La République Démocratique du Congo a connu trois grands génocides au cours de son histoire. Désormais, ce pays africain est en train de vivre son quatrième génocide à la grande indifférence de nombreux médias.
Membres de l’ONU en RDC pour évaluer la situation sécuritaire et humanitaire, nov 2018 Il faut remonter à l’époque de l’esclavage pour assister au premier génocide congolais avec un bilan conséquent de plus de 10.000.000 de morts. Quelques siècles plus tard a lieu le deuxième génocide. De 1885 à 1908, le Congo colonisé par la Belgique, est gouverné par le roi belge Léopold II. Se servant du pays africain comme de sa propriété et des Congolais comme ses sujets, il a été coupable d’un génocide qui a ôté la vie à 15.000.000 de personnes.
Le troisième génocide est parti du pays voisin, le Rwanda. Paul Kagamé, président autoritaire, a été à l’origine d’une guerre entre différentes ethnies en 1994. Poursuivie par différents groupes radicaux, cette guerre a déjà fait plus de 15 millions de morts et continue à impacter la République Démocratique du Congo. La guerre déclenchée en 1996 perdure. La RDC a été envahie par des armées étrangères, majoritairement composées de troupes du Rwanda et de l’Ouganda, parrainées par les Etats-Unis et les Anglo-Saxons. Les enjeux majeurs de cet envahissement étaient d’obtenir les ressources minières du Congo. Désormais, c’est l’Est du Congo qui est en pôle position face aux conflits internes. La ville de Beni est en première ligne des massacres, violences et pillages quotidiens. Les civils sont souvent tués par des groupes armés ougandais notamment par le groupe des Forces démocratiques alliées (ADF) qui attaque dans des zones inaccessibles aux forces de sécurité. Un autre groupe armée rwandais, les Forces Démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), sévit depuis des années dans l’Est de la RDC. Opposé au gouvernement de Kigali, ce groupe, créé en 1994, est connu pour ses activités criminelles, pillages et meurtres au Rwanda comme au Congo. Avec 107 personnes tuées à l’arme blanche entre le 5 novembre et le 3 décembre 2019, le bilan s’aggrave de jour en jour. Les massacres perpétués au Congo sont continus. Malgré le nombre conséquent de morts le terme de génocide n’est pas encore admis officiellement par les grandes instances internationales.
Une vague de soutiens pour la reconnaissance du génocide congolais
Publication du rappeur Bramsito sur le réseau social Instagram en soutien aux massacres du Congo © BramsitoofficielSuite à ces massacres quotidiens, la communauté française d’origine congolaise se mobilise fortement. Outre les différents rappeurs comme Kalash Criminel, Bramsito, Naza ou encore Gradur qui dénoncent les drames survenus via les réseaux sociaux, de nombreuses personnes profitent de ces mêmes réseaux pour afficher leur soutien grâce à une photo représentant le génocide. En effet, cette trace de main pleine de sang sur un fond blanc représente les nombreux décès et violences subies.
Le lundi 2 décembre a été décretée comme une journée de deuil et de prières par les institutions catholiques en solidarité envers les victimes touchées par cette tragédie. L’assemblée des évêques ainsi que l’archevêque de Bukavu demandent aux autorités d’êtres plus présentes pour éviter ce massacre: « Nous exhortons les autorités régionales, nationales et internationales à s’impliquer davantage pour la sauvegarde de la paix, de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale de la RD Congo. Que ces hautes instances veillent à soulager les souffrances des communautés tant éprouvées. Ce jour de deuil et de prière sera chômé dans tous nos services ecclésiaux et sociaux. »
Le pays pillé depuis la fin de la colonisation pour ses richesses n’est en effet pas aidé par les grandes puissances mondiales souvent en faveur de cette guerre qui leur permettrait d’avoir les ressources naturelles congolaises à moindre prix. En effet, depuis la fin de la colonisation et la dette africaine envers les pays développés, les ressources naturelles sont exploitées et pillées à leurs dépends. Le contexte historique et économique de la République Démocratique du Congo ainsi que sa proximité avec des zones de guerre décime sa population depuis des décennies. Le terme de génocide n’est toujours pas employé pourtant les massacres continuent et sont un vrai désastre. Pour permettre aux Congolais de sortir de ce cercle vicieux, une intervention extérieure devient primordiale.
Par Olesya Arsenieva Rédigé le 07/01/2020 (dernière modification le 27/12/2019)