Déogratias Mutombo Mwana Nyembo, gouverneur de la banque centrale du Congo animant la dernière réunion du comité de politique monétaire(CMP).
Le Comité de Conjoncture Économique du gouvernement, élargie la semaine dernière à la FEC et à l’ANEP autour du Premier Ministre ILUNGA ILUNKAMBA avait annoncé que les efforts du Gouvernement commençaient à produire des effets, notamment la stabilité du taux de change.
Cette question de la dépréciation du franc congolais était également au centre de la réunion extraordinaire du comité de politique monétaire de la banque centrale du Congo, il y a un peu plus d’une semaine à Kinshasa.
Réunion extraordinaire parce que la parité ‘’franc congolais – dollar américain’’ affichait un pic de 2050 francs congolais pour un dollar américain sur le marché parallèle et 2036 francs pour un dollars au taux officiel.
Comment en est-on arrivé là et que fait l’autorité monétaire qui est la Banque Centrale du Congo pour stopper cette descente aux enfers.
Depuis le début de l’année 2020 à ce jour, le franc congolais a connu une dépréciation de 15,17%. Ce taux est 7 fois supérieur à celui réalisé pour toute l’année 2019 ou la dépréciation n’était que de 2,23%.
Pour le gouverneur de la Banque centrale du Congo, cette situation est due au manque de production locale, au choc imposé par la crise sanitaire de la Covid-19. Mais Deogratias Mutombo va un peu plus loin.
« C’est parce qu’il y a eu des déficits publics. Et pourquoi il y a eu déficits publics ? c’est parce que la collecte des ressources publiques diminue de plus en plus du fait de la baisse des activités due aux mesures de riposte que nous avons prises en interne. C’est vrai qu’avant Covid-19 les recettes n’augmentaient pas, mais avec Covid-19, elles ont diminué davantage. En revanche les dépenses n’ont pas diminué proportionnellement. Donc d’une part vous avez les recettes qui diminuent et des dépenses qui ne diminuent pas. Il y a un déficit, déficit finance par la banque centrale et il y a expansion monétaire, laquelle expansion monétaire alimente la demande de biens et services alors que l’offre de ces biens et service diminue » a-t-il expliqué
Les dépenses de l’Etat sont toujours en hausse face à une faible mobilisation des recettes publiques. La gestion est donc déficitaire et la banque centrale doit tourner la planche à billet pour le combler.Francs congolais
Le comité de politique monétaire ainsi réuni le 5 aout 2020 a pris un train de mesures pour stopper cette dépréciation du franc congolais, laquelle dépréciation entraine des conséquences néfastes dans tous les secteurs de la vie économique du pays.
« Ce qu’il faut recommander, c’est de suspendre tous les paiements non-prioritaires de l’Etat jusqu’à la résorption du déficit. Cependant, il faut dégager de marges budgétaires, il faut améliorer la qualité des dépenses, pas de dépenses inutiles, aujourd’hui on ne peut pas se le permettre. Il y a des volets amélioration de la mobilisation des recettes. Tout le monde sait que le pays souffre de la fraude fiscale depuis des années. Et pour résoudre ce problème, pour nous permettre d’améliorer la mobilisation des recettes, il faut commencer par supprimer la multiplicité des taxes légales, je dis bien les perceptions légales qui sont opérées par plusieurs services publics, il faut qu’on mette un terme à ça. Il y a toujours eu des résistances. Au niveau des postes frontières par exemple, il faut simplifier le bulletin de liquidation de la DGDA. Prenez ce bulletin de liquidation et regardez les perceptions connexes qu’il y a dedans, c’est beaucoup de taxes pour rien. Et il faut aussi s’attaquer à la multiplicité des taxes illégales, parce qu’il y en a beaucoup. Parce qu’au lieu de quatre services habilités à opérer aux postes frontières, il y a plus d’une dizaine. Avec un container qu’on peut dédouaner chez nos voisins à trois mille dollars, ici chez nous vous êtes à quinze mille ou vingt mille dollars pour rien et dans le trésor, il y a à peine 20% qui tombe. Tout le reste se volatilise dans les taxes illégales multiples. On va continuer comme ça jusque à quand ? » s’est-il interrogé
Dans l’immédiat, la banque centrale du Congo demande aux opérateurs miniers à respecter la règlementation de change en vigueur. Celle-ci leur impose de rapatrier 60% des recettes de leurs exportations. Ces fonds rapatriés peuvent soutenir l’économie locale et répondre aux besoins en devises des opérateurs économiques.
Par CRCR/RO