La production de manioc en République démocratique du Congo (RDC), évaluée à environ 15 millions de tonnes par an (3e rang mondial), est une activité importante pour l’économie de ce pays, dont c’est l’une des principales cultures. La consommation annuelle moyenne de manioc par habitant, évaluée à 353 kg, y est la plus élevée au monde.
Le Zaïre, désormais RDC, était en 1996, le premier consommateur mondial de manioc, suivi par la République du Congo.Champ de manioc en RDC.Plant de manioc résistant aux maladies.
Histoire
Le manioc (Manihot esculenta), plante cultivée pérenne originaire d’Amérique du Sud, a été introduite en 1558 en Afrique, dans le bassin du Congo, depuis le Brésil, par les Portugais.
Cette culture était censée combattre la famine. Les agriculteurs de la région du Congo, habitués à cultiver des denrées de base comme le mil, la banane et l’igname, ont volontairement adopté le manioc, car cette plante était exempte de ravageurs et permettait une culture fiable en période de sécheresse, entièrement destinée à l’époque à la consommation intérieure sans perspective d’exportation.
Environ 22 % des terres cultivées en république démocratique du Congo (RDC) étaient consacrées au manioc en 1959. Au début des années 1970, la bactériose vasculaire du manioc a entraîné l’échec total de la récolte et provoqué la famine
Utilisation
La RDC détient le record mondial de consommation moyenne de manioc par habitant, soit 353 kg par an, ce qui équivaut à 145 kg sous forme de farine. La farine transformée en pâte est connue sous le nom de « fou-fou ». Le pays est également le principal consommateur de feuilles de manioc sous forme de légumes cuisinés, ces feuilles étant riches en protéines, calcium, vitamine A et vitamine C. Les produits à base de manioc fabriqués et utilisés en RDC comprennent notamment des produits de boulangerie à base de farine non fermentée, de la pâte et des gaufres, ainsi que des produits industriels tels que l’amidon, l’alcool et des biocarburants.
Production
La production de manioc est possible sur plus de 50 % de la superficie du territoire de la RDC[9]. Selon une estimation de la FAO, en 2000, la production de manioc, cultivé sur une superficie de 2 millions d’hectares, s’élevait à 16,5 millions de tonnes. La région sud produisait 2,4 millions de tonnes sur une superficie de 358 000 ha.
Une nouvelle variété de manioc, appelée TME 419, sélectionnée pour obtenir de meilleurs rendements, devrait remplacer progressivement la variété actuelle F100, qui est affectée par une maladie virale, la « mosaïque du manioc ». Cette variété est devenue populaire dans l’ouest de la RDC avec un rendement et des bénéfices bien supérieurs pour les agriculteurs. Il est probable que sa culture s’étendra dans le reste du pays dans un avenir proche.
Le manioc biofortifié en vitamine A (manioc jaune) est une autre variété introduite dans les quatre provinces de Kinshasa, Bas-Congo, Orientale et Kivu afin d’assurer la sécurité alimentaire et d’améliorer les revenus des agriculteurs. Sa production s’élevait à environ 16 millions de tonnes en 2012. Il est prévu d’étendre sa culture dans 750 000 communautés agricoles en 2018.
La production de la culture la plus importante en RDC est limitée par plusieurs facteurs tels que les infestations de parasites, l’outillage inadéquat pour la galvanoplastie et les infrastructures inadaptées. La pulpe de manioc fermentée et séchée, connue sous le nom de « cossettes », est produite selon un procédé simple et ne nécessite pas beaucoup de travail, tandis que le « chickwangue » est un produit transformé à base de manioc bien connu en RDC.
Les banques invitées à financer la chaîne de valeur du manioc
Les banques commerciales sont invitées à accompagner le développement de la chaine de valeur du manioc en RDC. C’est l’une des recommandations formulées par les participants au Forum qui s’est tenu à Kinshasa du 18 au 22 septembre 2018. Elles sont contenues dans une feuille de route, laquelle permettra au gouvernement d’améliorer son plan d’action national pour la filière manioc.
Dans le lot de recommandations phares, figure notamment la mise en place des structures d’incitation pour le développement du secteur manioc, la relance de l’initiative Présidentielle sur le manioc, le développement et la dissémination des normes pour les produits à base du manioc.
Chérif Alimasi Bilubi, directeur de cabinet au ministère de l’Agriculture, a rappelé dans son mot de clôture selon l’ACP, les points chauds autour desquels les participants se sont attardés. Il a cité entre autres : la mise en place d’un dispositif institutionnel afin de coordonner les efforts nationaux de transformer du manioc, l’adoption d’une approche réglementaire pragmatique et flexible basée sur le marché formel et l’amélioration des coûts réduits du processus de production, de transformation et de commercialisation.
Les discussions en commissions ont été également axées sur la promotion des vertus et dérivés de la filière manioc capables de se substituer dans le processus de fabrication de pain et d’autres produits de confiserie au blé et la disponibilité des intrants agricoles à des meilleurs prix.
Pour l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA)/RDC, il est une nécessité de développer une valeur du manioc pour que cette culture puisse jouer un rôle important dans l’économie congolaise.
« Ce rôle consiste à produire des dividendes par la réduction des importations des produits vivriers, notamment le blé, le riz ainsi que la farine de froment. La réduction de 10% des importations du blé seulement engendre 7% d’épargnes en devises », a indiqué Bamba Zoumana, le représentant résident.
Il a laissé entendre qu’après ce forum, son organisation compte élaborer, avec l’appui des partenaires au développement, une feuille de route de développement de la filière manioc en RDC. Le gouvernement ainsi invité à créer un Comité de suivi pour la concrétisation de différentes résolutions qui ont découlé des assises sur le développement de la chaîne de valeur du manioc.
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Les participants sont restés convaincus que la RDC ne peut pas se développer sans le développement de l’agriculture, de la filière manioc dont le produit est consommé sur l’ensemble du territoire national.
En rappel, ces assises de Kinshasa organisées conjointement par le ministère de l’Agriculture et l’Institut International d’Agriculture Tropicale (IITA), avec le financement du programme Technologies pour la transformation de l’agriculture en Afrique (TTAA).
Avec Wikipédia/Emilie MBOYO (Zoom Eco)