Dans un discours tenu devant les deux chambres du parlement le 15 décembre 2020, le président congolais a pris acte de sa rupture avec son prédécesseur. Il va désormais devoir trouver de nouveaux alliés pour gouverner cet immense pays d’Afrique centrale. L’ex-président Kabila s’est retiré à Kolwesi, l’un de ses fiefs.
Une semaine après la fin de la coalition formée par le parti présidentiel, le Cap pour le changement (cash) et le parti de l’ancien président Joseph Kabila, le Front commun pour le Congo (FCC), Félix Tshisekedi a pris la parole, lundi 14 décembre, devant les deux chambres du Parlement réunies en Congrès. Un discours attendu qui a permis au président congolais de revenir sur sa rupture avec Joseph Kabila.
RD-Congo : le président Félix Tshisekedi tente de s’affranchir de Joseph Kabila
« Malgré les efforts que j’ai déployés, les sacrifices que j’ai consentis et les humiliations que j’ai tolérées, cela n’a pas suffi à faire fonctionner harmonieusement cette coalition », a-t-il déploré. Il en a appelé à « la formation d’un gouvernement d’union sacrée de la Nation qui travaillera en harmonie avec le chef de l’État », précisant que la « feuille de route du prochain gouvernement qui sera issu de la nouvelle coalition nous engagera sans répit ».
À la recherche d’une majorité
La recherche d’une majorité est indispensable pour le président congolais. Pour l’heure, c’est encore le FCC qui domine la vie politique congolaise : le premier ministre et les deux tiers des 65 ministères du gouvernement sont issus de ses rangs, ainsi que la majorité à l’Assemblée et au Sénat. Cependant, le camp présidentiel a lancé de grandes manœuvres pour former une nouvelle majorité en multipliant, d’abord, les appels en direction des partis de l’opposition. Des manœuvres aussi en direction des élus du FCC.
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Un double rapprochement qui a permis d’obtenir la destitution, le 10 décembre, de la présidente pro-Kabila de l’Assemblée, Jeanine Mabunda, approuvée par une majorité de 281 députés sur 500.
La réponse de Joseph Kabila
De son côté, Joseph Kabila a quitté Kinshasa pour Kolwezi, le vendredi 11 décembre. Cette ville, chef-lieu de la province de Lulaba, est à la fois son fief électoral et la capitale mondiale du cobalt. Quelques jours avant, il devait se rendre à Lubumbashi dans le Katanga, l’une des régions les plus riches au monde en ressources minières. Un déplacement annulé au dernier moment pour une raison inconnue.
Au RD-Congo, le président Tshisekedi en difficulté
De Kolwezi, Joseph Kabila n’a pas encore pris la parole pour commenter la chute de la présidente de l’assemblée et la rupture de la coalition qu’il formait avec Tshisekedi. Des médias locaux spéculent sur le départ de Joseph Kabila en direction du Zimbabwe et de Cuba.
L’arrivée de chefs des opérations militaires de l’ONU
L’ONU a exprimé son inquiétude sur les turbulences qui traversent la vie politique congolaise. Lundi 14 décembre, le secrétaire général adjoint des Nations unies pour les opérations de paix, Jean-Pierre Lacroix, a commencé une visite de quatre jours en RDC.
Après avoir rencontré, à Kinshasa, l’opposant Martin Fayulu, qui revendique toujours la victoire à l’élection présidentielle du 30 décembre 2018, il a ensuite échangé avec des membres du FCC. « Nous avons attiré l’attention du secrétaire général adjoint des Nations unies sur toutes ces ruptures », a déclaré l’ancien directeur de cabinet du président Kabila, Néhémie Mwilanya, principal responsable du FCC. Et il devait rencontrer, dans la journée de mardi 15 décembre, le président Tshisekedi.
Par Laurent Larcher (La Croix)