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Procès Kamerhe : les témoignages de tous les enjeux

La quatrième audience du procès mettant aux prises Vital Kamerhe, Directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, Jeannot Muhima Ndoole, chargé du service import-export de la présidence de la République et Samih Jammal, Dg de Samibo Sarl, dans le cadre des projets des maisons préfabriquées du Programme d’urgence de 100 jours du chef de l’Etat, se poursuit jeudi 4 juin 2020 avec l’audition des témoins.

Outre les trois prévenus, pour la première fois depuis le début de ce procès, trois premiers témoins ont été auditionnés à l’audience foraine de mercredi 3 juin 2020 à la prison de Makala. Il s’agit de l’ancien ministre du Développement rural, Justin Bitakwira, George Koshi, Secrétaire Général au Développement rural, et Ngongo Salumu, Directeur Général a.i de la Direction Générale du Contrôle des Marchés Publics (DGCMP).

Cette troisième audience du procès dit de 100 jours s’est tenue avec un nouveau juge président, Pierrot Bankenge Mvita. Ce dernier succède à Raphaël Yanyi Ovungu, décédé de façon inopinée une semaine plus tôt, le 27 mai 2020.

Le greffier a lu à son intention, et ce trois heures durant, les procès-verbaux de deux précédentes audiences.

L’ARGUMENTAIRE DE BITAKWIRA

Le premier témoin à être convoqué à la barre est Justin Bitakwira, ancien ministre du Développement rural. C’est en fait lui qui avait signé, en 2018, le contrat initial avec la société Samibo SARL de l’homme d’affaires libanais, Samih Jammal.

Selon Justin Bitakwira, c’est un marché d’un montant de près de 27 millions de dollars pour 900 maisons préfabriquées, destinées à 9 provinces rd congolaises.

Le ministre honoraire du Développement rural ne nie pas avoir engagé le pays pour ce contrat. Il assume sa signature, tout en expliquant que le Gouvernement n’était pas en mesure de payer la première tranche de la facture à Samibo SARL, à cette époque. Bitakwira précise qu’il n’a pas pu suivre ce dossier, parce qu’il en avait été dessaisi par le Directeur de Cabinet du chef de l’Etat, Vital Kamerhe, via une correspondance officielle.

“Quand le président Félix Tshisekedi a été installé, Kamerhe avait paralysé notre gouvernement. On était devenus des spectateurs”, a-t-il indiqué devant la Cour.

Dans sa déposition, Justin Bitakwira essaye d’enfoncer un peu plus le directeur de cabinet de FATSHI en ajoutant qu’il n’était pas au courant du paiement de 57 millions de dollars à Samibo SARL. Ce montant, affirme Bitakwira, est loin de celui de près de 27 millions de dollars du contrat initial.

L’ancien patron du Développement rural ne reconnait pas la validité de l’avenant au contrat qui a permis ce paiement.Bitakwira semble conforté dans ses dires par la déclaration du troisième et dernier témoin du jour, Ngongo Salumu, Directeur général a.i de la Direction générale du contrôle des marchés publics.

Embouchant la même trompette, le Dg de la DGCMP soutient également que ce paiement a été fait sur la base d’un avenant qui n’était pas valide.On rappelle qu’à la deuxième audience du procès, la partie civile et le ministère public avaient soutenu qu’il n’y avait pas de contrat autour de ce marché qui a vu l’Etat débourser 57 millions de dollars.

UNE NOUVELLE CONFRONTATION JEUDI

Réagissant aux allégations de Bitakwira, Vital Kamerhe dit le contraire, affirmant qu’un contrat et un avenant ont été signés par le ministre honoraire du Développement rural.

Le Directeur de Cabinet de Fatshi a, pièce à l’appui, démonté l’affirmation de Bitakwira selon laquelle il avait été déchargé du suivi de ce dossier.

Dans cette affaire des maisons préfabriquées, le premier marché, dont un avenant au contrat avait été signé en avril 2019, prévoyait la construction de 1500 logements sociaux pour un coût de 57,5 millions USD.

Ces maisons préfabriquées en Turquie par Karbod devraient être acheminées, montées et livrées en RDC par les sociétés de Samih Jammal.

Les auditions des témoins et confrontations avec les prévenus ce jour seront très déterminantes pour la suite du procès. De quoi faire dire à certains observateurs que c’est un jeudi de tous les enjeux et dangers. Ça passe ou ça casse.

Où SE TROUVE LA RESPONSABILITE DES MINISTRES DE LA CHAINE FINANCIERE DU GOUVERNEMENT TSHIBALA REDUIT AUX SIMPLES EXECUTANTS?

Vu des analystes, le principal responsable dans cette affaire se trouve être la Présidence de la République qui a réduit les membres de ce Gouvernement aux simples exécutants, mieux spectateurs, dans l’exécution de ce programme d’urgence.

Les contradictions entendues hier au ” procès 100 jours ” dans la prison centrale de Makala soulèvent plusieurs inquiétudes quant aux contours réels de cette affaire opposant le directeur de cabinet du chef de l’Etat Vital Kamerhe et consorts au ministère public.

De l’avis de plusieurs analystes, la responsabilité du Gouvernement Tshibala ne se trouve pas engagée dans l’exécution de ce programme. Tant, ce gouvernement a été, durant la mise en œuvre de ce programme d’urgence, réduit au simple rôle d’exécutant. Et son chef de spectateur.

.” La chaîne financière du Gouvernement Tshibala étant réduite à jouer le rôle d’exécutant, moralité, la responsabilité incombe à la Présidence”, soutiennent ces analystes.

Ils pensent que le simple fait pour Félix Tshisekedi d’avoir vite fait de déposséder le Gouvernement Tshibala de ses prérogatives avant la mise en place de la nouvelle équipe rend la Présidence de la République responsable de la gestion du programme d’urgence de ” 100 jours “.

Ces analystes rappellent que les ministres du secteur économico-financier du Gouvernement Tshibala n’ont été que de simples exécutants dans ce programme d’urgence. Ils évoquent, pour étayer leur argumentaire, la lettre rappelant à tous les ministres de l’époque, qui déjà expediaient les affaires courantes, de n’effectuer aucune dépense sans se référer à la Présidence.

Déduction, la Présidence de la République semble elle-même avoir planté le décor de ce qui arrive aujourd’hui.C’est du reste dans cette brèche ” ministres expédiant les affaires courantes ” que s’est engouffré Justin Bitakwira à l’audience d’hier à la prison centrale de Makala.

Par Didier KEBONGO et Orly-Darel NGIAMBUKULU (FDA)

Oscar BISIMWA

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