Par Oscar Bisimwa (www.congoreformes.com)
Dans une interview accordée à la rédaction de Congo Reformes, le Ministre honoraire de la Recherche Scientifique, Sylvanus Mushi Bonane a passé au peigne fin la situation politique qui prévaut en République démocratique du Congo ainsi que toutes les initiatives relatives au règlement de la crise. Du dialogue de la Cité de l’OUA à la nomination d’un nouveau Premier Ministre en passant par le dernier discours du Chef de l’État devant les deux chambres du parlement réunis en congrès, Sylvanus Mushi Bonane a tiré les leçons du comportement des acteurs politiques de l’opposition, de la majorité présidentielle et de la société civile. En un comme en mille mots, le Président et Porte-parole de l’Opposition Patriotique et Républicaine a noté des tergiversations tintées de mauvaise foi sur fond d’agendas cachés d’un côté et de la complaisance de l’autre. Au sujet de la nomination du nouveau Premier Ministre Bruno Tshibala, ce Professeur de Droit aux Universités congolaises estime que le Président de la République a levé l’option de se fonder sur ses prérogatives constitutionnelles de chef de l’État, foulant aux pieds les accords de la cité de l’OUA et du centre interdiocésain. Car, affirme-t-il, cette action du Chef de l’État pèche par l’absence du consensus au sein de la classe politique. « Si le Président savait qu’il ne tiendrait pas compte des accords, pourquoi a-t-il convoqué ces dialogues qui ont beaucoup coûté au pays en terme de temps et de finances? » S’interroge l’ancien Ministre de la Recherche scientifique.
*Kabila pourrait se représenter à l’élection présidentielle*
En scientifique averti, Mushi Bonane trouve une explication à toutes les manœuvres visant à retarder la tenue des élections, manœuvres orchestrées par le pouvoir en place et facilitées par une certaine opposition inconsciente. A l’en croire, à ce rythme des pourparlers qui n’en finissent pas, et des conventions dont l’application se fait attendre, les élections seront carrément renvoyées au calendes Gracques. Ainsi, poursuit-il, le Président Kabila pourra consommer un mandat flottant ou de fait. « En conséquence il pourrait se représenter à l’élection présidentielle, sous prétexte d’une transition après ses deux mandats constitutionnels. Le débat qui en découlera finira à la cour constitutionnelle pour interprétation », craint-il.
Le Professeur Mushi Bonane interpelle tous les acteurs politiques, ses collègues de l’opposition en particulier à prendre conscience des enjeux du moment si l’on veut conduire le pays vers son destin de grandeur dans la paix démocratie.