Lors d’une audience de dix heures, le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi a affirmé jeudi 4 juin 2020 que le marché lié à la construction des maisons préfabriquées avait « été accordé sur instruction expresse du chef de l’État ».
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Commencée à 9h30 (8h30 GMT), la quatrième audience-marathon se poursuivait à 20 heures, jeudi 4 juin 2020, après une brève suspension. Accusé de détournement de fonds et incarcéré depuis début avril, Vital Kamerhe a vu défiler à la barre sa femme, Hamida Shatur, et la fille de celle-ci, Soraya Mpiana, née d’un précédent mariage avec le célèbre chanteur congolais JB Mpiana.
Nommé en janvier 2019, Vital Kamerhe, 61 ans, est poursuivi avec deux co-accusés pour le détournement présumé de 50 millions de dollars alloués à la construction de 1 500 maisons préfabriquées. Ce marché faisait partie du Programme des cent jours du nouveau président de la République Félix Tshisekedi, investi le 24 janvier 2019, a-t-il rappelé à plusieurs reprises. « Je ne peux pas prendre des responsabilités à l’insu du président de la République », s’est ainsi défendu le principal accusé. « Le marché a été accordé sur instruction expresse du chef de l’État », a-t-il affirmé.
Cadeaux de mariage
Le directeur de cabinet du président congolais comparaît avec le bénéficiaire de ce marché, l’entrepreneur libanais Jammal Samih, âgé de 78 ans. Outre le dossier principal de détournement, ce dernier est aussi interrogé sur un cadeau qu’il aurait fait à la belle-fille de Vital Kamerhe, Soraya, sous la forme d’un terrain immobilier au bord du fleuve Congo à Kinshasa. Tous deux affirment ne pas se connaître.
Pour sa part, Hamida Shatur a énuméré la liste des cadeaux de mariage lors de ses noces avec Vital Kamerhe, en février 2019 : plus de 800 000 dollars, 33 000 euros, 10 millions de francs CFA (15 000 euros) et quatre voitures neuves. « Je suis dans l’immobilier, j’ai un mari qui travaille, je gère un foyer, il gagne un salaire et des primes. Comment ne pas alimenter mon compte ? », a-t-elle lancé, mettant le tribunal au défi de trouver sur son compte « un transfert venant de je ne sais quelle planète ».
Lors de cette audience de plus de dix heures, le tribunal a aussi fait défiler les anciens ministres du Budget, des Finances et des Travaux publics, ainsi que le gouverneur de la Banque centrale du Congo. Tous ont indiqué avoir agi sur instruction du directeur de cabinet Kamerhe.
Nommés sous l’ancien président Joseph Kabila, les ministres sont restés en poste jusqu’en septembre 2019, après le changement de président. Investi en janvier 2019, Félix Tshisekedi n’a en effet constitué son propre gouvernement qu’en septembre 2019, en coalition avec son prédécesseur Joseph Kabila, qui contrôle toujours le Parlement.
Par Jeune Afrique/AFP