Les Organisations de la Société Civile (OSC) spécialisées dans le monitoring du secteur énergétique en République Démocratique du Congo (RDC), après avoir analysé le discours-programme du président Félix-Antoine Tshisekedi dans un atelier qui s’est tenu à Kinshasa lundi 18 et mardi 19 mars 2019, soutiennent que « le projet Inga 3 ne va pas résoudre la problématique du déficit énergétique de la RDC » et appellent à « l’actualisation de la politique énergétique nationale ».
« Par rapport au Projet Inga 3, la SC est contre sa mise en œuvre (car) la mauvaise gouvernance qui a caractérisé la gestion des projets Inga 1 et 2 a laissé une mauvaise expérience à la Société Civile; le coût élevé du projet risque d’occasionner le surendettement du pays; le projet Inga 3 est profitable plutôt aux pays étrangers qu’aux nationaux ; les Communautés locales en particulier et la Société Civile en général ne sont pas impliquées dans la réalisation de ce projet; les études de faisabilité, y compris les études d’impacts sociaux et environnementaux ne sont pas encore menées jusqu’à ce jour », expliquent-elles dans une Déclaration lue mardi par le vice-président de la Convergence pour les droits et intérêts des communautés locales d’Inga (CODICLI), Albert Tona, à l’issue des travaux.
Les 50 participants à l’Atelier de développement organisationnel de la plate forme africaine des OSC sur les énergies, organisé par la CORAP, proposent au président Félix Tshisekedi « l’actualisation de la politique énergétique nationale », de « prendre en compte les potentialités et spécificités de chaque province dans le développement des projets alternatifs; allouer des moyens conséquents au ministère de l’Energie pour la mise en application de sa politique énergétique qui du reste est à actualiser; nommer de manière urgente les animateurs de l’Autorité de Régulation de l’Electricité, (ARE) et de l’Agence Nationale des services d’Electrification en milieu rural et périurbain, ANSER afin de mieux réguler le secteur ».
L’atelier, auquel ont participé des participants venus de provinces de la RD Congo et de pays africains, dont le Sénégal, la Guinée et l’Afrique du Sud sous la modération de Mme Madeleine Andeka, a consisté à poser les bases d’une plateforme africaine des OSC sur les énergies, partager la compréhension du nouveau format du Projet Inga 3 et les informations sur les avantages des énergies renouvelables, évaluer le parcours déjà réalisé dans le processus de la mise en œuvre de la plateforme, identifier les problèmes communs du secteur énergétique africain et les acteurs importants des autres sous régions à impliquer dans la plateforme, adopter les principes et les stratégies du fonctionnement de la plateforme et une feuille de route pour la suite ainsi qu’à mettre en place un comité de suivi de la feuille de route qui sera adoptée.
« Les résultats attendus sont la compréhension du nouveau format du Projet Inga 3 est partagée, les informations relatives aux avantages des énergies renouvelables sont partagées, le processus de la mise en place d’une plateforme africaine des OSC sur les énergies est évalué, les problèmes communs du secteur énergétique africain sont identifiés, les nouveaux acteurs des sous régions non encore impliqués sont identifié, les principes et stratégies du fonctionnement de la plateforme sont adoptés, une feuille de route pour la suite du processus est adoptée et la désignation d’un comité de suivi », a indiqué à congoreformes.com le coordonnateur de la Coalition des ONG de la société civile pour le suivi des réformes et de l’action publique (CORAP), Justin Mobomi coordonateur des programmes au CENADEP.
Les participants représentent la CORAP et ses alliés, le ministère de l’Energie et Ressources Hydrauliques, l’ADPI-RDC, la SNEL, la Banque Mondiale, la BAD, le PNUD, l’OSISA, la FEC, l’Ethiopie, la RSA,, notamment.
DECLARATION DES OSC SUR LA VISION DU CHEF DE L’ETAT SE FELIX- ANTOINE TSHISEKEDI DANS LE SECTEUR ENERGETIQUE
Nous, représentants des organisations de la Société Civile spécialisées dans le monitoring du secteur énergétique en République Démocratique du Congo réunies du lundi 18 au mardi 19 mars 2019 à Caritas Congo dans le cadre de l’Atelier de développement organisationnel de la plate forme africaine des OSC sur les énergies, organisé par la CORAP, avons analysé le discours programme du Chef de l’Etat, SE Félix-Antoine TSHISEKEDI prononcé lors de son investiture le 24 janvier 2019 et son programme d’urgence de ses 100 jours du 02 mars 2019 en rapport avec le secteur de l’énergie. De cette analyse, la Société
Civile:
Salue le vœu du Chef de l’Etat d’atteindre un taux de 50% d’accès des populations congolaises à l’énergie dans une décennie;
L’encourage à promouvoir les différentes sources d’énergies renouvelables disponibles dans le pays pour y arriver;
Lui demande de prendre en compte les propositions de la SC en ce qui concerne l’amélioration de la présente loi sur l’électricité;
L’Encourage à capitaliser et consolider le partenariat entre la SC et le Gouvernement dans la mise en œuvre de son programme énergétique.
Par rapport au Projet Inga 3, la SC est contre sa mise en œuvre:
1.La mauvaise gouvernance qui a caractérisé la gestion des projets Inga 1 et
2 a laissé une mauvaise expérience à la Société Civile;
2.Le coût élevé du projet risque d’occasionner le surendettement du pays;
3.Le projet Inga 3 est profitable plutôt aux pays étrangers qu’aux nationaux;
4.Le projet Inga 3 ne va pas résoudre la problématique du déficit énergétique de la RDC ;
5.Les Communautés locales en particulier et la Société Civile en général ne sont pas impliquées dans la réalisation de ce projet;
6.Les études de faisabilité, y compris les études d’impacts sociaux et environnementaux ne sont pas encore menées jusqu’à ce jour;
7.Le manque de transparence dans la gestion du projet parce que les mécanismes de recevabilité ne sont pas mis en place;
8.Le non-respect du principe du Consentement Libre Informé au Préalable
(CLIP) des communautés locales;
9.La non clarification des questions fiscales du projet.
De ce qui précède, la SC propose:
•L’actualisation de la politique énergétique nationale;
•De prendre en compte les potentialités et spécificités de chaque province dans le développement des projets alternatifs;
•Elaborer une loi spécifique sur les énergies renouvelables ;
•De mettre un accent particulier dans les projets d’électrification des milieux ruraux et périurbains ;
•Allouer des moyens conséquents au Ministère de l’Energie pour la mise en application de sa politique énergétique qui du reste est à actualiser;
•De nommer de manière urgente les animateurs de l’Autorité de Régulation de l’Electricité, (ARE) et de l’Agence Nationale des services d’Electrification en milieu rural et périurbain, ANSER afin de mieux réguler le secteur.
Fait à Kinshasa, le 19 mars 2019
Angelo Mobateli