Selon plusieurs sources, la ville de Bukavu (Sud-Kivu) s’est réveillée, le 1er juillet 2020, avec des drapeaux noir-jaune-bleu proclamant une « République du Kivu » accrochés à plusieurs arbres de la ville. Ils ont attiré l’attention des habitants, qui s’interrogeaient sur les auteurs de cette proclamation non revendiquée.
Jusque dans les années 90, le Kivu était, avec le Katanga et le Bas-Congo (aujourd’hui Kongo-central), la région la plus favorable au fédéralisme en raison du sentiment, commun à ces trois régions moins pauvres que les autres, qu’elles étaient les vaches à lait de Kinshasa, où les parvenus au pouvoir se gobergeaient à leurs frais.
Les conflits armés qui se sont succédé à l’est du Congo ont fortement effacé ce sentiment autonomiste, parce que les habitants avaient peur d’être « avalés » par les armées des pays voisins, Rwanda et Ouganda en tête. Ils se raccrochaient donc au reste du Congo.
La situation semble avoir changé avec la pandémie du Covid-19. Alors que Kinshasa, de loin la zone la plus touchée, était contrainte de se confiner – du moins son centre politique et économique, la Gombe – et bloquait les voyages en avion vers les provinces pour ne pas les contaminer, le sentiment au Kivu s’est accru selon lequel on pouvait fort bien se passer de la capitale, vue comme une source d’ennuis et incapable de mettre fin aux exactions des groupes armés, malgré plusieurs proclamations en ce sens.
Certaines sources soupçonnent en outre une action des partisans de Vital Kamerhe, le directeur de cabinet du président Tshisekedi récemment condamné à 20 ans de prison pour détournement de fonds publics et originaire du Sud-Kivu. Ils attiseraient l’agitation indépendantiste par mesure de rétorsion. Lors des protestations contre la condamnation de M. Kamerhe, cependant, ces partisans avaient semblé peu nombreux.
Par.Marie-France Cros (La Libre Afrique)