La défense de Vital Kamerhe, Directeur de cabinet du Chef de l’Etat, a évoqué le lundi 11 mai à l’occasion de l’ouverture du procès de l’intéressé en chambre foraine à la Prison Centrale de Makala, entre autres raisons de la demande de renvoi de la cause au 25 mai 2020, l’impératif de lever copies de 40.000 pièces consignées dans l’acte d’accusation ficelé par le ministère public. Le chiffre, naturellement, intrigue plus d’un observateur et sème le doute quant à la volonté de ce prévenu de luxe d’ouvrir la boîte de Pandore, comme le laissaient croire certaines cadres et militants de son parti politique, l’UNC (Union pour la Nation Congolaise).
On aurait cru à une affabulation si l’organe de la loi n’avait pas communiqué publiquement et en direct à la Radio Télévision Nationale Congolaise et sur sa propre chaîne, Canal Futur, ainsi que la radio Top Congo, cette constellation de documents qui annoncent un procès explosif.
LE DOUTE EST PERMIS
Vital Kamerhe est-il réellement capable de procéder à un déballage public dans le dossier du financement des travaux d’urgence de 100 jours du Chef de l’Etat, sans y laisser ses propres plumes ?
Le doute est d’autant permis que dès les premiers échanges entre lui et les juges, il a été déploré une attitude maladroite non seulement de plaider non coupable, mais surtout de chercher des boucs émissaires au sein du cabinet de la Présidence, dont il était pourtant le célébrissime « Coach », perçu pendant longtemps comme plus « puissant » que le Chef de l’Etat lui-même.
L’on se demande si Kamerhe, en cherchant à se dédouaner en citant des collaborateurs et des ministres alors sous ses ordres, a choisi la bonne méthodologie pour se tirer d’affaires. Attend-il du directeur de cabinet adjoint Eberande, du conseiller Nicolas Kazadi, des ex- ministres des Infrastructures et Travaux Publics (Thomas Luhaka), des Finances (Henri Yav Mulang), du Budget (Pierre Kangudia), et du Gouverneur de la Banque Centrale du Congo, des témoignages de complaisance pour brouiller les pistes de la justice ? L’effet contraire pourrait être que les uns et les autres sortent de leur devoir de réserve pour l’enfoncer davantage devant la barre du Tribunal de Grande Instance de Gombe.
Car, dans le premier dossier sous examen, à savoir celui du détournement de plus de 48 millions de dollars américains dans le marché de gré à gré de construction de 3000 maisons préfabriquées pour l’armée et la police, confié à la société Samibo de Samih Jammal, leur négation réciproque de tout lien de familiarité et de tout contact pourrait les rattraper à travers la « forêt » des 40.000 pièces à conviction.
DES INTERROGATIONS
L’opinion reste curieuse de savoir comment Samih Jammal qui ne connaissait pas Kamerhe est allé jusqu’à offrir gracieusement à sa belle-fille, Soraya Mpiana, une concession valant plus d’un million de dollars américains au quartier Basoko, dans la baie de Ngaliema.
Elle aimerait surtout connaître la destination prise par un fonds pour lequel le Libanais a pu justifier l’utilisation de 8000 millions, avant de devenir aphone en ce qui concerne la différence.
On se demande aussi comment le Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat s’est permis d’ignorer Muhima, un fonctionnaire « stratégique » dans le dispositif de l’import-export à la Présidence de la République, en faveur de qui il avait signé un ordre de mission pour Dar-es-Salaam, en Tanzanie, pour le dédouanement d’une partie des maisons préfabriquées, à hauteur de près de 2 millions de dollars américains, sans que la marchandise ne soit ramenée à Kinshasa. Que s’est-il passé dans cette transaction qui sent le roussi ?
Avec la version livrée par ce chef de division devant le TG/Gombe, on ne peut pas soutenir que Vital Kamehre est bien parti pour faire la démonstration de son innocence dans les détournements monstres mis à sa charge et dont l’affaire des maisons préfabriquées ne constitue qu’un échantillon.
La défense avait exigé une forte publicité médiatique autour du procès. Elle est bien servie mais le cours du jeu ne semble pas à son avantage.
Par Kimp (LePh)