Très attendu pour ses premiers pas, Félix Tshisekedi va devoir imprimer sa marque et convaincre dans un délai de grâce relativement cours au regard de la tâche… Cent (100) jours pour marquer la rupture et annoncer les couleurs du nouveau mandat, c’est le délai que le président congolais s’est donné », avait rapporté Radio Okapi.
À cette occasion, une cérémonie solennelle avait été organisée à l’esplanade de l’Echangeur de la commune de Limete à Kinshasa, en présence des membres du gouvernement sortant parmi lesquels le Premier ministre Bruno Tshibala, ainsi qu’un public venu nombreux.
Le président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo y avait. dévoilé son programme axé sur la sécurité, la justice, les infrastructures et voies de communication, l’éducation, la santé et des mesures de décrispation. Il avait énuméré toute une série de mesures et d’actions qu’il envisage de mettre en œuvre durant ses 100 premiers jours de mandat, assurant ses compatriotes que « l’intérêt du peuple continuera à constituer le fil conducteur de toutes les actions que je vais mener durant mandat ».
La construction des routes, la réhabilitation des écoles et des centres de santé, l’amélioration du pouvoir d’achat des populations, les mesures d’aide aux démunis ainsi que plusieurs autres actions et mesures envisagées avaient été évaluées à 304 millions USD, dont 206 millions USD seraient mobilisés par le Trésor public, 70 millions USD proviendraient du Fonds de promotion de l’industrie (FPI) et 23 millions USD du Fonds national d’entretien routier (FONER).
Le Chef de l’État avait, dans la foulée, annoncé des mesures en faveur de la promotion de l’emploi, principalement pour les jeunes et pour assurer la sécurité dans plusieurs zones du pays en conflits.
Au secteur privé, il avait assuré qu’il accordera une attention particulière au secteur minier avec la mise en place d’une structure au niveau de la Présidence qui sera chargée du suivi du secteur minier, avec comme objectif l’assainissement du climat des affaires, la vulgarisation du nouveau code minier et la conclusion des contrats miniers gagnant-gagnant.
ODEP : « Le Programme de 100 jours est exécuté à 8,7% »
L’étude de l’Observatoire de la Dépense Publique (ODEP) rapporte que, pour le volume des projets lancés de janvier à septembre 2019 évalué à 2,481 milliards USD, il s’observe un taux d’exécution de 8,7%. Les projets de l’ordre de 2,265 milliards USD n’ont pas connu un début d’exécution.
Selon l’Odep, la gestion des finances a été caractérisée notamment par le faible financement du programme de 100 jours, la prépondérance des marchés de gré à gré, des écoles sur financées et surfacturées, faible exécution des projets route, une violation du circuit de la dépense publique et du Manuel de procédure ainsi qu’une concentration des ressources au sein des institutions.
En effet, le programme de 100 jours était estimé au départ à 304 millions USD. Dans la phase de mise en œuvre, l’ODEP constate que les projets lancés ont une valeur de 2,481 milliards USD. Les informations recueillis auprès du ministère du Budget, du Fonds de promotion de l’industrie (FPI) et du Fonds national d’entretien routier (FONER), à fin septembre 2019 indique ce programme a connu un paiement avoisinant 216 millions USD soit 71,05%.
Comparativement au volume des projets lancés depuis le début de l’année de 2,481 milliards USD, il s’observe un taux d’exécution de 8,7%. Les projets de l’ordre de 2,265 milliards USD n’ont toujours pas connu un début d’exécution.
À l’heure du bilan et des comptes, la bonne gouvernance voudrait qu’on sache à qui incombe la non execution du programme d’urgence de 100 jours dans les délais fixés. D’autant plus que les principaux acteurs avaient assuré à haute et très intelligible voix que « l:argent est là ».
Par Angelo Mobateli