L’affluence des habitants de Matadi, au Kongo Central avoisinait celle qu’engendre les matches entre Real Madrid et Barcelone. Scotchés devant la télé, ils ont suivi avec beaucoup d’intérêts le procès Kamerhe.
A la place Bercy, des postes téléviseurs Bil of coast (bilokos, Ndlr) ont diffusés ce procès. De nombreux vendeurs, passants, etc foulant aux pieds la distanciation en ce moment de Covid-19 commentaient le procès dans tous les sens. Même dans plusieurs coins de la ville et dans des maisons.
L’engouement se justifie: Kamerhe est directeur de cabinet du président de la République, son allié dans la coalition Cap pour le changement (Cach) et président national de l’UNC. De l’autre côté, il y a la justice souvent critiquée mais qui veut lutter contre la corruption et démontrer qu’un vent nouveau souffle dans le pays.
Kamerhe apparaît avec une barbe blanche. Le Libanais Jammal Samih,83 ans, dirigeant de deux sociétés lui, paraissait malade. Le troisième Jeannot Muyima est chargé du service import et export à la présidence de la République. Il avait bonne mine.
»Je n’étais pas le seul superviseur »
Les nombreux téléspectateurs découvrent les griefs mis à leur charge.
Il est reproché au directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi, « l’attribution des marchés publics en violant la procédure légale et la malversation financière dans la gestion des fonds alloués au programme des 100 jours du chef de l’état, avoir accepté indirectement par l’intermédiaire de « Soraya Mpiana », sa belle fille, la cession d’une partie de 50 mètres sur les 100 de la concession appartenant à Jammal. » Le directeur de cabinet du chef de l’état aurait abusé de son influence réelle entant que superviseur dudit programme pour faire gagner à ce dernier sous le nom de ses sociétés Somibo SARL et Hsmal SARL, les marchés publics de l’achat et l’érection de 1500 maisons préfabriquées, selon le procureur général.
Le montant est de plus de 50 millions de dollars.
Aux questions du tribunal, le directeur de cabinet du chef de l’état a nié de connaître le commerçant libanais Jammal mais a affirmé connaître Jeannot de nom. »Je n’étais pas le seul superviseur. Je ne touche pas l’argent, je ne fais pas de transfert pour Jeannot. Chacun faisait son travail. Et moi, c’est le cahier des charges que je regarde ».
Prochaine audience le 25 mai
Le tribunal de grande instance de Kinshasa/Gombe a opté pour une remise à deux semaines dans le dossier de 100 jours.Cela suite à la demande des avocats de la défense qui n ont pas encore pris connaissance des pièces versées au dossier .
Les habitants sont restés sur leur soif. Ils attendent généreusement l’audience du 25 mai.
Par Carmel Liputa (IBC)