Le président Félix Tshisekedi a prononcé, lundi 14 décembre 2020, son discours sur l’état de la nation alors que les kabilistes quittaient en masse le FCC pour se rallier à son « Union sacrée ».
Après l’annonce par le président Tshisekedi, le 6 décembre 2020, qu’il rompait sa coalition avec les kabilistes, quelques ralliements de ses alliés avaient été annoncés en faveur de son “Union sacrée” pour une nouvelle majorité, tshisekediste celle-ci. “Union sacrée”, un nom repris – certainement pas par hasard – à la grande époque des succès de son père Etienne Tshisekedi, alors très populaire, dans sa lutte contre Mobutu.
Le 10 décembre 2020, cependant, le camp tshisekediste a montré sa capacité à séduire des kabilistes, lorsque la présidente de l’Assemblée nationale, la kabiliste Jeanine Mabunda, a été destituée par un vote des députés, en compagnie de tout son bureau, alors que la coalition à laquelle elle appartient, le FCC (Front commun pour le Congo), pensait disposer de quelque 330 députés sur 500.
Mme Mabunda a chargé, samedi 12 décembre 2020, des avocats de déposer un recours devant le Conseil d’État contre son éviction. Tandis que lundi 14 décembre 2020, un mouvement citoyen, Les Congolais Debout, a demandé une enquête sur les accusations d’achat de consciences répandues sur les réseaux sociaux.
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Hémorragie
Depuis l’éviction de Mme Mabunda, cependant, les rats quittent le navire FCC par partis entiers. Le 10 décembre 2020, l’ADRP de François Rubota a ainsi amené ses 23 députés nationaux à l’Union sacrée, ainsi que son sénateur, ses deux ministres et ses 24 députés provinciaux.
Le 12 décembre 2020, c’était le tour du BUREC de Julien Paluku, chantre du kabilisme au Nord-Kivu, qui, le 5 septembre dernier, appelait encore les jeunes kabilstes à se mobiliser pour récupérer la Présidence en 2023; il amène à l’Union sacrée ses 10 députés nationaux, ses 18 députés provinciaux et son sénateur.
Le 13 décembre 2020, ce sont Les Républicains de Kengo wa Dondo, ex-président du Sénat, qui se sont transférés dans le camp tshisekediste.
Tirant la conséquence logique de cette Bérézina, le coordonateur du FCC, Néhemie Mwilanya, a présenté sa démission à Joseph Kabila, qui l’a acceptée lundi. L’ancien Président a limogé au passage son ex-candidat malheureux à la Présidence en décembre 2018, Emmanuel Ramazani Shadary, visé par des sanctions européennes qui viennent d’être prolongées d’un an.
C’est dans cette atmosphère de débandade dans le camp kabiliste que le chef de l’Etat a prononcé devant le parlement réuni en congrès, lundi, son deuxième discours sur l’état de la Nation.
Il a justifié sa décision de mettre fin à sa coalition avec Joseph Kabila en assurant: “Malgré les efforts que j’ai déployés, les sacrifices que j’ai consentis, les humiliations que j’ai tolérées, cela n’a pas suffit à faire fonctionner harmonieusement” la coalition, ce qui a rendu “aléatoire la concrétisation du changement” qu’il veut amener. Il voit dans la destitution de Mme Mabunda “un indice sérieux de maturité politique” des députés.
Par Marie-France Cros (Afrique.lalilbre.be)