Les ONG internationales travaillant dans le pays, dont Médecins du Monde, lancent conjointement un appel à la communauté internationale pour financer les 1,98 milliard de dollars nécessaires pour répondre aux besoins les plus urgents de la population congolaise.
Plus de 19,6 millions de personnes en République démocratique du Congo (RDC) ont besoin d’aide humanitaire cette année selon le Plan de réponse humanitaire 2021, soit une augmentation de quatre millions de personnes en un an seulement.
Dans ce contexte, les ONG internationales qui interviennent dans le pays, dont Médecins du Monde, tirent la sonnette d’alarme. Des générations de familles congolaises ont souffert des conflits, des déplacements, de l’insécurité alimentaire et de la multiplication des épidémies, notamment Ebola et le Covid-19.
Aujourd’hui, une personne sur douze dans le monde ayant besoin d’une aide humanitaire vient de la RDC. Cette année plus que jamais, Médecins du Monde appelle la communauté internationale à donner la priorité aux ressources destinées aux pays ayant les besoins les plus urgents, comme la RDC.
LA RDC FACE À DES CRISES QUI S’ACCUMULENT
Un enfant dans les rues de Kinshasa
La RDC a la deuxième plus grande population déplacée dans le monde après la Syrie – 5,5 millions de personnes – en raison des conflits que le pays connaît. En outre, la RDC est confrontée à l’une des pires crises alimentaires au monde aujourd’hui.
Le pays est également confronté à des épidémies telles que le choléra, la rougeole, la peste bubonique et la fièvre jaune. Pour aggraver la situation, de nouveaux cas de la maladie du virus Ebola ont été annoncés le 7 février 2021.
N’étant pas une exception, le pays est également touché par le Covid-19. Les difficultés économiques liées à la pandémie ont entrainé une augmentation de la pauvreté et de la précarité dans le pays.
Les conflits, les attaques contre les civils et les violences sexuelles et sexistes se généralisent et suscitent de graves préoccupations en matière de protection. L’État de droit est souvent inexistant, les groupes armés dictent leurs règles et commettent des exactions contre les civils et surtout contre les femmes lorsqu’elles se déplacent hors des villages.
Les années scolaires sont bouleversées et les enfants sont à la merci des groupes armés parce qu’ils ne bénéficient pas de l’environnement protecteur qu’offrent les écoles. Les besoins sont immenses, et l’impératif humanitaire est plus pressant que jamais.
INTERVENTIONS HUMANITAIRES SOUS HAUTE TENSION
Face à ce constat, Médecins du Monde continue à œuvrer auprès des plus vulnérables dans un environnement extrêmement difficile. Les contraintes d’accès dues aux réseaux routiers inaccessibles, ainsi que l’insécurité et les obstacles administratifs continuent à être un défi majeur pour tous les acteurs.
« 42 enlèvements, 18 personnes blessées et 10 tuées, en 2020. »
Dans le même temps, la RDC continue d’être l’un des pays les plus dangereux pour les travailleurs humanitaires. Selon l’Organisation internationale pour la sécurité des ONG (INSO), 303 incidents visant le personnel des ONG ont été signalés, avec 42 enlèvements, 18 personnes blessées et 10 tuées, en 2020.
En 2021, l’attaque d’un convoi du Programme Alimentaire Mondial (PAM) dans le Nord-Kivu le 22 février, s’est soldée par trois victimes, l’ambassadeur italien dans le pays, son garde du corps et le chauffeur du PAM. Pourtant, nous ne devons pas oublier que les premières victimes de cette insécurité sont les communautés locales, les femmes, les hommes et les enfants congolais.
» CETTE CRISE EST SOUS-FINANCÉE «
Le déséquilibre des ressources par rapport aux besoins est immense. Bien qu’elle soit considérée comme l’une des plus grandes crises du monde aujourd’hui en termes de nombre de personnes dans le besoin, la RDC était classée 32ème en termes de couverture financière en 2020, avec un financement de 800 millions de dollars au lieu des 2 milliards nécessaires (soit 39 % de la somme seulement) à la fin de l’année 2020, ce qui fait du pays l’un des plus négligés et sous-financés par rapport aux besoins.
« Une augmentation drastique des violences depuis le début de la pandémie. »
«Cette crise est sous-financée alors que les besoins humanitaires restent toujours importants, notamment dans le Tanganyika où presque la moitié de la population est en insécurité alimentaire.
Rien qu’en 2020, Médecins du Monde a traité 1500 enfants atteints de malnutrition sévère dans la région et nos équipes qui prennent en charge les survivantes de violences liées au genre (mariages précoces, violences conjugales, viols, agressions, privations de ressources) ont noté une augmentation drastique de ces violences depuis le début de la pandémie », déclare Sara Pizzocaro, coordinatrice générale de Médecins du Monde en RDC.
Médecins du Monde se joint à l’appel lancé à la communauté internationale pour que davantage de fonds soient alloués aux acteurs humanitaires intervenant en RDC.
Avec Médecins du Monde