Les Etats-Unis ont menacé mardi 11 juillet 2017 la République démocratique du Congo (RDC) de sanctions si les élections ne se déroulaient pas comme prévu cette année et ont exhorté le Conseil de sécurité des Nations unies à punir les responsables des violences.
Un accord conclu l’année dernière, soutenu par le Conseil de sécurité, autorise le président Joseph Kabila à rester au pouvoir au-delà de son mandat –achevé le 20 décembre 2016– jusqu’à la tenue d’élections d’ici fin 2017.
Mais l’inquiétude grandit sur un possible effondrement de cet accord après les propos du chef de la commission électorale qui a déclaré la semaine dernière que le vote n’aurait probablement pas lieu cette année.
« Les retards sur les élections ne peuvent pas continuer », a déclaré l’ambassadrice américaine adjointe Michele Sison lors d’une réunion du Conseil sur la crise en RDC.
« La communauté internationale doit prendre les devants et intensifier la pression non seulement sur le président Kabila et son gouvernement, mais aussi sur la commission électorale nationale indépendante », a-t-elle déclaré.
La diplomate américaine a exigé que cette commission publie « immédiatement » un calendrier électoral et spécifie précisément une date pour l’élection présidentielle censée mettre en place la première transition démocratique du pouvoir en RDC.
Les Etats-Unis et l’Union européenne ont imposé des sanctions contre plusieurs responsables proches du président Kabila pour les retards dans l’organisation des élections et les violations des droits de l’homme, en particulier dans la région du Kasaï.
« Nous sommes prêts à prendre des mesures supplémentaires pour sanctionner ceux qui tentent d’entraver la première transition démocratique en RDC », a martelé Mme Sison.
« Le Conseil de sécurité devrait également envisager des sanctions ciblées pour réduire la violence en RDC et aider à faire pression sur toutes les parties pour qu’elles jouent un rôle plus constructif dans l’avancée du pays », a-t-elle ajouté.
La France et le Royaume-Uni ont également demandé l’annonce d’une date pour l’élection présidentielle et souligné qu’il n’y avait pas d’alternative à l’accord du 31 décembre 2016 pour mettre fin à la crise politique.
Le chef des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, a dénoncé devant le Conseil l’aggravation de la violence et cité « des informations inquiétantes concernant des exécutions sommaires et des viols, y compris de civils par les forces de sécurité » et l’existence « de dizaines de fosses communes » dans la province de Kasaï.
L’opposition préconise une transition de six mois sans Kabila
La principale coalition d’opposition congolaise a préconisé mardi à Kinshasa l’organisation d’une « transition de six mois » sans le chef de l’Etat Joseph Kabila en 2018, si la présidentielle n’est pas organisée au plus tard le 31 décembre 2017 en République démocratique du Congo.
« Lorsque nous constaterons au 31 décembre 2017, qu’il n’y a pas eu de présidentielle, nous organiserons une courte transition de six mois maximum sans Joseph Kabila », a déclaré Félix Tshisekedi, président du Rassemblement de l’opposition, la coalition créée par son père, l’opposant historique défunt Étienne Tshisekedi, dans un meeting.
« Nous désignerons par consensus une personnalité comme président de la transition (…) mais qui ne peut être candidat à la présidentielle pour conduire le pays aux élections crédibles », a ajouté M. Tshisekedi.
- Tshisekedi a accusé le chef de l’État d’être l’instigateur de l’insécurité (dans le centre et l’est du pays, en proie aux violences meurtrières) en vue de ne pas organiser les élections et de prendre ces événements malheureux comme prétexte pour être sollicité de « jouer au sapeur-pompier ».
La RDC traverse une crise politique profonde, aggravée par le maintien au pouvoir de M. Kabila qui reste en fonction en vertu d’une décision controversée de la Cour constitutionnelle entérinée par l’accord du 31 décembre 2016 signé entre la majorité et l’opposition.
Ce compromis prévoit l’organisation de la présidentielle, des législatives et des élections locales avant la fin 2017. Âgé de 46 ans, M. Kabila est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter.
Vendredi 7 juillet 2017 à Paris, le président de la commission chargée d’organiser ces scrutins a annoncé le report sine die de ces élections.
Ce jour-là, dans un tweet, M. Tshisekedi avait estimé que « Corneille Nangaa a déclaré la guerre au peuple congolais, par sa déclaration prouvant son appartenance à la Kabilie (la mouvance présidentielle) ».
Le Rassemblement regroupe la majeure partie de l’opposition constitué autour de l’Union pour la démocratie et de progrès social (UDPS, parti fondé par Étienne Tshisekedi). Depuis sa mort en février, le Rassemblement a connu plusieurs défections et divisions.
AFP/CR