
Bob Bobutaka, professeur des universités (Unikin, UPN, ISS, etc.) et spécialiste des Sciences de l’Information et de la Communication ( SIC), nsiste beaucoup sur le rôle majeur et pratique des archives pour un pays. « C’est non seulement pour étudier le passé, mais elles font partie de l’héritage de tous et forment le patrimoine et l’identité d’un pays et ses habitants. Elles permettent également de documenter les témoins de nos civilisations (œuvres d’art, culturelles ou architecturales)… », a appuyé ce 1er docteur en SIC de l’Unikin.
Face à la gamme de rôles que jouent les archives dans une société, notamment l’enracinement et le développement des communautés civilisées, la recherche et l’éducation, l’affermissant des identités, le loisir, etc., le professeur Bobutaka n’a pas caché son amertume, ses regrets et sa colère face à la non-prise en compte de ce domaine en RDC.

Pour lui, en effet, la gestion mémorielle doit être une priorité et une préoccupation permanente de l’Etat. » Notre pays, la RDC, souffre notamment à cause du déficit dans la gestion de la mémoire. Nous avons tout dans ce pays mais ce qui nous manques c’est la mémoire ». Aussi, rappelle-t-il les propos d’un des pères de l’Indépendance congolaise, Justin-Marie Bomboko, lors des préparatifs du Cinquantenaire de la RDC : » Notre pays est presque mourant tout simplement par ce que nos archives ne sont pas prises en compte ».
Il faudrait que l’État congolais s’implique dans la gestion des archives aussi bien écrites, numériques qu’audiovisuelles, a-t-il conclu.
Les archives ne sont pas égales à l’histoire
Toujours lors de cet entretien, le professeur Bob Bobutaka est revenu sur la question du lien que l’opinion fait automatiquement entre archives et histoire. Pour lui, cela est dû à l’approche francophone du terme alors que du côté anglophone, ce niveau est déjà dépassé. Il soutient son avis en ce terme : « ce problème est lié à l’environnement francophone, quand on parle des archives on voit automatiquement le côté historiographique. Non les archives ne sont pas liées à l’histoire ».
Le professeur Bobutaka renchérit que dans les pays anglophones, la question a été élaguée grâce à la » record management » qu’il explique en ce terme : » chaque jour à tout moment, au bureau et partout, nous produisons les archives à travers les documents de chaque jour… » . Ainsi, préconise-t-il, une approche managériale dans la compréhension des archives.
Les archives sont l’expression de l’État
Revenant sur l’importance des archives d’État, il estime que la responsabilité de nos dirigeants n’est pas seulement politique mais aussi archivistique. : « les archives sont l’expression d’un État. Tout ce que les hommes politiques font, ils les font au nom de l’État à travers leurs signatures dans divers secteurs de la vie nationale, dans leurs institutions gouvernementales respectives… ».
Il poursuit en soutenant : » qu’on ne peut pas avoir un état de droit, une bonne administration de la justice sans archives, car même si notre justice ne fonctionne pas sous l’aspect de la justice prudentielle, cependant le juge a besoin des archives pour appuyer les décisions des juges ».
Né le 16 août 1964 à Kinshasa, ressortissant de Bolobo, Bob Bobutaka est auteur de plusieurs études, parmi lesquelles, « Étude critique de la gestion de l’information et de la communication des Institutions bibliologiques nationales de conservation ; cas des Archives nationales et de la Bibliothèque nationale du Congo », 2011, et des ouvrages scientifiques dont «Archivistique, Bibliothéconomie, Documentation et Légistique : discipline de la Bibliologie», Paris, L’Harmattan, 2015, 315 pages. Il a rédigé une vingtaine d’articles scientifiques. Il est enseignant visiteur au département des SIC à la Faculté des lettres et sciences humaines de l’Unikin et à l’Institut supérieur de statistique à Kinshasa.
Expert du Pnud rattaché à la Primature en charge de la communication administrative et conservation de la mémoire institutionnelle (2008-2009), il a été documentaliste responsable des Centres d’information du public de la Banque mondiale de l’Afrique centrale francophone depuis juillet 2007.
David Mukendi/ Congoprofond.net